Chapitre 9 - Un début d'humanité

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Le repas du soir se passe dans une ambiance glaciale et silencieuse. Je ne suis pas mécontente cette nuit-là de m'envoler en direction de l'appartement de Stewart. Je me suis rendue à l'évidence, je ne pourrais pas dormir si je n'allais pas l'écouter vivre.

Je me posais sur le toit et tendais l'oreille. Il joue du piano dans une des pièces du couloir, je suis étonnée car j'ignorais qu'il savait en jouer. Ce matin, il m'a parlé de la guitare, pas du piano. Il joue d'ailleurs à merveille, même si je ne connais pas le morceau. Je m'installe confortablement sur le rebord et l'écoute, je l'imagine avec sa petite moue concentrée.

J'ai un petit sourire niais...encore !

Les heures passent et finalement, il va se coucher, il finit par s'endormir. Je descends balcon par balcon et pénètre dans le logement, je caresse la petite minette et vais jusqu'à la chambre. Stewart dort profondément. Je m'assois au pied du lit et le regarde. Sa respiration est lente, son cœur bat et j'apprécie aussi cette version douce.

Je tends une main hésitante, j'ai envie de le toucher...rien qu'une fois...

Je pose délicatement ma paume sur son pied caché par les draps, un frisson me traverse. C'en est presque jouissif. Ce qui m'étonne. Je tremble d'émotion.

Et pour la première fois de ma vie, des larmes pointent dans mes yeux. L'une coule sur ma joue, je l'essuie du bout des doigts et regarde ma peau humide.

Depuis le jour où je suis devenue cet être immonde, je n'ai jamais pu réussir à verser une seule larme et voilà qu'aujourd'hui, je venais d'en avoir une.

Je fixais Stewart. Comment cela se faisait-il ?

Était-ce son pouvoir ? Il m'affaiblissait pour pouvoir me rendre à Eux ?

Étonnement, cela ne m'inquiéta pas, au contraire, j'appréciais cette poussée d'humanité.

A contre-coeur, je décidais de partir. Je pressais doucement son pied, regagnais le balcon et m'envolais.

*****

Lorsque je débauche mercredi soir, une vive excitation m'étreint, je prends la direction de l'immeuble de Stewart. Pour la première fois, j'allais y aller en étant invitée. Je gare ma voiture dans la rue, sonne à l'interphone et sa voix me répond. La porte s'ouvre, je monte jusqu'au huitième étage à pied, je toque à la porte. Il m'ouvre, il sort visiblement de la douche, ses cheveux sont mouillés. Et une odeur de gel douche masculin me caresse le nez.

_ Salut, dis-je soudain intimidée.

_ Bonsoir ! Entre, je t'en prie.

J'obéis et la minette fonce sur moi pour réclamer des caresses.

_ Tiens, bizarre, commente-t-il.

_ Pourquoi ? répondis-je tendue.

_ Elle n'aime personne d'habitude.

Ouf !

_ Oh, tu as raison, c'est bizarre.

_ Pourquoi ?

_ Les animaux me détestent en général.

_ Ah bon ?

_ Oui.

Je hausse les épaules.

_ Bah tu plais à Perle, dit-il.

C'est donc comme ça qu'elle s'appelait. Elle miaule. Je la caresse.

_ Est-ce que tu veux boire quelque chose ?

_ Oui, je veux bien.

_ J'ai des bières sans alcool, du thé.

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⏰ Last updated: Oct 18, 2023 ⏰

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Numéro 666Where stories live. Discover now