VI. Un homme dans la prison

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La capitale fourmillait déjà quand Katalina y arriva. Elle portait la fourrure qu'on lui avait donnée, cherchant une auberge qui pourrait l'accueillir elle et son animal. Elle n'était peut-être la seule à porter un tel manteau, mais ses origines ne l'habituaient pas à la température qu'il faisait. Ses vêtements ne l'aidaient pas beaucoup non plus. Ils avaient été tissés pour protéger du soleil et du sable, pas contre les intempéries. Ce jour-là, il pleuvait, mais cela n'avait l'air de déranger personne. Dans la même journée, l'aubergiste lui conseilla des personnes à voir pour travailler. Majoritairement des tisseuses ou des brodeuses. Après tout, le Désert était connu pour ses étoffes et leurs ornements. Elle put donc travailler rapidement. Elle découvrit aussi vite les ragots et leur trouva une utilité informative bien qu'elle ne savait pas encore comment elle pourrait l'utiliser. Ce n'était pas un brigand des Plaines Désertiques qui allait intéresser ces dames.

Au bout d'une semaine, elle n'avait toujours pas d'informations, mais prévoyait de commencer. Contre toute attente, les commères ne parlaient pas uniquement du linge sale de leurs voisins.

« Les trois Plaines? C'est un coup de Maître! » réagit l'une d'elle avant de babiller sur le sujet, entraînant une autre. Cependant, ce n'était que des informations futiles pour la jeune fille.

« Mais la prison où ils sont, où est-elle?

— Ça on n'en sait rien! Mais peut-être que c'est celle du Sud, ça ne m'étonnerait pas...

— Mais non, la coupa son amie, celle du Centre! Ils ne vont pas lésiner sur la sécurité quand ils les ont enfin attrapés!

— Celle du Nord n'est pas mal dans son genre non plus, intervint une troisième.

— Pourquoi tu veux le savoir, jeune fille? »

Celle qui venait de parler n'était pas une tisseuse que Katalina avait l'habitude de voir. C'était peut-être la première fois qu'elle la voyait. Elle ne se démarquait pas par son âge, mais sa tenue, l'aura qui se dégageait d'elle, était différente. Elle était plus calme, plus posée et attendait sa réponse contrairement aux trois autres qui l'avaient complètement oubliée.

« L'un d'entre eux, me doit quelque chose.

— Dans ce cas, c'est à une brigade que tu dois te rendre. Je peux t'y accompagner.

— Ce n'est pas quelque chose qui peut être transmis par un inconnu. »

La femme l'analysa, sourit avant de clore le sujet.

« Je vais voir si je peux faire quelque chose pour toi. Tu viens de Bral?

— Bral?

— L'étendue de sable et de soleil à la frontière d'Ecek.

— C'est comme ça que vous l'appelez? Dans ce cas, oui, j'en vient.

— Ça doit être important pour que vous fassiez le voyage. Si vous avez besoin de moi avant que je ne revienne, vous pouvez demander Eryn au marché, près du grand portique où deux gardes stationnent nuit et jour. »

Katalina savait où situer ce qu'elle lui indiquait. Elle se demandait d'ailleurs pourquoi cette grande porte était gardée. Comme si tout avait besoin d'être protégé ici. La nommée Eryn partie, la jeune fille reprit son travail, en silence, dans un coin de l'atelier. Les discussions de ses collègues n'étaient pas aussi chaleureuses et vivantes que celles de sa région.

L'inconnue tint sa promesse et revint une semaine plus tard, plusieurs rouleaux de tissus sous le bras. Elle chercha la brune flamboyante et lui accorda une pause dans son travail.

« Je me suis renseignée auprès de mon époux. Ceux que tu cherches ne sont pas dans une prison normale où tu peux demander une entrevue. Ils sont dans la prison du Centre. Celle qui n'est pas très loin du portique. J'ai bien peur que tu ne puisse pas les voir avant une bonne dizaine d'années. Que comptes-tu faire? »

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⏰ Last updated: Nov 14, 2023 ⏰

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Katalina : La voix du DésertWhere stories live. Discover now