Chapitre IX : Il Messaggero

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-ALESSIA



Ce matin, à mon réveil, je revois les images de Tyler fracasser une bouteille sur la tête d'un autre étudiant. La scène est gravée en moi : le sang, les morceaux de verre partout, la panique de la fuite. Et ce regard qu'on a échangé...

"Je l'ai déjà vu quelque part, mais où ?" Et ses yeux... verts, intenses, ils me hantent.

Je reste au lit, paralysée un moment, les yeux fixés sur le plafond, essayant de remettre de l'ordre dans mes souvenirs qui refusent de s'aligner. Et là, ça me revient, ce moment où, comme une idiote, j'ai accepté le verre de cet abruti. 

J'ai failli me mettre dans un sacré merde, comment j'ai pu être aussi naïve pour baisser ma garde comme ça ? Et si à cause de moi, Tyler se fait virer ? Il vient à peine d'arriver. Et si l'étudiant porte plainte ? Non, il n'oserait pas, pas après ce qu'il a essayé de faire. Du moins, j'espère.

Après un temps de contemplation au lit, je trouve finalement la force de me lever, de me doucher, et de me préparer, juste à temps pour les cours du matin.

En descendant les escaliers peu après, je suis accueillie par la vue de ma mère, immergée dans sa routine de vaisselle, avec un fond sonore mélodique. Et posée sur la table, une tasse de café fumant m'attend – un geste simple de sa part mais qui me touche profondément.

— Merci pour le café, maman, dis-je en me dirigeant vers la table.

— Ah, te voilà enfin réveillée ! lance-t-elle en se retournant vers moi avec un sourire. J'ai bien cru que tu comptais hiberner toute la journée.

— Pas le temps pour ça.

Elle pose sa question suivante tout en s'essuyant les mains sur un torchon.

— Tu es sûre que tout va bien ? Tu as passé beaucoup de temps seule dans ta chambre ces derniers jours.

Je prends place, entourant ma tasse de café de mes mains pour en sentir la chaleur.

— Oh, rien de spécial... Juste un peu fatiguée, j'avais besoin de me poser un peu, c'est tout.

Elle hausse un sourcil, visiblement pas tout à fait convaincue par ma réponse, mais elle n'insiste pas.

— Si tu le dis, ma chérie.

Tandis que le café coule chaudement dans ma gorge, je saisis mon téléphone pour me perdre dans ma routine matinale habituelle. Mon fil d'actualité Instagram déborde de vidéos de chats, et il ne me faut pas longtemps pour qu'un sourire se dessine sur mes lèvres. Mon propre chat, Malfoy, aurait probablement arboré un air de supériorité s'il pouvait comprendre à quel point ces petites créatures fascinantes captent mon intérêt.

Je continue de défiler, absorbée par l'écran jusqu'à ce que ma tasse soit vide. Avant de verrouiller mon téléphone, je lance un dernier regard à mes messages, espérant y trouver une trace, un mot de Tyler. Mais rien, aucune nouvelle, aucun signe de lui depuis le soir ou il m'a déposé devant chez moi.

— Fait chier, je marmonne.

L'image de ce baiser que j'ai osé déposer sur sa joue, le soir où je lui ai donné mon numéro, me revient soudain en mémoire. J'avais naïvement cru à une connexion, mais maintenant, sans aucun appel ni message de sa part, le doute m'assaille. Il doit penser que j'étais complètement idiote de faire un tel geste, ou pire, il souhaite peut-être m'éviter à tout prix. L'idée de le revoir aujourd'hui me noue l'estomac.

"Quand je vais le revoir à la fac et... oh non. La honte. La honte. LA HONTE."

— Alessia, tu commences à quelle heure aujourd'hui ? me rappelle ma mère.

Échec de l'OmertàDonde viven las historias. Descúbrelo ahora