Chapitre 44 : Insoumise reddition

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À genoux, Lorelaï regardait impuissante cet homme qui avait été son premier amour s'éloigner inéluctablement d'elle. Chaque pas qu'il faisait les séparant de plus en plus l'un de l'autre, ajoutait un poids invisible et pourtant écrasant sur les épaules de la jeune femme, enserrant son cœur, étouffant son âme encore davantage. Les bruits de la ville s'étaient estompés dans le lointain, et le silence ambiant renforçait la solitude de Lorelaï. Ses mains tremblaient légèrement, son instinct lui criant de courir vers lui, de le retenir, mais elle savait que c'était inutile. Les mots,  de toutes manières probablement vains et inefficaces, restaient coincés dans sa gorge nouée par la culpabilité.

Des larmes embuèrent ses yeux alors qu'elle le voyait s'en aller, sa silhouette de plus en plus floue dans la pénombre croissante. Les derniers rayons du soleil couchant teintaient le ciel d'une palette de couleurs chaudes, donnant une ambiance mélancolique à cette scène déchirante. Le souvenir des instants partagés ensemble affluait dans son esprit, une danse d'images douces-amères qui la faisait vaciller. Elle se rappelait leurs rires complices, leurs regards échangés qui parlaient plus que les mots, leurs mains entrelacées qui semblaient promettre une éternité qui lui était dorénavant refusée. Tout cela était désormais un rêve lointain, un château de cartes qui venait de s'effondrer. Leur passé commun, les moments heureux qu'ils avaient partagés, tout s'effritait à chaque pas qu'Ethan faisait. Ils disparaissaient tels des mirages dont il ne restait aujourd'hui plus que poussière. 

Elle se sentait perdue, déchirée entre ce qu'elle avait été et ce qu'elle était devenue, nostalgique d'un passé irrémédiablement révolu. Pire encore elle se sentait vide, à un point tel qu'elle avait l'impression qu'Ethan avait emportée une partie d'elle avec lui, la laissant à présent incomplète. Sa poitrine était oppressée par cette sensation de rejet, comme si tout ce qu'elle avait connu jusque-là venait de lui être arraché. Un trou béant s'était formé à l'intérieur d'elle, une douleur lancinante qui paraissant impossible à apaiser. Le chagrin était si puissant qu'il lui coupait le souffle, lui donnant l'impression d'être submergée par une mer de désespoir.

Dans cet instant, l'obscurité grandissante de la nuit reflétait la noirceur de son cœur en lambeau. Elle se sentait telle une étoile éteinte dans l'immensité du ciel sombre, privée à jamais de sa lumière et de sa chaleur. La solitude qui l'enserrait était écrasante, altérant profondément sa perception du monde qui l'entourait. Désormais, tout semblait se draper d'une teinte monochrome et triste, les couleurs autrefois éclatantes s'effaçant progressivement, laissant place à un univers terne et insipide.

Les rues maintenant désertes apparaissait telles le miroir de son âme meurtrie, délaissées et abandonnées par la joie et la vivacité qui les animaient autrefois.

Lorelaï aurait tant voulu crier, libérer toute cette peine qui la tourmentait, mais sa voix se perdait dans le silence, étouffée par l'intensité des émotions qui l'habitaient. Elle éprouvait un sentiment de profonde vulnérabilité, son être semblait à nu, exposé sans défense à la cruauté du destin. Les astres scintillants du ciel paraissaient lointains, comme si ils avaient déserté son firmament intérieur, emportant avec eux toute l'insouciance et l'espoir qui l'avaient habitée autrefois.

Ses mains se crispèrent sur le sol, cherchant désespérément une prise sur la réalité qui lui échappait. Le monde autour d'elle continuait de tourner, indifférent à sa douleur, alors qu'elle se trouvait immobile, prisonnière de son chagrin. Les sentiments déferlaient en vagues successives, emplissant son esprit de souvenirs douloureux et de regrets. Le futur qui s'étendait devant elle était soudain si incertain, une toile vierge où tout était à reconstruire. Mais pour l'instant, elle était là, à genoux, cherchant dans les ténèbres une lueur d'espoir qui tardait à venir.

Au cœur des ténèbresWhere stories live. Discover now