13 - Un souffle nouveau

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Sur la route du retour l'atmosphère est tendue. Hélios craint qu'Alexeï ne prévienne la Congrégation de mon état, nous laissant peu de temps pour comprendre ce qu'il m'arrive, et dans le pire des cas nous cacher. Je ressens cette agitation pesante, Hélios n'ose même pas me regarder, sûrement pour éviter que je voie son inquiétude. Mais il oublie que je n'ai pas besoin de mots pour le comprendre.

— Tout va bien se passer Hélios... murmuré-je en lui prenant la main.

— Je l'espère... Alexeï est une ordure ! Comment tu te sens ?

— Ça va... à vrai dire je vais même très bien !

— Tu n'as encore rien mangé depuis ta transformation, tu risques de t'affaiblir, on va s'arrêter quelque part pour reprendre la chasse.

— Je n'y tiens pas particulièrement, Hélios... Je...

— Tu n'as pas le choix Ana... C'est le seul besoin vital d'un vampire ! me coupe-t-il.

— Très bien, allons-y.

Il nous conduit dans un chemin reculé non loin de sa maison. Nous descendons de la voiture, je ne suis pas motivée à ôter la vie pour me nourrir, mais je lui emboite le pas.

— Entends-tu quelque chose ? me dit-il en observant la nature.

— Oui ! J'entends la vie grouiller autour de moi, mais Hélios, on ne peut pas faire ça un autre jour ? Je ne me sens pas de faire cela après l'enterrement de Sarah...

— Je sais Ana que ce n'est pas facile, mais demain tu n'auras plus la force nécessaire.

Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il s'avance dans les bois, son regard change, et il me fait comprendre de faire de même en me concentrant. Rapidement je change de vision, celle-ci est incroyable. Je vois tellement plus loin qu'avec ma vision de base, tout est très net.

Des craquements se font entendre au loin, Hélios les perçoit aussitôt et me le fait remarquer en me disant qu'il faut que je me concentre sur cette proie. Avec beaucoup de réticence, je me lance. Je cours à une vitesse à peine croyable, je slalome entre les arbres centenaires de cette forêt, mes pas sont légers, je ne fais presque aucun bruit, tel un fléau. Je comprends pourquoi les vampires sont si redoutables.

Rapidement je me détourne de ma proie d'origine car un bruit différent attire mon attention. J'hume l'odeur d'où provient ce bruit et me rends vite compte que ce n'est pas un animal mais un humain. Instinctivement je fonce dessus, n'imaginant qu'une seule personne. Cet endroit est perdu au milieu de nulle part, et Hélios m'a dit que jamais personne ne s'aventure ici à moins d'être fou ! Alors je me dis qu'Alexeï est sûrement là.

Hélios m'emboite le pas, ayant flairé la même chose, mais n'arrive pas à me rattraper. J'arrive à la lisière du bois, à quelques mètres de notre maison quand j'aperçois un homme de dos. Ce n'est pas la silhouette méprisable d'Alexeï mais celle, élancée, d'un jeune homme.

— Jasper ? demandé-je en m'avançant.

— Anastasie ! Je suis heureux de te revoir ! s'écrie Jasper.

J'arrive à sa hauteur et le dévisage. C'est la première fois que je le revois depuis nos échanges à Sinestra, la première fois que je le revois depuis que je sais qui et ce qu'il est.

— Je suis navré de ne pas être arrivé avant mais...

Par instinct je le prends dans mes bras, une force profonde me pousse à le faire. Il me rend l'étreinte et me serre davantage. Un soupir de soulagement émane de sa bouche. Je ressens un apaisement presque immédiat. Au même instant Hélios sort à son tour de la forêt et nous aperçoit au loin.

AnastasieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant