CHAPITRE 2

20 1 2
                                    

- Paris

  Enfin, dans le train.
Après des adieux douloureux avec mon petit frère Raphaël, je dois avouer que je suis contente de partir loin de ma mère. Mon livre, un chocolat chaud et mon sandwich au blanc de poulet, me voilà sur la route de ma nouvelle vie.
   J'admets qu'une vague de regret me prend au ventre, laissant derrière moi mon frère et mes habitudes. L'espace d'un instant, je ne pense qu'à descendre du train. Les larmes qui roulent sur mes joues ne sont pas des larmes de tristesse, mais de soulagement.

Trois heures plus tard, je suis enfin arrivée à la gare Montparnasse. Je sors de la gare pour prendre l'air.
À mon plus grand bonheur, le soleil vient me caresser la peau et me réchauffer l'épiderme. Heureusement, deux jours avant mon départ, mon pass navigo fût livré. J'admets avoir angoissé à l'idée de devoir acheter des tickets de métro tous les jours. Cette pensée est loin derrière moi depuis l'ouverture de la lettre contenant mon pass Navigo.

C'est là que j'ai vraiment pris conscience de mon départ.                                                                     J'avais même sautillé d'excitation.

  Une fois dans la ligne 4, serrée comme je ne l'ai jamais été, j'ai compris que c'était le début de la vie parisienne.
Les gens ne connaissent pas le déodorant ?
À mon plus grand désespoir, j'avais un changement. En sortant du wagon avec ma grosse valise et mon énorme sac, je me sens projetée vers l'avant.

— Eh, fais attention, tu ne vois pas que je suis chargée ? dis-je, étonnée qu'il ne se soit même pas excusé.
— Pauvre tarée, on ne se balade pas avec une valise qui fait sa taille dans le métro, fais comme tout le monde, PREND UN TAXI ! me hurle-t-il en partant, l'air pressé.

   C'est donc cela l'humeur parisienne ? Je fais abstraction de cette altercation, et je poursuis mon chemin tant bien que mal jusqu'à la ligne 3.

   En sortant du métro, je me rends compte que le soleil disparaît peu à peu. En regardant mon téléphone, je vois vingt heures affiché. Sérieusement, comment le temps a-t-il pu passer aussi vite ? En arrivant dans ma rue, un sentiment d'excitation m'envahit, grandissant à chacun de mes pas. Me voilà devant la porte de l'immeuble. Je presse la sonnette de la gardienne car elle est en possession de mon jeu de clés.

   Une vibration retentit par la porte de verrouillage. Derrière elle, une petite dame d'environ soixante-dix ans m'accueille avec un large sourire qui me réchauffe le cœur.

— Bonjour ma douce, tu dois être Anna ? Anna Gilbert ? me questionna-t-elle gentiment.
— Bonjour madame, oui c'est moi ! répondis-je enjouée. — Oh, tu peux m'appeler Edith, entre, voyons, tu dois être épuisée.
— Merci, merci beaucoup, je rentre timidement dans l'immeuble sous son regard.
— Alors voici tes clés, toi et ton colocataire vous partagerez une place de parking. C'est pour ça que tu as un bipper sur ton jeu ! Les déménageurs ont appelé. Ils ne devraient plus tarder maintenant. Ils ont eu un problème sur la route, mais tout va bien.
Je t'aide à monter tes affaires ? enchaîna-t-elle. Edith a l'air très enjouée de ma venue, elle parle très rapidement. Elle a beaucoup de choses à dire apparemment, mais elle a l'air adorable.

— Oh, ça ira, ce n'est qu'au deuxième étage ! Mais merci pour votre accueil Edith, merci pour tout. Je descendrai quand les déménageurs arriveront, ils m'ont dit qu'ils m'appelleraient.

   Pour ce qui est de la place de parking, c'est une chose en moins dont j'aurai à me soucier. Pas de permis, pas de soucis.

— Pas de soucis, mon enfant. Bonne soirée à toi et n'hésite pas.
— Merci, Edith ! Bonne soirée également.

   L'accueil d'Edith m'a fait oublier l'incident du métro et m'a convaincu une fois de plus que j'avais   bien choisi mon logement. Arrivée devant la porte vingt-et-une, un détail m'attire l'œil : il n'y a pas de paillasson ? Quelle genre de personne n'essuie pas ses chaussures avant d'entrer chez soi ?

La destinée de nos âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant