17. S'échapper

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Je n'ai rien à perdre.
Je me réveille à nouveau dans cette boucle infernale, mais je sais quoi faire, cette fois-ci.
Je sors en trombe de chez moi, mais je ne peux pas aller loin.
Dahlia se tient sur mon passage.
Elle m'appelle, s'approche, et discute gaiement.
Ça me brise le cœur, mais je dois l'ignorer. Une fois dans le monde réel, je jure de trouver celui qui ose ainsi souiller sa mémoire.

Mais quelque chose cloche, dans la ville ; peu importe où je vais, la foule est dense et bloque le passage. La ville de Sumeru est pourtant immense, et depuis le temps je la connais bien, mais rien à faire, je me retrouve toujours au même point. Impossible d'avancer.
Ce n'est pas normal.

Des foules entières, denses, impossible de le traverser. Les gens ont quelque chose d'étrange aussi : leurs visages ont quelque chose d'artificel, de surréel, comme une personne mal faite, inidentifiable, jamais les mêmes et pourtant tous unis dans le même mouvement.

Le rêve perd sa consistance, se concentre dans le centre ville de Sumeru. Ils veulent me garder ici, m'empêcher de partir.
C'est une bonne chose. Ça veut dire qu'il est possible de partir.
Mais je ne vois pas comment... Les gens sont tout autour à présent, ne me laissant qu'une clairière de quelques mètres dans cette marée humaine.

"T/p ? Où est ce que tu vas ?"

Une vois douloureusement familière m'appelle par derrière.
Elle est morte.
Je ne me retourne pas.
Il faut que je parte d'ici..

"Allez viens, on est déjà en retard en cours !"

Une phrase que j'ai déjà entendu mille fois, même intonation, même rythme, même émotion, mais je ne l'entendrai plus jamais.
Il ne faut pas que je me retourne, mais je ne vois aucune issue devant moi.

"Je sais que t'es démoralisée par le cours, mais au fond c'est pareil pour tout le monde ! Il suffit de s'accrocher et tout va bien se passer !"

Mon dieu, que c'est dur.
Je sais ce qu'elle va dire. Elle le disait tout le temps.

"Et tu verras, en deux temps trois mouvements, on sera en fin d'études a jeter nos toques en l'air ! Et on pourra faire-

Je ne tiens plus. Je me retourne.
Elle s'arrête de parler, ravie, avant de déchanter.
Elle ne pensait sûrement pas voir sur mes traits deformés par la colère.
Je vois tout maintenant.
Je sais quoi faire.

"Qui t'a donné le droit de profaner sa mémoire comme ça ?"
Ma voix tremble. Je sens les larmes monter. Mais j'avance vers elle, pas par pas.

"Qui t'a donné le droit de bafouer,
son être,
son corps,
son histoire,
et son rêve
?

Dis-moi,
Qui es-tu pour prendre ainsi la parole pour elle ?"

Elle eut un mouvement de recul a chaque pas. Je ne suis plus qu'à quelques centimètres d'elle.

"De quoi tu parles ? C'est moi ! Allez, arrête de raconter n'importe quoi, on est en retard !"

Je lui passe devant, calmement. J'avance vers la barrière derrière elle, me séparant du vide.
Dieu merci, je suis au bon endroit. L'eau m'attend en bas.
Je la toise une dernière fois.

"Qu'est ce que tu fais ? Hé- s'il te plaît, ne- ne t'en va pas !"

"Ne me laisse pas, s'il te plaît- reste, ne pars pas, laisse nous- laisse-moi réaliser mon rêve !"

"Hé, écoute-moi ! Attends, pitié, écoute-moi, alors- je suis désolée d'accord, de t'avoir fait venir ici, je- je suis morte, physiquement, oui, mais je- les ruines sont complexes et j'ai réussi à survivre en quelque sorte... J'ai voulu vivre tout ce que je n'avais pas pu faire, alors j'ai voulu revivre ces moments avec toi.. tout était si simple avant l'accident...

Et j'étais heureuse, ici tu vois ? Je suis déjà morte, je le sais bien. Rien de ce que je pourrai faire ne changera ça, alors je voulais juste être avec toi... Ne t'en va pas, s'il te plaît, ne me laisse pas, je suis désolée... Juste, laisse moi encore un peu de temps, je t'en suppl-

-Garde ta salive. Tu me débectes. Non seulement tu portes la peau des mortes, mais aussi tu violes toute l'oeuvre de leur vie ? Ne parle plus."

Je regarde en bas, je tente de déterminer le meilleur point pour atterrir.
Même dans l'eau personne ne pourrait survivre d'une telle hauteur, mais si mon hypothèse est correcte, alors ça devrait aller.

Je passe de l'autre côté de la barrière, mais quelqu'un m'attrappe le bras.
C'est encore Dahlia. Elle devenait hystérique.

"Ne peux tu pas juste faire ça pour moi ? J'ai déjà tout perdu, reste un peu encore avec moi ! Ne pars pas, par pitié !"

J'attrappe son avant bras.

"Si tu étais la vraie Dahlia,

tu m'aurais déjà poussée."

Je me dégage de son emprise, et bascule dans le vide.

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⏰ Last updated: Jan 22 ⏰

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𝐸𝓃𝓉𝓇𝑒 𝓇ê𝓋𝑒 𝑒𝓉 𝓇é𝒶𝓁𝒾𝓉é [[Fanfic Alhaitham x Reader]]Where stories live. Discover now