Lalibre, battante de l'ombre

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Elle avait été capturée, Lalibre, une résistante. Détourner des trains, dessiner le "V" de la victoire sur les murs, voler aux soldats boches, assurer la liaison avec l'Angleterre, obéir à DeGaulle qui parlait par radio, cacher des juifs, distribuer des tracts, espionnage, libérer quelques prisonniers, sabotage en tous genre, transmettre les informations: tant de choses avaient étés accomplîtes par la jeune femme d'à peine dix-sept ans.

Elle n'acceptait pas les nazis, le régime de Vichy, ayant tout fait pour leur mettre des bâtons dans les roues. Qui aurait put la soupçonner, habituellement ? Fille d'agriculteur, elle travaillait à la ferme sans jamais rechigner, Lalibre, de son vrai nom Amélia, se battait pourtant pour la liberté.

Elle n'avait rien dit, malgré la torture, elle avait résisté jusqu'au bout, n'avait même pas crié, serrant les dents comme elle pouvait. Elle avait refusé de leur faire le plaisir d'entendre sa douleur, forçant sur toute sa volonté.

Puis, elle avait été jetée en prison, ruminant dans son coin, attendant la sentence. Mais elle n'avait pas eu peur, elle avait toujours sut ce qu'elle risquait, elle allait mourir en tant qu'héroïne de l'ombre, l'un des pilier pour sauver la France.

Aujourd'hui, elle se tenait debout, les mains liées à un poteau, le fusil dans son champ de vision. La mort était là, elle l'attendait. Elle voyait déjà l'ombre de son capuchon noir, entendant le bruit de sa faux dévastatrice, le cliquetis de ses chaines qui l'emmèneraient au paradis ou en enfer. Elle avait la tête haute, le regard fière et provocateur, le sourire défiant, malgré son apparence et sa robe délabrée, malgré ses cheveux roux dont les boucles retombaient sur ses yeux de mers, malgré ses jambes qui la soutenaient à peine, ses pieds nus. Elle ne voulait pas les laisser faire si facilement, elle voulait résister jusqu'au bout.

Même si les soldats chargés de son exécution semblaient légèrement désorganisés, elle ne tirait pas sur ses liens, ne semblait pas affolée. Malgré la mort qui l'attendait, son sourire provocateur ne cessait de s'afficher. Ses lèvres s'entrouvrirent pour entamer un ultime chant, un chant interdit par le maréchal Pétain mais que tous les français connaissaient, le chant de la liberté, le chant de la résistance, le chant de la Révolution. Jamais elle ne chanterait ce qu'on lui imposait. Elle était libre, elle chantait la Marseillaise, elle chantait la liberté, la clandestinité, le combat à travers cette mélodie défendue.

La balle partit, se logeant dans son coeur, arrêtant son souffle à jamais. La mort la faucha, l'emmenant pour son ultime voyage, l'emmenant vers la liberté.

Bien loin de tout cela, bien du temps après, un homme vint récupérer l'émetteur radio qui avait coûté la vie à la jeune Amélia. Son nom ? La Colombe. Il avait reçus une lettre avec des instruction que la résistante avait préparé si la situation arrivait. Il allait continuer cette lutte jusqu'au bout.

Lalibre était morte mais la flamme de la résistance continuait de vivre, plus forte que jamais.

Recueil de nouvellesWhere stories live. Discover now