2.1 | PARENTS & ENFANTS

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Peu de temps après, je salue le vigile – Vigipirate oblige –, qui me laisse ensuite entrer dans l'école maternelle.

Je passe devant plusieurs salles de classe avant de pousser la porte de la salle de motricité. Le bruit assourdissant qui m'accueille me fait esquisser une grimace. Une fois acclimatée au volume sonore des enfants qui piaillaient joyeusement, je remarque un homme, de dos, en train de converser avec la professeur de maternelle.

Même sans voir son visage, je perçois le charisme qu'il dégage. Il est beau, est ma première pensée en le voyant. Son dos est large, et je devine ses muscles sous sa chemise. Ses cheveux bruns sont en pagaille.

Totalement mon genre. Si bien que, de dos, j'ai l'impression de revoir Migu-

Je m'empêche de penser plus. « Les morts doivent rester avec les morts. Les vivants doivent vivre sans chaînes, » disait-il souvent.

J'essaye de chasser son visage de mes pensées.

Et mon esprit rationnel me souffle que, si l'homme qui magnétise mon regard se trouve ici, dans une école maternelle, c'est sans aucun doute qu'il...

— Papa ! crie joyeusement une petite fille en se précipitant vers lui tandis que la professeur s'éloigne.

... a déjà quelqu'un qui partage sa vie.

Je secoue la tête. Pourquoi est-ce que j'ai le cœur pincé ? Je ne connais pas cet homme. Je ne suis rien pour lui, et il n'est rien pour moi.

Léo arrive tandis que j'éclipse ces pensées de mon esprit.

— Maman, sourit-il en agrippant ma jupe. Tu ne devineras jamais ce que j'ai fait aujourd'hui !

Je fais mine de réflechir.

— Alors, voyons voir... Est-ce que tu aurais fait un beau dessin, par hasard ?

— Non ! répond-il aussitôt. Enfin, si, j'en ai fait un. Mais c'est pas ça que je voulais te dire.

Ses adorables grands yeux noisettes me fixent.

— Aujourd'hui, j'ai... je me suis fait une amie !

— Vraiment ? C'est merveilleux !

Ma joie est réelle. Mon Léo n'a pas d'ami, car il préfère éviter les autres enfants de son âge, « trop bruyants » selon lui.

— Elle m'a dit qu'elle allait me présenter ses Papas, alors je lui ai dit que je lui montrerais ma Maman. Suis-moi, je vais te guider jusqu'elle !

Je souris tendrement en rectifiant :

— Jusqu'à elle, mon chéri, jusqu'à elle.

— Oui, oui, il souffle en prenant ma main et en me tirant.

Quelques secondes plus tard, je me retrouve en face de l'inconnu. Qui, finalement, n'est pas si inconnu que ça.

TournesolWhere stories live. Discover now