Chapitre XVII : Nato per amare

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- Alessia


☎︎ Nouveau message de Tyler à 17H55 ☎︎ :
"– Je suis en bas de chez toi."


— Tu es la meilleure, Alessia, tu vas y arriver... tu es la meilleure, je me murmure en essayant de convaincre mon reflet dans le miroir.

Depuis près d'un an, je me consacre corps et âme à la réussite de mes études, tout en jouant un rôle actif au sein du club Amnesty. J'ai écouté des dizaines d'histoires poignantes, passé d'innombrables heures en visioconférence à entendre, souvent le cœur serré, les récits de survie et de résilience d'enfants nés dans la guerre à l'autre bout du monde.

J'ai élaboré des plans méticuleux, avec l'ambition de reconstruire bien plus que des structures physiques. Mon but est de redonner espoir et stabilité à des vies brisées par le conflit. Chaque centime des 50 000 dollars de la bourse que j'espère obtenir est destiné à planter les graines d'un avenir plus prometteur, stable et sûr.

Et ce soir, je dois convaincre le jury non seulement de la viabilité de mon projet mais également de son potentiel transformateur pour revitaliser une communauté entière.

Mais qu'arrivera-t-il si j'échoue ? Les doutes commencent à s'insinuer, sournois et insidieux. Et si mes mots ne parviennent pas à convaincre le jury ? Et si mes arguments ne sont pas suffisamment persuasifs ? Chaque "et si" supplémentaire érode un peu plus la confiance qui m'habite, me laissant avec une sensation de vide et d'insécurité.

Mes jambes commencent à trembler, trahissant la montée de mon angoisse. Mais comment pourrais-je ensuite affronter le regard de ces enfants après les avoir déçus ? Ils dépendent de moi, ils misent sur moi pour apporter un changement significatif, pour donner une direction nouvelle et positive à leur avenir. Et Ils attendent que je sois leur voix, celle qui peut réellement provoquer une transformation dans leur existence.

Et Tyler qui sera présent également... scrutant chaque détail de ma présentation de ses yeux perçants, ajoute une pression supplémentaire. Je regrette tellement de lui avoir demandé de venir. En me frappant le front du plat de la main, je me questionne sur mes intentions réelles. Pourquoi ai-je besoin de son approbation à ce point ? Comme si le fardeau du stress que je porte déjà pour ce soir n'était pas assez lourd. J'ai toujours voulu lui montrer que j'étais forte et déterminée, et l'idée qu'il puisse me voir flancher à un moment aussi crucial est tout simplement terrifiante.

*18H00*

Je passe une main tremblante dans mes cheveux, cherchant du réconfort dans ce geste familier, et je me dirige vers la porte de ma chambre. Mes pas résonnent doucement sur le plancher alors que j'approche de l'escalier.

En descendant les marches, je remarque une silhouette cachée derrière les rideaux du salon : ma mère, qui jette des regards furtifs à travers la fenêtre. Sa concentration est si intense qu'elle ne semble pas m'entendre approcher.

— Alors, maman, on espionne les voisins ? dis-je en interrompant le silence.

Elle se retourne brusquement, surprise par ma voix.

— Hein ? Non, pas du tout ! bafouille-t-elle, clairement prise au dépourvu.

— Qu'est-ce que tu fais alors ? je demande, un sourcil arqué, curieuse de savoir ce qui capte son attention à ce point.

— Qui est-ce ? esquive-t-elle en pointant l'extérieur.

Je me dirige vers la fenêtre pour mieux voir et découvre Tyler, adossé nonchalamment sur le capot de sa voiture, scrutant notre maison, les bras croisés.

Échec de l'OmertàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant