XV - EMOCIÓNES

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NILAJA

— Vous vous couchez tôt ce soir, hein ? Pas question de vous rendre dans la chambre de Nassim pendant la nuit, n'est ce pas, Jahir ?

Aux alentours de 20 heures, nous sommes tous réunis dans le réfectoire pour le repas. Assis autour de moi, les Baker alimentent une nouvelle conversation très passionnante au sujet de leur dernières sottises.

Pour une fois, le groupe est au complet, je peux les sermonner sans répétition. Hier soir, je les ai surpris dans la chambre de Nassim en train de papoter tous ensemble comme s'il était midi.

D'ailleurs, je ne comprends pas comment ce genre d'incident peut arriver sachant qu'il y a des caméras dans chaque recoin de cet hôpital et qu'une équipe est censée les surveiller 24h sur 24.

— Eh, pourquoi toujours moi, alors qu'Enos et Fahim viennent aussi avec moi ?

— Sale balance, lance Fahim.

— Attends qu'on se retrouve dans les couloirs, tu verras, continue Enos.

— Non non non, tu ne touches pas à Jahir, toi.

Ce dernier tire la langue à tous ses amis, fier d'avoir ma protection.

— Ta langue blanche là, murmure Fahim sans la moindre discrétion.

— Ah, ce soir c'est lui ton chouchou ? demanda Nassim à l'autre bout de ma table.

— Il a toujours été mon préféré.

Mes propos sont soulignés par un baiser que je lui pose sur la tempe, sous les cris et regards offusqués des quatre autres hommes, vexés, qui me tord complètement de rire.

En relevant la tête, j'aperçois Sebastián entrer dans la pièce, son plateau à la main. Vêtu de son fidèle t-shirt blanc qui met en valeur ses biceps, il cherche une table vide sur laquelle il pourrait déjeuner avant de croiser mon regard. Ses lèvres s'étirent d'un côté lorsqu'il hoche sa tête s'hoche pour me saluer. Notre échange visuel ne dure pas plus longtemps, car il repère une place et va s'installer.

— Oh Nila', tu nous écoutes ?

La voix irritée d'Enos à côté de moi me sort immédiatement de mes pensées.

— Hein, qu'est ce vous disiez ? Mais dites moi, enchainé-je sans porter attention à ce qu'ils me disaient, vous vous entendez bien avec le nouveau ?

Je désigne sa table de menton. Les Baker se tournent vers lui sans la moindre discrètion. Le principal concerné ne remarque pas les six paires d'yeux braqués sur lui, trop occupé à faire rouler sa balle sur la table.

— Ah, Colombiano là ? On ne lui a jamais parlé honnêtement, m'informe Jahir.

— « Colombiano » ? répeté-je, intriguée.

— Ouais c'est le surnom qu'on lui a donné ici.

Ridicule.

— Il a l'air sympa. J'aimerai bien devenir ami avec lui.

Tous les regards se tournent vers Yûri qui n'a pas prononcé le moindre mot depuis le début du repas.

What the hell ?

— Tu voudrais être ami avec le nouveau, toi ? demande Enos, qui je le sens, commence à s'agacer.

Enos aimerait qu'il réponde négativement à sa question. Mais malgré sa douceur innée, Yûri n'a jamais eu peur de dire ce qu'il pense, même si ce qui sort de sa bouche pourrait contrarier le doyen du groupe.

VOLVER A AMARWhere stories live. Discover now