6. Réveil brutal

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Je me suis réveillée en retard, comme d'habitude, l'esprit embrumé. Je n'ai pas pu prendre de petit-déjeuner, autrement je raterais le début du cours.

 Il a plu, la nuit dernière. Heureusement, à l'aube, ça s'est arrêté, mais de grosses gouttes pendent encore sous les auvents des magasins et sur chaque feuille de l'arbre divin. 

Alors je presse mes papiers contre mon torse dans l'espoir de les protéger. Peine perdue ; je me prive de mes mains, et quand les pavés trempés défilent sous mes pieds, je perds l'équilibre et m'étale en pleine rue.

 J'observe mes cours descendre doucement jusqu'au sol, allant se reposer dans une flaque d'eau. Hm. Ce sera compliqué de venir en cours sans feuilles... Je me sens un peu étrange aujourd'hui. J'ai l'impression d'oublier quelque chose... Mais ce n'est probablement pas important. 

J'ai bien envie de rester par terre quelques instants. Mais les regards des passants matinaux m'ont poussée à me relever. Et si je n'allais pas à l'Académie, aujourd'hui ? 

Bah, ce n'est pas comme si j'avais le choix ; je suis trempée et je n'ai pas de matériel... Je vais en profiter pour rentrer et refaire mes cours, qui barbotaient dans la flaque depuis bientôt une dizaine de minutes. 

En rentrant chez moi, j'ai voulu me mettre au travail ; mais je me suis rendue compte que je ne me souviens plus de ce que j'ai vu en cours, hier. Ni même, de ma journée en général. Et avant-hier, c'était le Festival Sabzereuz, mais je ne me souviens pas non plus de ce que j'y ai fait...

 Hmm... Tout compte fait, je vais essayer de déchiffrer ce qui reste de mes cours. Même si l'encre a bavé sur la plupart de la feuille, on en distingue la majorité. Et par endroits, il y a des remarques faites d'une écriture qui n'est pas la mienne. Ce n'est pas une écriture très jolie, mais elle est claire et sans faute. Mais je n'arrive pas à l'identifier...? 

Et comme des rouages qui s'enclenchent l'un l'autre, je me suis souvenue de son nom, d'hier et d'avant-hier, de la réalité comme du rêve. Tous ces instants sont repassés dans ma tête au ralenti, clairs comme de l'eau de roche.

Les gens de Sumeru ne rêvent pas.

Voilà la première chose à laquelle j'ai pensé en ouvrant les yeux.

Alors ceci ne devrait pas être un rêve...Comment tout cela peut-il exister, si je rêve ? Je ne me souviens plus comment c'est un rêve... alors peut-être que c'en est un ? Comment pourrais je affirmer le contraire ?

 Pourtant, l'air ici est légèrement embrumé, mes mouvements sont un peu lourds, mes os ont froid mais ma tête a chaud, tout est flou et précis à la fois...

Alors...ça ne peut pas être réel. Tout ceci est déjà arrivé, j'ai déjà vécu ces années ci. Est-ce une illusion ? C'est bien trop précis pour être naturel... Quelqu'un m'aurait fait ça ? Pourquoi ? Est-ce que le temps se déroule différemment ici ? Est-ce l'œuvre d'un donjon ?

Du calme. Je dois me concentrer, une fois de plus. Il va me falloir retrouver la rigueur que les années me doivent.

Je ne suis sûre que d'une chose ; je ne suis pas dans la réalité.

J'ai 2 pistes : rêve ou illusion. Il va falloir que je me renseigne sur ces sujets.

Vraisemblablement, m'endormir ici m'a fait oublier mes réflexions passées. Le temps est donc contre moi ; qui sait combien de temps avant que je n'oublie tout à nouveau ?  

A la bibliothèque, j'ai cherché les livres relatifs aux illusions et aux drogues pouvant les causer, mais aucune ne ressemble à ce que je subis.

Je commençais à chercher sur les rêves, quand une voix familière me héla par-derrière.

C'était Dahlia.

J'essaie de l'ignorer, mais elle se rapproche et commence à me parler.

"Salut T/p ! Ça va mieux ?? Pourquoi tu n'es pas restée chez toi ? Ne me dis pas que tu es venue étudier ! C'est à cause de ça que tu es toujours-"

Ah, oui. Hier j'avais prétexté que j'avais enchaîné trop de nuits blanches et que j'allais rentrer me reposer.

Je pourrais l'ignorer, en soi, puisque tout ceci n'est pas réel, mais je n'ai pas le cœur d'être méchante avec elle, puisque je n'aurai pas l'occasion de la retrouver plus tard. Mais la voir avancer comme avant... ça me fait trop mal. Il vaut mieux que je parte.

"Ah, non ne t'inquiète pas, mais je... comme je me sens encore un peu patraque aujourd'hui, j'ai pris rendez-vous chez le médecin, et en attendant je suis venue bouquiner un peu", ai-je dit en cachant les titres de mes livres.

Heureusement, le planning d'un étudiant est serré, et sa pause étant bientôt terminée elle est repartie assez vite.

Les puissants rayons du soleil de midi donnaient à la bibliothèque vitrée l'impression d'être dans une fournaise, alors j'ai pris mes livres et je suis sortie juste après elle.

Je n'ai trouvé que deux livres sur les rêves avant que Dahlia ne m'interrompe, le premier, intitulé : "Etude du fonctionnement des rêves dans d'autres nations. ".

Le deuxième pris dans la panique, est un livre pour enfants, nommé : "Je ne veux plus me réveiller !"

Un bon chercheur sait travailler avec ce qu'il a sous la main...mais je doute en tirer grand-chose.

Le premier des deux livres m'apprit entre autres que l'Archon Dendro était aussi considéré comme Dieu des rêves. Cela ouvrait une piste : est-ce que tout ceci était l'œuvre de notre Archon ? Mais ça n'aurait pas vraiment de sens...

Mis à part ça, il n'y avait rien d'intéressant, sinon une liste de rêves communs ; tomber dans le vide, se retrouver seul, être poursuivi... on dirait plutôt des cauchemars.

Le livre pour enfants, lui, conte l'histoire d'un petit garçon qui n'avait pas beaucoup d'amis, et se retrouve de facto souvent seul. Il préfère dormir, car quand il dort il rêve, et dans ses rêves il a plein d'amis. Alors qu'il jouait seul près d'une rivière, il sauve une abeille de la noyade, qui d'avère être une fée. Celle-ci lui accorde un vœu pour le remercier.

Le garçon souhaite être plongé dans un rêve pour toujours. Ainsi, il est heureux au début, mais dans la réalité, son corps dépérit ; il a beau manger les mets les plus fins dans ses rêves, il a toujours aussi faim ; il a beau boire toute l'eau du monde des rêves, sa bouche est toujours aussi sèche, et peu importe le matelas, il ne peut pas s'endormir et traîne avec fatigue.

Il supplie la fée de le laisser se réveiller, il apprend sa leçon, à son réveil, tout son village s'est inquiété, il se fait des amis, ils vécurent heureux et bla bla bla.

Ce qui m'intéresse dans ce livre, ce sont les méthodes utilisées pour tenter de se réveiller. Le livres ont beau être pour des enfants, ce sont des adultes qui les ont écrits, après tout.

D'une part, il court très très loin, pour tenter de sortir du rêve ; mais le rêve est magique, alors il est illimité. Solution plausible ; un rêve d'une telle précision ne devrait pas être capable de générer tout Teyvat.

D'autre part, le garçon se lave avec de l'eau très froide, ou tente de s'assommer avec un râteau. Il est apparemment de bon sens que la douleur permet de se réveiller d'un rêve.

Je vais maximiser mes chances. Au nord de Sumeru, il y a un lac bordé par des falaises.

 Il me suffit d'en sauter. Au pire, je ne devrais pas mourir, non ?

𝐸𝓃𝓉𝓇𝑒 𝓇ê𝓋𝑒 𝑒𝓉 𝓇é𝒶𝓁𝒾𝓉é [[Fanfic Alhaitham x Reader]]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant