27. Emilia

397 45 3
                                    

Des hurlements me tirent de ma bulle. Mon portable m'échappe des mains. Je le rattrape, rejette un œil un peu gaga sur le dernier émoji de Nalo. Ce cœur. Qui fait fondre le mien.

Je quitte ma chambre et m'engage dans le couloir. Je remarque immédiatement qu'un peu de fumée émane de la cuisine. Une puissante odeur de brûlé aussi. Ça continue de hurler.

— Bordel, Ethan, tu vas cramer la baraque !

— Qu'est-ce qui se passe ? je demande en pénétrant dans la cuisine.

Nolan est en train d'ouvrir la fenêtre. Il pointe son jumeau du doigt.

— C'est ton frangin. Il va tous nous faire crever dans un incendie !

— Notre frangin, je corrige. Et j'ai l'impression que tu exagères un peu, non ?

On est loin d'un début d'incendie, là. On parle d'une poêle carbonisée qui gît dans l'évier.

— C'est ça de vouloir faire plaisir, dit Ethan. Quand on foire, on s'en prend plein la tronche.

Nolan souffle d'exaspération.

— Quand on ne sait pas faire cuire un œuf, on évite de se lancer dans des élaborations compliquées. Ou alors on demande de l'aide. Tu veux bien dire ça à ton frangin, moi, il ne m'écoute pas ?

— Notre frangin, je répète en souriant. Et je pense que ça partait d'une bonne intention.

Nolan est doué en cuisine, Ethan, non. Il n'a jamais préparé la moindre chose, j'ignore même s'il sait allumer la gazinière. Il m'adresse un regard reconnaissant.

— Merci sœurette. Tu me comprends, toi.

— Après, pour aller dans le sens de Nolan, si tu te sens des envies de te lancer dans des préparations culinaires, peut-être te référer au cuistot de notre famille pourrait-être une bonne idée ?

Nolan esquisse un sourire satisfait.

— Merci sœurette, tu me comprends, toi ! répète-t-il en fixant Ethan, d'un air taquin.

Ces deux-là se cherchent tout le temps !

Je désigne la poêle dans l'évier.

— Je pense qu'elle est bonne pour la poubelle.

Ethan pousse un soupir.

— Et notre repas de ce soir aussi.

— Je m'en occupe, je dis.

Je cuisine rarement et mes plats ne sont pas aussi bons que Nolan, mais je me débrouille quand même. J'ai mes petites spécialités.

— Je vous prépare mes pâtes sauce tomate, câpres, olives et basilic.

Mes frères se lèchent les babines. Ils adorent ce plat que j'ai découvert chez Tom. C'est lui qui m'a appris à le cuisiner.

— C'est jour de fête ? me demande Nolan.

Disons que je suis de très très bonne humeur, je vais très très bien, tout va très très bien, j'ai envie de faire plaisir autour de moi. J'ai envie que tout le monde soit aussi heureux que moi.

— J'ai envie qu'on mange tous quelque chose qu'on aime.

Ethan vient m'embrasser le haut du crâne.

— Heureusement que t'es là ! Tu me sauves la mise.

— Tu en fais aussi pour maman ?

— Bien-sûr, je réponds à Nolan.

Notre mère est encore au travail, elle sera bien contente de trouver à manger en rentrant. Surtout qu'elle aussi est fan de ce plat.

— Tu es la meilleure.

J'incline la tête, faussement modeste.

— Pour vous servir.

Au boulot ! Je me mets au travail en sifflotant. La vie est belle.

HOAXWhere stories live. Discover now