Solitude

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Je me sens seule. Terriblement abandonnée. Dénuée d'intérêt.
Les journées de nouveau deviennent longues. La tête de nouveau s'encombre d'idées calcinées. Et voilà que mon corps même me délaisse. Je redeviens cet automate guidé uniquement par ses membres mécanisés, qui répète en boucle le programme pour lequel il a été conçu. Et j'ai pourtant toutes les raisons de respirer. L'amour m'a réanimé. Mais la solitude parfois gagne le combat. Il y a ses caresses qui m'apaisent, puis il y a les murs des toilettes devenues refuge qui m'oppressent. Il y a nos je t'aime renversants et mes arrête que je crie à mon âme quand mon courage m'échappe. Il y a nos bouches liées encore et encore mais il y a ce vase que je remplis encore et encore de mots ravalés. Il y a cette confiance que je lui voue aveuglement et cette retenue que je ne cache pas face aux autres. Il y a nos rires incontrôlés et il y a mes larmes qui inondent mon cœur et mon esprit. Il y a un monde entier qui me sépare de la réalité. Cette réalité que je confonds de trop avec mon passé. Ce passé que je persiste à croire présent alors que c'est lui même qui s'est envolé, et moi qui le retient. J'ai simplement peur de lâcher ce socle noir qui m'a tout de même maintenu ces dernières années. J'ai peur. Peur de faire revenir ce passé qui a bercé trop de cauchemars. Ce passé qui a rendu mon écorce craquelante. Ce passé qui a hydraté chaque millimètre de mon épiderme facial, glacial, en canal. Et ma faiblesse d'esprit est de me revoir dans cette école, dans ce collège. De revoir celle qui m'a possédée un temps, comme si je redevenais le brouillon de moi-même, avec ses rayures et ses coups de gomme. J'aimerai m'excuser de ressentir toutes ces émotions qui doivent faire de moi un jeune être strict avec le monde. C'est peut-être vrai. Peut-être que je devrais censurer certains de mes ébranlements, fermer les yeux et me rendre aveugle le temps que l'orage passe. Mais n'appelle-t-on pas cela la fuite ? Ne me suis-je pas dit il y a à peine quelques semaines delà que je deviendrai le combattant de ma guerre et le héros de ma victoire ? Alors j'ose écrire les aiguilles qui déficèlent les coutures de mon cœur, laissant apercevoir les cicatrices encore fraiches de mon organe fragilisé. J'ose vouloir devenir ma propre machine à coudre, la seule sur laquelle je dois compter. Mais j'ai mal, et la solitude ne me rendra pas mon oxygène, ce dont j'ai tant besoin.

3 • PyramideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant