25・ Liam Morin

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Je tenais le coup. Après tout, personne ne me laissait le choix, pas vrai ?

S'il y avait un espoir, une fenêtre qui illuminait de ses rayons cette maison devenue trop assombrie, alors j'y croyait.

– Qu'est-ce que j'ai fait de mes clés ? Se questionna ma mère en fronçant les sourcils.

J'y crois.

– Aric ? Tu sais où sont mes clés ?

Je ravalai ma salive, la boule dans ma gorge était omniprésente, elle me gênait.
Alors je la regarde. Je plonge mes yeux dans les siens, bruns et sérieux, et appréhende la suite.

Elle n'a seulement que deux ou trois rides, mais le destin à voulu écourter son bonheur, et je suis obligée de l'accompagner dans cette ruelle sombre.

– Maman... C'est Liam. Tu es divorcée d'Aric depuis longtemps.

J'avais l'impression de parler à un enfant de sept ans, avec une voix chargée d'envie de lui faire comprendre dans quel monde il mettait les pieds.

Sauf que de base, c'était à elle d'avoir ce rôle, et non à moi.

– Quoi ? N'importe quoi, arrête ce n'est pas le moment, s'empresse-t-elle de répondre, survoltée.

C'est ma mère. Et je me devais de l'aider.

Je la suivis à travers la maison, respirant difficilement. Ça recommençait.

– Maman... Regarde-moi. Je suis ton fils, Liam, tu sais...

Je ne termine pas ma phrase. La boule dans ma gorge m'interdisait de tenter de blaguer, au risque d'éclater en pluie humide sur mon visage. Pourtant, l'intention était bonne, détendre l'atmosphère, être moi.

– Arrête ça, je reconnais ta voix je ne suis pas idiote, dépêche-toi, commence-t-elle à paniquer.

J'étais habitué pourtant, alors pourquoi mes yeux étaient rougis à chaque fois que je lui adressais la parole ? Ça faisait un mal de chien, à force.

– S'il te plaît, assied toi maintenant, j'ai appris une nouvelle recette, tu vas aimer. Tu n'as pas assez dormi et...

– J'ai un fils ?

Tout mon corps se bloque en une fraction de secondes, figé sous son regard interrogateur. J'étais incapable d'émettre le moindre son.

Je redoutais ce moment au plus profond de moi.

– Mais, pourquoi tes yeux sont aussi rougis, tu devrais mettre des gouttes, je suis sérieuse, fit-elle en prenant un air sévère, je cherchais quoi déjà ?

Je la fixe, me permettant enfin de respirer un bon coup. C'est difficile, mais l'air entre et sort à petites doses peu à peu. C'était comme si on me griffait les poumons de l'intérieur férocement.

– Va t'asseoir maintenant, c'est l'heure de manger, et tu ne travailles plus, dis-je d'une voix tremblante, la poussant près de la table à manger.

Elle s'assoit en grognant, et je m'empressai de décrocher mon téléphone qui me réclamait, me dirigeant dans la cuisine.

C'était Connor.

– Hé Liam, ça fait un moment qu'on te voit plus au collège, qu'est-ce que tu fais ?

Je pris un moment à répondre. J'étais exténué, les seules forces dont je disposais étaient réservées à ma mère.

Ça s'était dégradé, plus ça venait, plus elle... N'était plus elle-même. Et parfois, lorsque je posais mes yeux sur elle, ce n'était plus qu'une inconnue dont je m'occupais. Diagnostiquée schizophrène, mon monde s'était écroulé du jour au lendemain.

MOVE [En Pause] Where stories live. Discover now