39 - La proposition

123 7 2
                                    

PDV IAN

Il est neuf heures du matin quand Elliot me rejoint dans la cuisine, d'une allure au moins autant débraillée que la mienne. Après ma nuit chaotique, je ne pensais vraiment pas me réveiller aussi tôt. Mais je tenais plus en place dans ce lit, il fallait que je me bouge, ça devenait vital.

Lui aussi son réveil prématuré est assez étonnant - surtout si on tient en compte qu'il est en parti responsable de mon insomnie. L'enfoiré.

Je savais qu'on allait pas y couper.

- Je te demande pas si t'as passé une bonne nuit ? grincé-je entre mes dents.

Jusqu'à quatre heures du matin on les a entendu batifoler, lui et Lynna, depuis la chambre du bout du couloir. Quatre. Heures. Des textos, des appels, et même un tambourinage contre la porte... On a tout tenté. En vain. Inarrêtables.

A un moment, alors que j'avais abandonné l'idée de les interrompre, j'ai pensé à faire de même avec ma femme, qui était sexy au possible avec sa nouvelle nuisette en dentelle. J'adore la Alex tomboy qui se noie dans ses gros sweat à capuche, mais celle qui mettrait à l'amande n'importe quelle mannequin sur un podium est définitivement ma préférée. Tu parles. Là encore ce fut un gros échec. Et ce n'est pas faute d'y avoir mis de l'entrain... Entendre son meilleur pote en pleine partie de jambe en l'air avec sa nana est quand même un sacré tue l'amour.

J'ai cru comprendre qu'ils avaient remis le couvert hier soir. Pour de vrai. Je suis content pour eux, je sais qu'Elliot mourrait d'envie de sauter le pas - même si il refusait de l'admettre ! - mais j'estime que des excuses seraient tout de même la bienvenue.

- Qu'est-ce que tu veux, fait-il tout sourire en haussant une épaule, un homme comblé est un homme expressif.

Bien.

Ce sera pas pour cette fois j'ai l'impression.

Au lieu d'insister et de le menacer de le foutre dehors un bon coup de pieds au cul - chose que j'aurais probablement fait dans un autre contexte, je profite que mon soit disant meilleur pote en ait fini avec la cafetière pour me servir un deuxième café. Je vais en avoir besoin pour surmonter cette journée.

Bordel, mes doigts tremblent déjà rien qu'en y pensant.

- Bon, reprend Elliot après m'avoir longuement épié d'un œil suspicieux, et si tu me disais plutôt pourquoi tu tires cette gueule de si bon matin ?

- Toi et ta copine m'avez empêché toute la nuit de dormir, c'est pas une raison suffisante ?

- Oh, pas à moi ! Aller beau brun, dis-moi ce qui t'arrive.

Je me retiens de soupirer. Evidemment qu'il a remarqué que quelque chose clochait... Elliot a parfois le don de lire en moi comme dans un livre ouvert. C'est rageant, je ne sais pas c'est quoi - son secret.

- J'ai vu ton regard hier, quand les filles parlaient d'avoir un gosse...

Cette fois je ne suis plus capable de retenir quoi que ce soit, et mon meilleur amie me fait les gros yeux tandis que je m'enfonce dans le dossier de ma chaise.

- Oh merde, alors ça y est ? T'es prêt à nous pondre des marmots ?

- Non, je lâche enfin. Non, c'est pas ça...

Je ne suis pas prêt pour la paternité, et il est clair qu'Alex non plus. A vrai dire, je ne suis même pas sûr qu'elle le sera un jour... Ce qui n'a rien d'étonnant, au vu de son schéma familial. S'il était déjà complexe, la trahison de son père lors de notre petite escapade à San Francisco il y a presque dix ans l'a noircis à jamais.

OUTSIDERSDonde viven las historias. Descúbrelo ahora