𝟷 | 𝙰𝚕𝚎𝚢𝚗𝚊

65 11 14
                                    

Le froid glaciale pénétrait ma peau, me laissant des plaques rouges sur mes bras nus. J'étais habillée en débardeur dehors en pleine période d'hiver. Le brouillard enveloppait le paysage tel un voile mystérieux, mais ça ne m'empêchait pas d'entendre et de ne pas voir les arbres, soufflant à cause du vent. Ils se dressaient comme des sentinelles silencieuses. De jolies sentinelles de nature. Leurs branches nues s'étiraient jusqu'au ciel gris. Le brouillard autour de moi dégageait une atmosphère mystérieuse et silencieuse ce qui m'affriolait vaguement. J'étais assise à côté de la tombe de ma sœur, Sofia. J'écrivais sur mon journal encore sur sa mort et sur ce qu'elle m'a laissée en retour : des conséquences cruciales. Je la voyais tourner autour de moi et de sa tombe avec un sourire malicieux.

— Tu devrais me rejoindre, Aleyna. La mort est superbe. Tu ne rêvais pas de ça ?

— Je rêve seulement que tu disparaisses.

Elle s'approcha de moi et m'observa silencieusement pendant quelques secondes avant de reprendre.

— Et disparaître de la maison n'est pas ton rêve ? demanda-t-elle. Il suffit que tu me rejoignes, grande sœur. La route sur laquelle tu passes tes soirs pourrait t'aider.

Je secouai la tête. Je continuais encore et encore. Je ne m'arrêtais pas. Mes douces larmes salées 
coulèrent le long de mes joues.

— Laisse-moi ! criai-je.

Au moment où son fantôme disparut, je vis une ombre. Une silhouette à travers le brouillard. Elle se tint derrière un arbre, m'observant. Je commençai à paniquer. L'ombre ne bougeait même pas. Elle restait là, derrière cet arbre. La seule chose à laquelle je pensai, était d'appeler Giuliano et de disparaître. Je disparu à travers les brouillards et composai le numéro de mon copain, espérant que ce dernier décroche.

— Aleyna ?

Lorsque j'entendis sa voix, un soupir de soulagement sorti de ma bouche.

— Je voulais savoir comment tu allais, annonçai-je avec honnêteté.

— T'es encore dehors à cette heure tardive ?

Au Canada, ils avaient trois heures de plus que chez nous, à Seattle. J'ignorais dans quelle ville il habitait. Ma seule indication était le Canada. Étant donné que je lui avais dit que j'habitais à New York, on avait la même heure. À Seattle, il fit encore jour. Je voulais lui répliquer comme excuse que j'étais allée voir ma sœur à l'école, mais ça allait être insensé. Alors je ne dis rien.

Il ne savait pas que Sofia se promenait autour de moi, que sa silhouette volait dans l'air, tel un spectre hantant mes pensées. Il ignorait cette partie de ma vie-là, une ombre cachée dans les recoins les plus sombres de mon âme. Il y avait encore beaucoup de choses qu'il ignorait de moi, des secrets enfouis sous des couches de tristesse et de désespoir. Je détestais mentir, mais je le faisais pour me protéger du danger qui rôdait dans les ténèbres. Pourtant, entre nous, l'amour n'était pas un danger. C'était quelque chose de magique et de pur, une lueur d'espoir dans un monde obscur. Il n'y a pas de mensonges dans l'amour, mais dans mon monde, si. Alors, je mentais à l'homme qui apportait du bonheur dans ma vie tragique, remplie de malheur, noyée dans un océan de chagrin et de regrets.

— Je ne peux pas te protéger d'où je suis, Aleyna. Il faut que tu m'écoutes.

Mes pieds continuaient de marcher en direction de chez moi cette fois-ci, comme des marionnettes tirées par des fils invisibles. Mes pas l'écoutaient. Ils étaient manipulés par sa voix rauque.

— Alors viens, déclarai-je d'une voix étouffée, en remontant mon débardeur pour me protéger vainement du froid glacial qui s'insinuait dans mes os.

EVERYWHEREWhere stories live. Discover now