XII - REGRESAR

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NILAJA

Toute la nuit, j'ai eu la sensation d'avoir des mains posées sur moi. Ses mains enroulées autour de ma cuisse qui remonte jusqu'à mes fesses. Toutes les zones de mon corps sont maintenant maudites par ces attouchements et pour la première fois de ma vie, je me sens réellement sale. J'ai beau eu me frotter avec toute sorte de fleurs de bain, me griffer jusqu'à la rougeur, rien n'y fait, je suis scellée.

J'ai l'impression que mon cœur a été coupé de toute émotion. Aucune larme n'a roulé sur ma joue, pendant et après ce cauchemar.

Je n'ai pas non plus porté plainte parce qu'il ne s'est rien passé de grave. Des femmes ont vécu des expériences beaucoup plus traumatisantes que la mienne, elles ont eu le malheur que l'agresseur aboutisse à son objectif. Mais moi, j'ai eu la chance que Dieu m'envoie un ange gardien tombé du ciel pour que ça ne soit pas le cas. Il a peut-être eu pitié de moi, Il s'est peut-être dit qu'après tout ce que j'ai vécu dernièrement, je ne méritais pas de souffrir encore plus.

D'ailleurs, cet homme, dont le visage m'est inconnu. Je ne pourrai jamais le remercier de m'avoir évité un traumatisme aussi profond.

Et puis qui l'aurait crû ? Moi, une infirmière qui vient déclarer qu'un homme aurait soit disant abusé de moi, sans aucune preuve.

Bon, j'aurais pu en être sûre si j'avais fait un tour chez le médecin. Mais ça non plus je n'ai pas eu le courage de le faire, par peur du jugement ou de lire de la pitié sur le visage ou tout simplement qu'ils ne me croient pas.

J'ai quand même eu la sagesse d'aller aux urgences à côté de l'hôtel pour soigner ma blessure à la cuisse. Par chance, elle n'était pas profonde et n'a touché aucun organe vital. Le médecin m'a prescrit du repos et lorsqu'il m'a informé que le propriétaire des locaux, Monsieur Muñoz allait passer dans la soirée, je lui ai assuré que ce n'était pas nécessaire.

Ce n'est pas que je n'aime pas la compagnie de Javier, mais j'aurai du mal à lui expliquer les origines de cette cicatrice.

Mon poignet aussi continue à me tordre de douleur, mais j'ai fait abstraction de ce détail devant le docteur.

Dès que je suis rentrée à l'hôtel et après avoir tenté de me purifier d'une douche température Fahrenheit 451, j'ai essayé de dormir. Puis je suis partie prendre le petit-déjeuner à l'aube comme si de rien était. Parce que la meilleure manière d'oublier, c'est de faire comme s'il ne s'était jamais rien passé.

J'ai mangé en ma propre compagnie. Ni Jaime, ni Sebastián, je n'ai pas non plus vu Javier et Emiliano n'est pas apparu pour me faire la cour. Tant mieux, je ne voulais croire aucun de ses hommes.

Mon seul regret est de ne pas avoir pu faire mes adieux à Adriana, le bout de soirée que nous avons passé hier était formidable. Grâce à elle, j'ai réalisé l'un de mes rêves, même si la suite a été un véritable cauchemar.

Dimanche. Jour de repos. En tant normal.

Sauf lorsque tu viens de terminer ton séjour assez... Particulièrement. Dans ce genre de circonstance, rester chez soi, seule, avec ses pensées en boucle, ne ferait que raviver les blessures.

J'ai donc rapidement repris du service. À peine ai-je terminé de mettre mes vêtements à la machine que je me suis enfouie à l'hôpital.

Toute personne normale aurait préféré rester chez lui que ce soit après un voyage ou juste après ça. Mais depuis bien longtemps mon être ne tourne qu'autour de cet endroit. Mes émotions dépendent de lui au même titre que mon humeur.

— Bonjour Nilaja, me salue le secrétaire.

— Bonjour, Isaac, lançai-je sèchement.

— Comment s'est passé votre voyage ? Vous n'étiez pas de garde aujourd'hui ?

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