L'oiseau quitte son nid

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Texte écrit le 17 octobre 2023

Elle vole la petite fille que j'étais. Elle pleure la pute que je suis. Elle vrille, en furie, hystérique. Mais elle brille, en folie, énergique. Et parfois, elle rechute, en silence. Comme une enfant qui a peur d'être surprise, elle cache. Mais elle implore de l'aide, ne serait-ce qu'un peu d'amour pour combler son manque. Et elle disait « ça va » avant. Puis elle dit « et toi ? » maintenant. Oui, elle voulait lui montrer qu'elle était forte, qu'elle ne souffrait pas. Mais ce n'était qu'une question d'égo, parce que ce qui l'aidait, c'étaient ses bras, c'étaient ses « je t'aime »., c'était elle, tout entière. Et lorsqu'elle a compris que son être ne supportait qu'une moitié et que les deux n'étaient pas compatibles, elle a hurlé, brûlé, écrasé. Elle venait de comprendre le verbe aimer. Elle comprit qu'il y manquait un b pour montrer à quel point l'amour, quel qu'il soit, pouvait abîmer. Ah oui, son cœur saignait. Il coulait d'amour. Tellement qu'elle en faisait des hémorragies. Elle aimait trop. Trop pour un seul être. Trop pour un corps si fragile. Trop pour une âme aussi vulnérable que la sienne. Mais elle ne voyait rien, obnubilée par son devoir : la sauver d'elle même. Elle échouait et jour après jour, le mur se rapprochait. Et elles se le sont prises, main dans la main, en pleine gueule. « Votre amitié est toxique » disait-on. Y en avait-elle une plus nocive que l'autre ? Nulle n'aurait su le prétendre. Et malgré tout, malgré ces « attention », elles tentèrent d'escalader le mur, sans se lâcher. Et cette fois-ci, elle tomba toute seule. Et cette fois-ci, le sang coulait vraiment sur son cœur tuméfié. Aujourd'hui, elle cherche, en vain, sa compresse qui s'empresserait de l'éponger, incapable de se soigner seule. Elle pensait aider en aimant, mais elle ne savait pas que chacun accueillait l'amour différemment. Elle ne savait pas qu'elle pouvait le contrôler. Elle n'y connaissait rien, c'était certain. Aujourd'hui, on lui demande de remonter à la surface, seule, sans se soucier d'elle. Mais elle n'a pas fait ce choix. Son cœur n'est pas décidé. Et elle sait que le combat ne commencera que lorsque ses idées changeront. En attendant elle souffre son absence. Elle a trop mal pour le supporter et elle a perdu espoir qu'un jour elle aimera sans b. Elle volait, la petite fille que j'étais. Elle pleurera, la pute que je suis.


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