Chapitre 46 - Mon frère

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— Pourquoi ne m'as-tu jamais dit que tu avais un frère ? interrogé-je Matthew, énervée qu'il m'ait menti droit dans les yeux pendant tout ce temps me prétextant que ce n'était qu'un simple ami.

— Je n'aime pas parler de ma famille, tu le sais bien, réplique-t-il, détaché.

Néanmoins, je sens bien qu'il fait tout pour éviter la question, alors j'insiste :

— Pourtant tu m'as parlé de ta mère qui est malade, de ton père, alors pourquoi pas de ton frère ?

— Je ne sais pas, Elyssa, plaide Matthew.

Cependant, encore une fois, je sens bien qu'il ne me dit pas la vérité. Il n'y a aucune raison pour qu'il m'ait parlé de toute sa famille et pas de son frère ? Qu'y-a-t-il de plus triste que sa mère malade et de son père qui les a abandonnés ? C'est là que je me souviens la scène à laquelle j'ai assisté précédemment :

— Et qu'est-ce que je ne dois pas savoir ? Car oui, j'ai également entendu votre petite conversation.

Leurs visages blêmissent, Matthew en perd son latin, c'est pourquoi c'est Jordan qui les défend en haussant le ton, alors qu'il assistait passivement à la discussion depuis son arrivée :

— Nous ne parlions pas de toi !

Mais je ne les crois pas. Je sais, je sens qu'ils cachent quelque chose et ça me mets hors de moi qu'ils me mentent droit dans les yeux. Je remonte donc dans la chambre où j'ai dormi, enfile ma robe que Matthew avait déposé sur la commode et redescends les escaliers aussi vite que je les ai pris précédemment. Je croise Matthew et Jordan dans le salon qui ne m'empêchent pas de partir, ne sachant sûrement pas comment me retenir après toutes leurs manigances.

— Ne t'avise plus de m'adresser la parole tant que ce ne sera pas pour me dire la vérité Matthew ! hurlé-je tandis que je parviens enfin dans l'entrée après m'être trompé de chemin deux fois.

Je sors alors de la maison sans me retourner, m'avance vers le trottoir avant de regarder où je suis pour commander un taxi. Néanmoins, prise de remords et espérant que Matthew me retienne pour me dire la vérité, je finis par me retourner vers la maison en espérant le voir sur le pas de la porte. C'est à ce moment-là que mes jambes chancellent...

***

Un an et demi plus tôt :

Aller Jason, lève-toi, il est tard, forcé-je mon frère à se lever car il est déjà quatorze heure et qu'il avait promis de m'emmener en ville.

En effet, je n'ai pas encore obtenu mon permis, et il faut dire qu'au vu de mon niveau je ne suis pas près de l'avoir. Alors en attendant, c'est Jason qui m'aide.

Laisse-moi, Elyssa, je suis crevé, maugréé-t-il en mettant sa couette sur sa tête pour se couvrir de la lumière, étant en train d'ouvrir son volet.

Je me doute que tu es crevé, j'ai vu ta story Instagram, ta soirée a été plus que festive.

Ça tu l'as dit ! Maintenant tu peux me laisser dormir, Ely ? me supplie-t-il.

Hors de question, m'exclamé-je. Tu dois me raconter !

Voyant qu'il ne me répond toujours pas, je rajoute, toujours plus insistante :

C'est quoi cette superbe maison où tu es allé ? Qui est à ce point riche ! le questionné-je en référence à une photo de lui, entouré d'autres individus dans un salon aux canapés blancs qui respirait le luxe.

Tu aurais vu cette maison, Ely, je sais que tu aurais adoré. Les canapés blancs, le sol en marbre, une cheminée hors de prix et le lustre, si tu avais vu le lustre qu'il y avait. Je n'ai jamais rien vu de tel. C'est totalement un autre monde par rapport à notre maison de campagne !

Mais, qui connais-tu de si fortuné pour avoir une maison pareille ?

Un ami, c'est lui qui a cette maison.

Je ne savais pas que tu avais des amis aussi aisés, m'étonné-je, même si en réalité je ne connais plus grand chose de la vie de mon frère.

En effet, il part de plus en plus souvent les week-end pour une destination qu'il ne me donne jamais et rentre toujours le sourire aux lèvres. Cependant, il ne veut pas me dire où il va, et je l'ai tellement vu malheureux depuis la mort de nos parents que je ne m'en préoccupe pas, il me parlera le jour où il sera prêt, le plus important pour moi est qu'il soit heureux.

J'aimerai tellement vivre dans cette ville plus tard, tu sais. Elle est tellement belle, elle dégage un charme particulier. J'aimerais t'y emmener un jour.

De quelle ville parles-tu, Jason ? m'intéressé-je, alors qu'il se confie enfin à moi.

Chartres.

Connaissant mon frère, je suis sûre que la ville est moche mais que c'est la personne qui lui affiche ce magnifique sourire sur les lèvres qui est si belle...

Je ne connais pas, c'est où ?

En même temps, il aurait été étonnant que je sache où c'est, je ne sors jamais de notre petit village et la géographie n'a jamais été mon point fort.

À peu près à trois heures de voiture d'ici.

Toujours aussi fasciné, il rajoute :

Cette maison, c'est mon exemple, Ely. Je veux parvenir à en construire des dizaines comme celle-ci plus tard. Regarde sur le bureau, j'ai pris une photo hier soir tellement elle était magnifique.

Déjà enfant, il faisait ça, prendre des maisons de riche en photo. Mon père se moquait toujours de lui, disant qu'il allait devenir un milliardaire prétentieux. Ce fut le premier jour où, pour répondre à mon père, il nous informa qu'il voulait devenir architecte. Et cette ambition, il ne l'a jamais perdue.

Je me dirige alors vers son bureau et prend le Polaroïd dans les mains. Mon frère est assis sur un muret blanc d'une maison, à côté d'un autre garçon et deux filles que je ne connais pas. Ils se trouvent sur la devanture d'une maison cubique ornée de grandes baies-vitrées, éclairée par des lampes au sol pour faire resplendir sa magnificence même de nuit.

C'est là que tu étais hier soir ? lui demandé-je alors.

Oui ! J'aime vraiment cette ville, tu sais. J'aimerais réellement y vivre plus tard.

C'est comme ça que mon frère me parla, après ce jour, au moins une fois par semaine, de cette ville de Chartres. Il me répétait chaque fois que lorsqu'il aurait assez d'argent il voulait aller y habiter et qu'il m'y emmènerait aussi, alors même que je ne connais rien à cette ville, moi.

Cependant, aujourd'hui, je reconnais cette maison où il a pris cette photo et ce salon luxueux qu'il avait posté sur son Instagram. Cette maison cubique ornée de grandes baies-vitrées et ce salon avec un lustre luxueux, des canapés blancs, une cheminée somptueuse et un sol en marbre. Je la reconnais forcément, car c'est la maison où j'ai dormi cette nuit. C'est la maison de Matthew.

Mon mystérieux patronWhere stories live. Discover now