Nocturne en ville

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La soirée dans un assomoir,
Verres remplis de calambours,
Des bouches comme des pétoires,
Crachant au rythme des tambours,
Entre punchlines et jeux de mots,
Voix de Morgane, dièses de fée,
Dans ce downtown tout sonne faux,
Bordelines jusqu'à ces phasés :
"Tu as bouleversé ma vie,
Tu la traverseras d'un fil,
Submergé par cette magie,
Ma vie ne tient plus qu'à tes cils."
Coup d'œil sur ma montre, plus de pile,
Le temps s'est arrêté sur toi,
La douleur me démonte, subtile,
Le temps passe, c'est bientôt à moi.

Seul sur scène, aucune lumière,
Douze et seize crépusculaires,
Battle vaine, cité portuaire,
Une plongée corpusculaire
Dans ta mesure, mes percussions,
Pour placer mes octaves en bombe,
J'y laisserais l'impact d'une onde,
En perçant tes murs de mes sons.
Feat seul presque paranormal,
La réalité est le risque,
Le sens reste subliminal,
Tu peux juste changer le disque,
Remets le décor à l'envers,
Mon dogme : "finis ce que tu entames"
Il y a pléthore d'enfers,
Ils voguent tous jusque mon âme,
Je dois même m'y cramponner,
Colère, euphorie, mon plaisir,
Aucun d'eux n'est abandonné,
Je suis favori, leur désir.

Ici, des étoiles terrestre,
Sortez toutes de cette fosse,
Foule de crotales, des déserts,
Sifflant mes sons en notes fausses,
Je dois les bassiner sans fautes,
Mon texte est le flux, c'est de l'eau,
Méga-bassines, tout le monde saute,
Contexte flou, bouffon sans grelot,
On amuse la galerie,
Les mots et moi sommes plus qu'un,
On abuse avec barbarie,
Mouroir ou miroir, j'en veux qu'un.
Laisse la musique nous sonner,
Je suis bercé par l'AKG,
Écrit prosaïque, sous Sony,
Je suis tout au fond, attaché.

Avaler la pilule ce soir,
Blanche ou noire, son n'a jamais tort,
Avalon loin de mon regard,
L'auditoire retarde ma mort,
Regarde comme ils m'adorent,
Écoute comme ils les chantent,
Mes mots, tes courbes, tout est raccord,
Déroute et passion dilettante,
On s'aime jusqu'à ces silences,
Il ne restera qu'un audio,
On sème ainsi les redevances,
On se quitte sans un adieu...
Des larmes pour arrosoir,
Gueule de bois, tête brûlée,
Tout s'éteint, et dans l'entonnoir,
Gloire ou peine, j'ai tout combiné.

L'ours bleu, PoésiesWhere stories live. Discover now