CHAPITRE 1

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Matthew

Paris, 11ème arrondissement


Quitter Londres et ma mère n'est pas facile, mais c'est sûrement la meilleure solution pour nous. Ma mère est une femme forte, qui m'a élevée seule et aussi loin que je me souvienne, elle s'est toujours très bien débrouillée. Je n'ai jamais manqué de rien.
Je ne connais pas le connard qui aurait dû me servir de père. Quand il a appris que ma mère était enceinte, il n'est jamais revenu, et visiblement, ce n'est pas plus mal.
Mon géniteur ? Il a lâchement abandonné la seule femme qui était capable de le supporter et de l'aimer.
Elle était avec lui depuis toujours, elle l'a toléré, lui et ses changements de comportements plus exaspérants les uns que les autres d'après elle. Mais un soir, il a préféré se barrer, ou plutôt ne pas rentrer, laissant croître un creux profond dans le cœur de ma mère.
Le mien, mon cœur,
si j'en ai un,
n'est pas dans une forme olympique. Ce serait mentir de dire qu'une figure paternelle ne m'a pas manqué, mais j'ai appris à vivre avec.

Est-ce que c'est possible d'en vouloir à quelqu'un que l'on ne connaît pas ?

Nous avons toujours habité à Londres dans le quartier de Camden Town. J'adore Londres. Oui, les endroits touristiques sont vraiment emblématiques, mais ce que je préfère, c'est quand je suis seul dans les petites rues des quartiers de Notting Hill ou encore de Greenwich. Ces endroits qui habituellement grouillent de monde, qui ne lèveraient même pas la tête de leur putain de téléphone pour admirer toute la beauté qui se dégage de ces lieux.
Mais mon endroit préféré reste mon quartier.

Sous le ciel éternellement changeant de Camden Town, là où chaque coin de rue cache des souvenirs de ma jeunesse. Ces pavés usés, ces façades couvertes de graffitis, certains sont les miens, et ces ruelles animées ont été mon décor quotidien. Mon chez-moi.
Les notes stridentes de guitares électriques résonnent encore dans mes oreilles. Camden, avec ses bars de musique live légendaires, a bercé mes nuits d'inspiration et de frissons.
Les murs de briques qui ont vu naître mes rêves artistiques sont ornés de graffitis colorés, chaque trait, chaque éclaboussure, une expression de la diversité et de la créativité qui définissent ce quartier. Notre appartement est niché dans une rue paisible à l'ombre des marchés animés.

Mais aujourd'hui, je commence un nouveau chapitre, mon quartier bien-aimé s'éloigne de mes pas, mais il restera ancré dans mes souvenirs.

Paris, une nouvelle aventure.
Mes carnets trouveront de nouveaux horizons à explorer, mais je sais que, quelque part dans les ruelles tortueuses de Camden, une part de moi restera à jamais inscrite.

J'étais enfin chez moi.
Installé dans mon petit appartement du 11ème arrondissement que je devrais bientôt partager. Parce que oui, je n'ai pas les moyens de me payer un appartement en plein Paris, meublé avec deux chambres et deux salles de bain, faut pas rêver.
C'est donc une chance au vu de ma situation financière critique, voire catastrophique. Je n'aurais jamais eu les moyens de payer des meubles même si on avait partagé avec mon ou ma future colocataire. À peine mes cartons posés au sol, je m'écroule de fatigue sur le canapé. L'appartement est assez clair, tout est neuf et sobre, ça me convient parfaitement. J'ai toujours été quelqu'un de "simple".

J'aime les vêtements de couleurs unies, j'aime quand les détails n'attire pas l'œil a vrai dire même si mes bras tatouer attire très souvent l'attention de ces dames...

Quand je me réveille une heure plus tard, mes cartons décorent toujours la pièce, mais vu l'heure, je n'ai pas le courage de tout déballer. Une soupe de nouilles chinoises sera l'idéal devant Harry Potter.
Oui, j'aime Harry Potter et alors ?
La journée fut rude et sans étonnement, je tombe dans les bras de Morphée à une vitesse affolante.

☄☄☄

Pour une première nuit dans mon appartement, je dois dire que le canapé est très confortable, ce qui est une bonne chose. Je ne peux pas démarrer la journée sans une tasse de café.
Je cherche le carton où se trouvent les capsules ramenées de chez moi. Après environ cinq minutes à me perdre dans les cartons qui jonchent le sol, voilà enfin mes capsules.

Depuis des années, boire du café est un rituel. Je ne sais plus exactement à quel moment j'ai commencé à aimer ça, mais une chose est sûre, je haïrai son odeur pour toujours.
Pire encore, l'haleine fétide qu'il laisse une fois bu, c'est pour cela que je n'en bois que dans les endroits où je suis sûr de pouvoir me servir de ma brosse à dents juste après. Je suis un homme à cheval sur l'hygiène, c'est une chose à savoir.

Quatre heures plus tard, tous mes cartons sont enfin défaits. Je me suis bien évidemment permis de choisir dans laquelle des deux chambres j'allais loger, car ici, premier arrivé, premier servi. À mon plus grand bonheur, une bibliothèque ornait un des murs de la chambre, et par chance, la seconde aussi.
J'ignore encore qui est la personne qui partagera l'appartement avec moi, mais une chose est sûre, si elle n'a pas de livre, je me ferais un plaisir de récupérer sa bibliothèque.

La lecture a toujours été ma passion, et j'apprécie le fait que personne ne soupçonne à quel point j'adore ça. Chaque personne apprenant ma passion pour l'univers de la lecture me regarde les yeux écarquillés et la bouche béante. D'après eux, je n'ai pas le physique d'un lecteur. Flatteur, mais pas trop...
Donc bien sûr, les trois quarts des cartons qui ornaient le sol hier soir jusqu'à ce matin étaient remplis de livres. Maintenant, ils sont tous délicatement rangés dans un ordre que j'estime être parfait.
Par maison d'édition, il n'y a que ça de vrai !

À mon plus grand regret, je vais devoir mettre les derniers restants sur l'étagère dans le salon, car encore une fois, j'ai légèrement abusé sur la quantité apportée... Deux heures plus tard, un appartement rangé et une douche prise, je suis enfin tranquille. À peine posé sur mes draps propres, mon téléphone retentit.

- Matt, mon gars, t'es où là ? - Euh, chez moi. Je viens à peine de finir d'emménager. Pourquoi ?

Scott est un ami d'enfance. Il vit à Paris depuis trois ans et d'après lui, il mène une vie de débauche qui lui convient parfaitement.

- Ok, parfait, envoie ton adresse, j'arrive !

Je n'ai même pas eu le temps de répondre qu'il a déjà raccroché.
Scott est un mec gentil, un peu survolté parfois, mais je l'adore, et pour ce qui est de faire la fête, c'est le meilleur. Je lui communique donc immédiatement mon adresse. Le connaissant, il sera là dans une petite heure, histoire. Scott est réellement le mec le plus lent que j'ai jamais connu.
Enfin, je ne suis pas sûr que "lent" soit le bon terme. Si je devais utiliser un mot pour le décrire, je crois que j'utiliserais le mot "Retard".

La destinée de nos âmesWhere stories live. Discover now