12. Minuit

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Après avoir découvert ces livres sûrement clé pour notre échappatoire, nous nous sommes mis d'accord pour en trouver d'autres ; si Alhaitham ou moi les avons lus, nous pouvons retourner la censure contre notre geôlier.

Mais si c'était si facile, nous serions hors d'ici depuis longtemps.

Alhaitham, perché sur une échelle, cherche dans les plus hautes étagères, tandis que moi, je fais le tour des étagères du bas.

Bien que les faux livres soient faciles à repérer, j'ai beau faire le tour de la bibliothèque en boucle, je n'en trouve aucun... et au vu de la moue ennuyée qu'il fait en redescendant, il n'a rien trouvé non plus.
Évidemment que ça ne serait pas facile. La bibliothèque est grande, et compte beaucoup d'annexes ; nous n'avons encore exploré que l'aile principale. Mais avec un peu de chance, les livres censurés se trouvent tous dans la même zone ; suffit de trouver laquelle.

Le seul hic, c'est que la plupart de ces annexes se trouvent en dessous ; c'est à dire la ou le gardien assommé risque à tout moment de se réveiller.
Idée qui n'a pas l'air d'inquiéter Alhaitham ; moi je suis sur le qui vive, et au moindre son je sursaute, et lui l'homme le plus imperturbable du monde.

Nous avons ensuite cherché dans les ailes est et ouest du bâtiment, grâce aux clés du doyen, mais c'était beaucoup de peine pour pas grand chose, puisqu'il n'y avait pas un seul livre que nous cherchions parmi les quelques milliers de livres présents.

Nous étions arrivés tôt le soir, et il est maintenant minuit ; nous sommes retournés dans la salle principale, où l'immense horloge sonne ses 12 coups.

"Devrait-on descendre ? Le gardien s'est sûrement réveillé depuis..." ai-je demandé

-Non ; je doute qu'on trouve quoi que ce soit d'intéressant là-bas de plus que les autres ailes... Mais il y a bien un endroit qui vaut la peine d'etre-
Alhaitham s'interrompt, et derrière sa voix, j'entends des bruits au-dehors.
Rapidement, il m'attrappe par le poignet et me plaque contre un mur.

BAM

Les portes de la bibliothèque s'ouvrent en grand, laissant entrer un groupe de matras, avec à leur tête, le gardien affolé, un bandage autour du crâne. Des cris, des ordres fusent.

Mon cœur bat à toute vitesse au rythme des pas alarmants des matras. Je n'arrive plus à respirer, je panique et j'hyperventile ; que faire, que faire ? Bon sang, c'est vraiment pas le moment de faire une crise d'angoisse...
Même Alhaitham, au dessus de moi, est alerte. Il a l'air calme comme ça, mais je le sens ; sa posture est toujours immobile, mais cette fois ci il est rigide, à l'affût, les muscles bandés. Je sens son souffle profond caresser mon visage. Vraiment, ça ne m'aide pas à me calmer, et mon cœur ne bat que plus fort.

Allons, je ne suis plus une enfant. J'ai appris à surmonter ça.

Inspire, Expire.
1,2, 3,  pince doucement tes doigts,
Inspire,Expire.
4,5,6...les matras arrivent
Inspire, expire,
7,8,9...je n'y arrive plus
Inspire, expire,
10,11,12, je ne respire plus

Ça ne marche pas. Mes doigts sont blancs de les avoir tant malmenés. Ce n'est qu'une question de minutes avant qu'on ne nous trouve, de secondes si je ne n'arrête pas d'hyperventiler.

Et soudainement, je sens une main prendre la mienne. C'est lui.
Il la regarde, concentré, et trace des lettres dans le creux de ma main.

"Calme-toi. Respire. Il vont nous trouver"

Je n'aurais pas espéré de meilleurs mots de confort de la part d'Alhaitham ; dire à quelqu'un de se calmer ne l'aide en aucun cas à le faire. Je lui jette un regard furieux depuis la pénombre.
Mais je crois que les matras descendent au sous-sol ; je les entends de moins en moins.
Nous ne sommes pourtant pas encore tirés d'affaire, alors dans le silence de la grande salle, je pose mon autre main sur la bouche pour qu'ils ne m'entendent pas paniquer.

Il a du le percevoir aussi ; ses épaules s'affaissent, et il prend doucement mes deux mains dans les siennes.

Mes doigts contre les siens, j'en sens la chaleur émaner. Timide, hésitante, mais brûlante ; je repose mes doigts sur sa peau.
Il resserre ses doigts sur ma peau, doucement mais sûrement, et je sens toute la force physique cachée en lui, canalisée, maîtrisée, sortir au bout de ses doigts. Sa main est douce, mais je ne m'y trompe pas ; les petites bosses de corne sur le bout de ses doigts témoignent du maniement d'une arme,une épée sans doute.

Il place son pouce sur le dos de ma main et y fait des petits ronds irréguliers.
Il est concentré sur sa tâche maladroite, et il rencontré quelques difficultés entre mes phalanges et mes veines, mais il s'applique. C'en est presque mignon.
Toute la chaleur qu'il transporte dans ses mains semble me remplir le corps. Je me sens mieux, calme et reposée.
Il finit en traçant dans ma main :

"Est-ce que tu te sens mieux ?"
Et je hoche la tête.

Il vérifie si la voie est libre, et me fait signe de le suivre.

Je me sens bien calme, et moins paniquée. Mais mon cœur bat, à m'en rompre la poitrine ; si ce n'est autant, alors au moins deux fois plus fort qu'avant.

𝐸𝓃𝓉𝓇𝑒 𝓇ê𝓋𝑒 𝑒𝓉 𝓇é𝒶𝓁𝒾𝓉é [[Fanfic Alhaitham x Reader]]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant