CHAPITRE XXVIII

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N1811 / K

Certains médias n'arrêtent pas de m'appeler pour des interviews, afin que je puisse me présenter face au monde entier, que je leur raconte l'enfer -que d'après certains je mérite- sur cette putain d'île. Ils se battent pour savoir le nombre de meurtres que j'ai commis depuis que je suis sorti. Si je profite pleinement de ma liberté suprême. Et qu'est-ce que je pense de ce merveilleux don que notre très chère société m'a donné. Les gens sont tarés, je suis sûr que la plupart ont critiqué l'émission quand elle est sortie et que maintenant, ils attendent tous devant leur télé que je parle publiquement. Je n'ai jamais vraiment compris cet esprit malsain chez la race humaine. Ils sont complètement à la ramasse et la majorité pense que je devrais remercier l'État de m'avoir permis de gagner une liberté, mais il oublie rapidement que j'ai dû échapper à la mort plusieurs fois avant d'en bénéficier.

Pathétique.

Mais aujourd'hui, après de nombreux refus, j'ai décidé d'accepter une proposition d'interview contre une information dont j'avais besoin pour retrouver le chef de mon ancien gang. J'ai besoin de faire un effort surhumain sur ma sociabilité en me coltinant des cons sur une soirée, dans le seul et unique but d'avoir ce que je veux et de rendre une petite visite à celui que je recherche, pour lui faire payer mon arrivée en taule il y a quelques années.

Un pur échange de bons procédés, comme je les aime.

C'est comme ça qu'actuellement, je suis dans un studio prêt pour une putain d'interview. Quand je suis arrivé sur le plateau, j'ai refusé une quelconque trace de maquillage sur ma gueule, ou bien le costume qu'une assistante est venue me donner. Je refuse d'être leur clown.

Ils veulent me rencontrer, ça sera comme je le veux.

Une nouvelle assistante vient me chercher et me conduit vers le plateau sur lequel va se dérouler l'interrogatoire durant les prochaines heures. Je prends place sur le fauteuil rouge et j'examine la pièce comme d'habitude, afin d'établir un plan B si on me tendait un piège. Derrière moi, un fond vert est présent et face à moi, des trépieds avec des lampes LED braquées sur ma gueule, puis les caméramans arrivent avec leurs caméras, des agents de sécurité se placent à côté d'eux. Puis la présentatrice arrive et se place face à moi, elle s'assoit sur le canapé noir, à au moins un mètre de ma personne, je dirais.

Elle assure ses arrières, c'est bien.

Mais si je chope l'arme qui se trouve dans mon dos, elle n'aura aucune chance de filer, même à un mètre, cette conne aura une balle entre les deux yeux. D'ailleurs, en la détaillant, je remarque que son cou est splendide et qu'un couteau y glisserait à la perfection, je prends note si jamais j'ai besoin.

Un compte à rebours démarre et une personne hurle "antenne", me ramenant à la réalité et à toute cette merde dans laquelle je me suis foutu. Le bouton rouge sur la caméra en face de nous apparaît et un sourire -que j'aimerais lui faire ravaler- prend place sur le visage de la présentatrice.

— Bonsoir à tous, aujourd'hui nous accueillons le survivant de l'île, N1811. Nous sommes ravis de vous avoir avec nous, puis-je avoir votre prénom pour pouvoir vous présenter à nos téléspectateurs ?

— Ça restera N1811, dis-je avec un sourire taquin. Vous savez, moins on en donne, plus ça attise la curiosité des gens.

Personne n'aura mon prénom, ils ont commencé par me donner un matricule, ils continueront sur la même lancée.

— Vous aimez donc être au centre de l'attention, en même temps rien de très compliqué avec le fait que vous soyez beau garçon.

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant