Chapitre 35 : Souvenirs troubles

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La matinée fut courte, très courte, trop courte... À peine le vent naissant eu chevaucher les plaines, sifflant une mélodie lointaine, que les aventuriers d'Escalon furent conviées à rejoindre la grande hutte qui culminait au sommet du pic Ouest. Les lueurs du matin qui traversaient les nuages bruns offrirent une vue inoubliable, car dès l'or voguait une nébuleuse rougeoyante se dispersant à mille lieux dans des cieux encore clair-obscur. Le pas était lourd, presque affaissé, et la torpeur déséquilibrait encore les jambes des voyageurs. L'estomac affamé de Fulményx résonna fort parmi les complaintes des plus jeunes, l'un se plaignant d'être vide et les autres des bruits atroces qu'il proférait ! Comment ce fait-il que ce bougre de Dornür ait encore faim ? Il s'est empiffré toute la nuit ! À cela, l'intéressé répondit qu'au vu de son gabarit et de sa masse musculaire, son métabolisme réclamait bien plus de boustifailles pour être en forme ! Mais l'heure n'était pas au ravitaillement, mais à l'affrontement !

L'escalade fut rude et on admira se rapetisser les maisonnettes les plus basses au fur et à mesure que l'on rejoignit les sommets. On parvint enfin à atteindre une longue arche en pierre, s'élançant de la paroi du grand rocher et survolant le vertige de la vallée. Se trouvait à son extrémité une hutte à la peau rouge, bien plus épaisse que les autres, cuirassée de cornes en ivoire et de cerceaux en os. À son socle, patientait Voldryn qui dévorait un fruit de... On ne saurait deviner quel étrange arbre... Il goba son maigre déjeuné aussitôt qu'il vit surgir les silhouettes des Escalonien de derrière la pente et sauta sur ses deux pieds pour les accueillir.

— Mes amis, vous êtes là, se réjouit il, la nuit n'a pas été trop rude ?

— Je ne saurais le dire, répondit Orax, ce fut à la fois merveilleux et... Terrifiant !

— Il me semble m'être fait mordre par une sorte de renard ! s'exclama Thomast.

— Je crois que c'était plutôt une sorte de fourmie, répondit Perceban à son acolyte qui devint blanc comme un linge.

— Vous attirez la curiosité de la nature, c'est bien normal, sourit l'orc, elle n'a pas l'habitude de voir des aventuriers de l'autre continent parcourir ses terres. Prenez ça comme un signe de bienvenu de sa part.

— Vous appelez cela une rude nuit ? rouspéta Fulményx. À Fiord-Gris le froid de la nuit vous glace les orteils et vous dévore la chair, les Givres-crocs qui rôdent dans l'obscurité vous traquerons sans fin dans les confins du pays et ne laisseront aucune miette de votre dépouille après l'avoir dévoré ! Et ça, c'est si vous avez de la chance de tomber sur eux ! Car si vous tombez sur des Larderons vous vivrez un vrai supplice avant qu'il ne daigne vous achever ! Cette nuit, c'était de la rigolade comparée au pays de l'hiver !

— N'est-ce pas vous qui vous êtes évanoui à la vue d'un insecte ? toisa Alexzandar.

— Les insectes ça ne compte pas ! se défendit le Dornür. Ces créations de Mörk c'est un autre débat ! Tout le monde aurait réagi de la sorte ! 

— Je ne crains que vous ne soyez pas aux bouts de vos peines, avoua Voldryn, Vol-Rahk est bien plus primitif que les terres de Korg'on... Mais n'ayez crainte, à nos côtés, vous ne risquez rien ! Veuillez me suivre, nous parlerons de tout cela à l'intérieur.

Ils s'exécutèrent, précédant l'orc et s'enfouirent un à un derrière le rideau de cuir qui couvrait l'entrée de la hutte, sauf Thomast qui traînait la patte en bout de file.

— Bien plus primitif que Korg'on ? chuchota-t-il dans un sanglot à Perceban.

— Ne t'inquiète pas ! répondit ce dernier. Tu les as entendus, à leurs côtés nous ne risquons rien ! Aller viens.

L'intérieur de la hutte était silencieux et sombre, seul un bref courant d'air circulait à travers un mobilier à peine visible. Puis, une silhouette que l'on aurait pu croire endormie se souleva et prononça quelques murmures indistincts. Une flamme apparut alors, une flamme aussi rougeoyante que l'aube, qui prit vie et s'épaissit au cœur de la hutte, étirant les ombres tout autour d'elle et fit raisonner dans l'air son souffle chaud. Puis, d'autres comme elle jaillit, et rebondirent de flambeaux en flambeaux, révélant tour à tour les grandes charpentes faites de cornes et de défenses, les parois faites de peau et de cuir et le centre de la pièce couronnée d'une grande table biscornue faite de marbre noir. Les éclats vacillants des flammes révélèrent parfois les étendards aux couleurs de sang, les établis renflés de lances et de haches et les longues urnes blanc et noir alignées le long de balustres en bois. Le premier à s'immiscer dans le silence flottant du lieu fut Voldryn, et le suivirent de près le reste de la compagnie d'un pas plus timoré.

Les Fables Du Mana : Le cœur de la magieHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin