IV - EL JEFE

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NILAJA

    Cet endroit n'est nullement différent d'une prison : des clans se sont formés, divisant chacun de leurs membres. Le groupe auquel je suis le plus rattaché est celui des Baker. Ils l'ont appelés tous comme ça car Enos Baker est le membre le plus ancien parmi eux, pour lui faire honneur. Ce sont ceux qui ont une maladie mentale mais qui arrivent plus ou moins à se supporter entre eux en faisant abstraction de cette dernière.

Oh, Nilaja! m'interpelle une voix me sortant de mes pensées.

Fahim secoue follement les bras au-dessus de sa tête pour me faire remarquer sa présence. Son mouvement me réchauffe légèrement le cœur.

Bon allez Nilaja. Tu ne vas pas laisser ta négativité impacter tout le monde.

J'affiche un petit sourire purement hypocrite sur mes lèvres et laisse mes jambes me guider jusqu'à eux.

— Où est Yûri ? demandai-je en remarquant une absence.

Mon corps frissonne au contact de la main d'Enos qui passe dans mon dos. Sans le vouloir, je me laisse aller contre lui, telle une jambe sur un rocher. En un seul geste, il en fait beaucoup plus que tout mon entourage en 2 ans.

— Qu'est ce qu tu nous as manqué, Nila!

Nassim courut vers moi, ses bras s'enroulant autour de mon corps. Il m'éloigna alors d'Enos, me porta et nous fit tourner dans les airs, m'arrachant un rire sincère. J'ai dû m'accrocher à sa nuque pour ne pas tomber tellement il était brusque et rapide. Cette étreinte est remplie de joie et d'amour. De tout l'amour qu'il porte pour moi.

— Mais ça ne fait que deux jours, Nassim, je ris.

Les autres patients et membres du personnels présents dans le réfectoire nous observent, le cri qu'a envoyé Nassim les a tous interpellé. Je ne sais pas si leur regard est rempli de jugement ou non, mais je m'en moque, je préfère enfouir mon visage dans son cou pour prolonger nos retrouvailles.

Un tour de manège plus tard, Nassim finit enfin par me poser au sol. Je lui envoie un sourire reconnaissant, les doigts lissant la bosse crée par son chignon, en vain. Il faut vraiment que je recommence à le coiffer.

— Eh bien, ça pue l'amour par ici, crache Jahir.

Nous revenons près de la table chacun à nos places initiales auprès des autres.

— Bah quoi ? Tu es jaloux ? le taquine Nassim.

Jahir balance les yeux vers le plafond face à la stupidité de cette réflexion.

— Son prénom compliqué, là, m'attaque Jahir.

Je fais mine d'être offensée en posant dramatiquement une main sur la poitrine.

— Il est plus beau que le tien, me défend Enos.

— Je confirme, renchérissent les autres en chœur.

La fidélité de mes patients me fait de nouveau sourire.

— Fahim, je trouve ça culotté de ta part, se défend le Jamaïcain.

Les deux hommes commencent à se chamailler comme à leur habitude, ce qui m'arrache un nouveau sourire. Même si en temps normal, j'aurai joué l'arbitre entre eux, je dois avouer que je suis un peu contente de les entendre se disputer. Cette ambiance m'avait manqué. Elle change énormément de celle qui règne à la maison depuis un certain moment.

Enos me sort de mes pensées en attrapant mon bras en le passant autour de son cou.

— Comment vas-tu, toi ?

VOLVER A AMARWhere stories live. Discover now