Le bon nom, mais pas ELLE

57 6 10
                                    




Au manoir de Phara :

Toute la petite bande était accoudée au bar de la cuisine, en train de petit-déjeuner comme à l'époque, comme il y a quelques mois lorsque leurs vies à tous étaient des plus banales. L'ambiance était légère et agréable. C'était un beau tableau : Miranda en nuisette se faisait un chocolat chaud comme une enfant, Dim, portant un vieux short vichy et un sweat qu'il traînait depuis le lycée, avec son éternel combo café noir-clope. Elia contenait sa rage de voir Miranda se montrer aussi sexy à la vue de tous. C'était peut-être la seule ombre au tableau de ce moment si paisible.

— Dim, combien de fois je t'ai dit de ne pas fumer à l'intérieur de chez moi.

— Sorry dear, mais le spectacle de l'indécente Miranda en train de boire une boisson d'enfant de quatre ans était beaucoup trop drôle, répondit Dim à sa meilleure amie, qui venait de les rejoindre, elle aussi vêtue d'une nuisette, mais avec l'audace de porter une légère mousseline par-dessus.

— En parlant de ça... Elia lança un peignoir à son ex.

— Tu veux que je fasse quoi avec ça ?

— Que tu te couvres.

Elle aurait pu répondre par un pique, une réplique bien cinglante qui aurait mis la sensibilité d'Elia à rude épreuve et l'aurait fait taire, mais non, à la place, elle laissa tomber le peignoir et, s'aidant de ses bras, s'assit sur le plan de travail, remontant sa nuisette au point de laisser deviner son string à tout le monde.

— Miranda, enlève ton séant de mon plan de travail, intervint Isabella, qui, contrairement aux autres, était déjà tirée à quatre épingles dans un tailleur-jupe vert émeraude, sans accorder un regard à Miranda qui jouait de ses charmes pour énerver son ex.

— Bien, maman, souffla-t-elle. Et puis-je savoir ce que tu fais ici ?

— Je suis chez moi.

— Non, chez Phara.

— Miranda, laisse tomber le côté PittBull, s'il te plaît.

Une chose était certaine : Miranda pouvait paraître pour une femme légère et sans prise de tête, mais elle accordait une grande importance à la protection de ses amis. Elle avait mis des bâtons dans les roues de Catia pour qu'elle ne fasse pas de mal à Phara, même si cela n'avait pas particulièrement fonctionné. Elle ne laisserait pas une telle situation se reproduire avec Isa, même si, pour être honnête, elle était moins dangereuse.

Officiellement, Isa ayant quitté le domicile acheté par Phara quelques années plus tôt, elle n'était pas chez elle. Mais au vu de leur relation, bien qu'elle soit indéterminée, il n'était pas totalement faux de dire qu'elle l'était. Ce qui rendait son argument nul, alors pour cette fois elle laissa couler, espérant secrètement que Phara ne plongerait pas la tête la première dans ce que semblait prête à lui offrir Isa.

— Tiens, regarde le journal, annonça Isa en se faisant une tasse de café. C'était la seule femme relativement jeune de ce siècle qui préférait encore et de loin s'informer avec des journaux que sur Internet, bien qu'elle y fasse un tour de temps en temps. Elle tenait à ne pas déroger à sa routine matinale : café, journal puis re-café avant de se rendre à l'agence, où elle reprendrait un café. Il en fallait bien un litre pour vivre avec Phara, une femme vivant à 200 à l'heure sans se soucier des gens qui tentaient vainement de la suivre.

— On y parle d'hier.

— Oui.

— Et vous faites la couverture, accusa Elia, dont le côté professionnel prenait le dessus.

Et puis merde, l'erreur de l'amour n'est elle pas pardonnable ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant