Adieu, souvenirs

Bon plan

     Il fait moins chaud ce matin, pense Fabrice en se frottant le dos avec du savon. Après toutes ses tentatives pour refuser une balade avec l'américain, il a fini par céder à sa témérité. Il renverse sa tête en arrière en se frottant le cou. Il soupire en pensant au garçon de vingt ans qui l'attend de l'autre côté de la pièce, avec les fleurs magnifiques qu'il a apporté avec lui. Mais franchement ! Qu'est-ce qui ne va pas chez lui au point d'en arriver à succomber aux charmes de Nolan !?

     Les joues teintées de rose, il esquisse un sourire en sachant très bien pourquoi. Il administre le même massage savonneux à ses jambes tout en se ressassant les évènements des derniers mois. Il pense à la boîte à musique et à toutes les lettres poétiques qu'il a reçu durant toute cette période. Nolan est si jeune, mais Fabrice a totalement oublié ce détail face à la maturité de ses mots. Après tous ses efforts pour attirer son attention, il serait absolument vil de sa part de ne pas accepter une toute petite invitation innocente.

     C'est à nouveau l'été et Nolan est arrivé avant-hier. On dirait qu'il n'attendait que ça. Quand Fabrice l'a vu au moment où il se rapprochait de sa boutique, grand, beau et affublé de son éternel sourire enfantin, son cœur s'est affolé. C'était la première fois qu'il ressentait ça depuis les dernières vacances passées ensemble. Elles les avait rapprochés, mais de là à ce qu'il lui manque autant, Fabrice ne pensait pas cela possible. Même en cet instant, il a la poitrine douloureuse et le ventre qui fait des siennes. Fantini se moquerait de lui s'il pouvait le voir. Son meilleur ami a su le convaincre l'année passée, et honnêtement, il se demande s'il n'attendait pas juste cette excuse pour laisser l'occasion à Nolan de lui faire la sérénade. Il rougit violemment en se tenant le visage. L'américain a capturé son petit cœur et il a envie de voir où ça pourrait les mener.

     Alors qu'il se verse de l'eau puisé dans le seau avec son gobelet, peignant un tableau fort sensuel que lui seul est capable de faire, tandis que le liquide ruisselle le long de son corps svelte et ferme par endroit, un frisson bizarre lui parcours l'épine dorsale. Il a l'impression de ne pas être seul dans la pièce. Méfiant, il se retourne soudainement et voit la porte se fermer immédiatement !

     Hum ?

     Hummmm ?

     LE SALIGAUD !

     Nolan fait la prière quand Fabrice entre dans la pièce le regard noir ! Il ne porte qu'une serviette autour de la taille en guise de tenue. Ses cheveux mouillés absorbent la lumière qui passe par le balcon, lui donnant un air si follement sexy, que le jeune homme en face de lui ne peut tout simplement pas détourner les yeux. Il le trouve tellement beau, il est incapable de faire autrement. Ses hormones s'excitent et franchement il n'a pas le temps d'évaluer la situation.

     — TU M'ESPIONNAIS, PERVERS !

     — No... I... Je voulais juste voir où tu en étais. Tu étais long, alors je voulais savoir si t'étais toujours vivant. Je n'ai même pas tout vu... ou presque.

     Fabrice attrape son balai à manche et le menace avec. Nolan lève les mains en l'air !

     — Debout !

     Il obéit, tout en se focalisant sur le torse de son bien aimé.

     — MES YEUX SONT LÀ-HAUT !

     Nolan sursaute et le regarde dans les yeux. Il a cet air si innocent qu'on pourrait lui donner Dieu sans confession. Dans quoi est-ce qu'il s'est fourré avec ce gamin ? Exaspéré, il soupire, mais garde son air colérique.

     — T'es vraiment qu'un gosse... Va attendre dehors.

     — Hein ? Pourquoi ? demande-t-il offusqué.