2.2 | PARENTS & ENFANTS

1 1 0
                                    


Le directeur de la Galerie Louise Bourgeois me tend la main pour me saluer.

Un geste quelque peu ridicule, puisque je viens de le quitter il y a moins d'une demi-heure. Enfin, de le quitter physiquement, je veux dire. Pas quitter comme dans un couple.

Mes pensées s'embrouillent. Ma main serre la sienne avec automatisme tandis que ma bouche déclare :

— Monsieur de Sélène.

Il fronce brièvement les sourcils avant de me dire :

— Nous ne sommes plus au travail, ici. Appelez-moi Ashlan.

— Je... euh... je bafouille.

C'est ton chef, maintenant ! Je me colle une gifle mentale. Pourquoi faut-il que je réagisse comme une adolescente ? Je sens mes joues se parer lentement de rouge.

Et je replace mon masque professionnel et impassible sur mon visage. Je redresse mon buste légèrement vouté et recule un peu mes épaules. Je lève légèrement la tête pour le regarder dans les yeux – il est un peu plus grand que moi.

Bon sang, comment ? Je n'ai jamais vu d'aussi beaux yeux. Les bords de ses iris sont d'un gris métallique magnétisant, mais le centre est d'un bleu éclatant.

— D'accord, je répond. Appelez-moi Ipasia, dans ce cas.

Je me gifle à nouveau mentalement, si bien que la joue de mon moi interne est écarlate. « Je suis désolée, mais je ne pense pas raisonnable de nous appeler par nos prénoms », voilà ce que j'aurais dû dire !

Mais ma maudite bouche a agit contre mon gré.

Enfin, pas totalement... Je réprime cette pensée de toutes mes forces. Non, non et non ! Certes, je cherche à nouveau l'amour, mais pas avec lui !

— Maman, tu le connais ? demande Léo en dardant son regard d'ange sur moi.

— Oui, je travaille avec Monsieur de Sélène.

— Ashlan, corrige-t-il.

Ah, oui. Fichtre !

— D'accord... continue mon ange. Là, derrière lui, c'est Proserpina ! Elle se cache car elle a peur.

Léo tire la langue en direction de la petite fille qui se dissimule derrière les jambes de monsieur de Sé... Ashlan. Je m'apprête à m'offusquer lorsqu'elle jaillit de sa cachette et fonce sur mon fils. Ce dernier court vers la structure au centre de la pièce pour y jouer avec sa nouvelle amie.

— Votre fille à l'air d'apprécier mon fils, je déclare en les regardant courir.

— Oui, je pense aussi.

Après un court silence, il ajoute :

— Mais je dois vous corriger : Proserpina n'est pas ma fille.

— Vraiment ?

Pourtant, tous deux partagent la même chevelure brune indisciplinée. Même si cela ne veut rien dire.

TournesolWhere stories live. Discover now