CHAPITRE XI

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NOVA

Il doit être 7 heures, je suis assise sur un banc greffé sur une des pelouses du campus, je profite des rayons du soleil qui tape sur mon visage, de l'air frais qui fait virevolter mes cheveux et du chant des oiseaux, un de mes sons favoris.

On le faisait souvent, lui et moi.

Je râlais d'être assise là alors que j'aurais pu être dans mon lit, et lui était ravi que je l'accompagne quand même. Il aimait regarder les gens passer et le calme qui régnait de bon matin. « Profite emmerdeuse, après tu te plaindras qu'il y a trop de monde et tu seras tentée de sécher les cours, et j'ai promis à ta mère que tu réussirais ton année trésor ».

Une larme roule sur ma joue que j'efface presque immédiatement à l'aide de la manche de mon sweat.

Je te déteste.

Je te déteste, Jules.

De m'avoir abandonnée.

D'avoir pris trop de risques.

De m'avoir laissée là, toute seule.

Tu aurais dû rester avec moi, longtemps.

De mes doigts tremblants, je tape un message comme je peux à ma psychologue. J'ai besoin de la voir rapidement. Entre la crise de la dernière fois qui s'est déclenchée en plein cours et la soudaine haine que j'éprouve à l'égard de Jules, ma tête va exploser et mon corps risque de s'effondrer.

J'aperçois le même gars qui m'a aidée au loin, les yeux rivés sur le sol. Grand brun, je crois qu'il me dépasse de deux têtes, mais j'avouerais que je ne me rappelle plus très bien. Il marche seul, personne ne l'accompagne, on dirait juste qu'il souhaite être invisible. Habillé d'un jean noir, d'un T-shirt blanc et d'une veste en cuir, accompagné de son sac à dos noir, il se fond parfaitement dans la masse. Ce qui a finalement bien marché, puisqu'avant qu'il m'aide, je ne l'avais jamais vu. Étrangement, il passe devant moi sans même me calculer.

— Attends ! lui dis-je en arrivant à sa hauteur.

Il relève la tête, les yeux dans le vide sans même me regarder.

Il doit avoir un problème.

Mais je ne lui demande rien.

Parce qu'en réalité, on ne se connaît pas.

Parce que si j'étais à sa place, j'aurais détesté qu'on me pose des questions, alors je ne le ferai pas.

— Je-je voulais te remercier pour la dernière fois, alors merci.

Il me fait un hochement de tête comme simple réponse et reprend sa route.

Pas très bavard, je note et j'accepte. Je refuse d'être une de ces personnes qui lui court après alors qu'il cherche seulement la solitude, dans laquelle il se sent bien. Parce que selon moi, ce n'est pas forcément un signe distinct de mal être. Pas mal de gens aiment simplement ne pas trop s'entourer, ne pas sortir, ne pas trop parler, être présents dans leur coin à observer. Et puis, même s'il était du même côté que moi et que malgré ça, il m'a aidée, ça ne veut pas dire que le brun souhaite être aidé en retour.


***

— Étude de comportements criminels, le seul cours que je ne raterai pas, souffle April avec un grand sourire.

Un des cours les plus importants de notre cursus. Le préféré d'April est, je dois l'avouer, le mien aussi. Depuis que l'émission est sortie, on se sert de ce support pour bosser. Le principe est horrible, mais pour une étude de cas se déroulant directement pendant nos études, nous sommes chanceuses.

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Where stories live. Discover now