Surprise !

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    Le départ est pour demain !

    Fabrice s'affaire à la buanderie avec le linge. Il veut que tout soit nickel avant leur départ. Sifflotant un air de Bon Jovi, avec bonheur, il a hâte d'aller mater les petits culs rebondis avec son petit-fils. Entre petits pas de danse et rire enfantin, le sexagénaire s'imagine déjà dans l'avion.

     À l'étage, devant les escaliers, Ruben fait des exercises d'étirement. Il a été réquisitionné pour passer l'aspirateur, l'appareil fait du bruit, dans un coin derrière lui. Il tient à ce que son grand-père soit convaincu qu'il travaille. Loin d'apprécier sa propre idée, il a finalement décidé de suivre son instinct. Il faut vraiment qu'il voie un psy à cette allure, ça devient urgent ! Il a cogité toute la nuit après la discussion avec Matt et là, il se dit qu'il ne peut plus hésiter. S'il ne le fait pas, peut-être que ce gars n'aura sûrement jamais l'opportunité de parler avec la tête de mule qui danse en bas. Ruben n'a pas totalement confiance en son propre jugement, hier encore il n'avait pas l'intention de changer d'avis à propos du voyage, mais ce matin...

     Il soupire en y repensant. Ce matin il a trouvé une photographie dans son sac, celle de son grand-père avec son ancien petit-ami. Il sait que c'est Matthew qui l'a glissé dedans, c'est évident. Revoir le sourire béat de son aïeul a eu l'effet escompté, c'est sûr. Nolan lui a brisé le cœur, pas de doute là-dessus, toutefois...

     Est-ce possible que cela soit encore si douloureux après tant d'années ? Est-ce que son grand-père est encore amoureux de cet homme ? Sinon pourquoi cette réaction inattendue la dernière fois ?

     Tant d'interrogations, mais aucune réponse. Si les allusions de cet américain sont vraies, peut-être que son père lui aussi est toujours amoureux de Papy.

     — J'ai besoin de votre aide.

     — Pour faire quoi ?

     — Pour convaincre Monsieur Chastain de rencontrer mon père.

     Il avait l'air si désespéré.

     — Vous ne comprenez pas le degré d'urgence de la situation. Ça doit se faire cette année, je vous en prie ! J'ai pris une année sabbatique juste pour ça, je ne pourrais pas faire plus.

     Ruben ferme les yeux. Peu importe ce qui anime la folie de cette personne, l'adolescent sait qu'il aurait fait de même pour son grand-père.

      — Désolé, Papy, chuchote-t-il.

      Il retourne vers l'aspirateur et le débranche, puis il revient à sa position initiale, la poitrine martelée de coups. Il va de nouveau trahir son grand-père, mais c'est pour la bonne cause.

     Il lance l'appareil dans les escaliers, ce dernier fait grand bruit. Fabrice sursaute depuis la buanderie.

     — C'était quoi ce... Ruben ? RUBEN !

     Alors qu'il jette les serviettes à terre et ouvre la porte, un hurlement retentit dans la maison.

     — RUBEN !

     Affolé, le vieil homme se précipite aux escaliers. Dès qu'il voit la ligne des marches apparaître au tournant du couloir, la vue de son appareil ménager augmente son appréhension. Il était déjà vieux, mais le voir en pièce...

     Un gémissement malheureux retient son attention. Son petit-fils est assis sur quelques marches plus haut, le visage comprimé de douleur, il hurle à la mort.

     — Fiston ! panique-t-il.

     — J'ai mal !

     — Tu es tombé ? Où est-ce que c'est douloureux ?

Adieu, souvenirsWhere stories live. Discover now