Je continue je meure, j'arrête je te perds. On va continuer alors.

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Au manoir :

— Alors, dis-moi tout, Dim, s'impatienta Phara maintenant qu'elle lui avait raconté tout ce qu'elle avait réussi à glaner comme informations.

— Non, j'aimerais d'abord avoir plus de précisions sur cette Lila qui semble t'accorder pas mal d'extras, plaisanta Dim, qui aurait bien voulu être à sa place ce soir. Il avait bien entendu pleinement profité des prestations d'une femme nommée Saphir, grande rousse avec un physique à la Madelaine Petsch, mais il n'aurait pas été contre les petits "plus" dont sa patronne avait bénéficié.

— Bon, disons que je n'ai rien refusé. Maintenant, dis-moi ce que tu as appris, s'énerva-t-elle.

— Bien, si tu veux, alors je ne te poserai qu'une unique question : à qui tu pensais pendant qu'elle jouait avec tes seins ?

— Shut-up !

Il sentit qu'il devait obéir, car en plus d'être un sujet fâcheux dans l'esprit de Phara, ils étaient au manoir et, bien qu'endormi, Isa pouvait arriver à tout moment.

— Soit, alors voilà ce que je sais. Apparemment, Catia passe tout son temps libre avec le boss. Le fait qu'elle soit allée au bar la dernière fois pour te retrouver après t'avoir grimpé dessus était exceptionnel. En temps normal, même avec ses meilleurs clients, elle repart à l'étage du boss.

— À chaque fois ?

— Sans exception. Et ce n'est pas tout, ils se disputent énormément : peu importe qui passe devant le bureau, deux fois sur trois, ils entendent des cris. Après, il faut dire que de ce que j'ai compris, ce n'est pas le genre de femme qui se laisse faire et lui, il ne la lâche pas.

— Comment ça ?

— Il est très exigeant avec les filles, mais bien plus avec elle. Par exemple, elle ne peut pas sortir sans lui, jours de repos ou pas, il l'accompagne partout. De plus, elle est payée bien plus cher : elles tournent toutes autour de 2 000 000 par an, alors que Catia empoche 8 000 000 facilement, sans compter les innombrables primes qu'elle a en plus « pour des motifs débiles », si je dois reprendre l'expression de Saphir. Et si tu veux d'autres infos, elle a l'obligation de remettre tout ce que les clients leur donnent en plus en commun et de partager à parts égales pour l'esprit d'équipe, tu comprends, mais Catia garde tout pour elle...

— Et les autres ne disent rien ?

— Non, mais ça, je pense que ça peut s'expliquer par le fait que Catia est la doyenne. Elle les a toutes formées et aidées dans le métier, puis elle les couvre auprès de Snéfrou quand elles font des écarts. Disons qu'au Talia, c'est leur mère, une sorte de respect s'impose, alors elles ne disent rien.

— Tu sais autre chose ?

Phara était pendue à ses lèvres. Elle avait encore une fois eu raison de mener une enquête sur ce patron. Elle allait mettre toute son énergie sur le cas "Catia", bien qu'elle aurait pu la consacrer à des choses plus prioritaires. Comme par exemple sauver son couple avec la femme qui se tenait derrière le mur du salon depuis déjà une vingtaine de minutes, à écouter le moindre mot de leur conversation sans intervenir, mais sachant très bien ce qui lui restait à faire.

— Une chose : du haut de ses 33 ans, elle passe énormément de temps à pleurer et à trembler, mais elle est accro aux extas et autres jolies poudres blanches, si tu vois ce que je veux dire. Enfin, elle l'était, mais elle succombe encore de temps en temps, donc bon, pas très étonnant.

— Oui, enfin, rien de surprenant : elle travaille dans le milieu où la drogue a vu le jour, et à 33 ans, elle est toujours enchaînée à un patron misogyne, maniaque du contrôle. C'est normal d'exploser, je pense, conclut-elle en se levant et en tournant dans le salon, réfléchissant à ce que tout cela pouvait bien signifier. Au fond, il devait forcément y avoir une raison pour qu'il s'attarde sur une femme qui, vu son âge, ne devrait déjà plus faire partie de la boutique.

Et puis merde, l'erreur de l'amour n'est elle pas pardonnable ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant