𝟸 | 𝙰𝚕𝚎𝚢𝚗𝚊

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J'observais silencieusement les familles qui défilaient devant moi, chacune abritée sous leur parapluie. Le temps était humide, froid comme j'aimais. Ils passèrent devant moi alors que j'étais assise à les dévisager. Même dans la pluie, ils étaient heureux. J'apercevais le bonheur, la joie sur leur visage. Je regardai mes habits s'imprégner de la belle pluie : ma veste en cuir, mon haut rose épousant ma peau et mon pantalon bleu.

Je tripotai mes doigts alors que mes yeux étaient bloqués sur une petite fille qui faisait un bisou à son père. Mon cœur se serra à la vue de cette belle image qui me faisait pourtant mal. Je ressentais la douleur qui montait jusqu'à mon cerveau, me provocant un mal de tête. Ma gorge se noua et mes larmes menacèrent de couler. Je me mordis l'intérieur de ma joue, luttant à tout prix de pleurer devant tout le monde.

Mais mes efforts furent vains. Les larmes glissèrent lentement le long de mes joues alors que je regardais mes Converses se gorger d'eau, témoins silencieux de ma peine.

— Pourquoi tu pleures ?

Je relevai la tête vers mon interlocutrice. J'écarquillai les yeux et je dégageai mes larmes de mes joues qui continuèrent à couler. La petite fille s'assit à mes côtés et posa sa main mouillée à cause de la pluie sur la mienne.

— C'est une maladie qui fait que mes yeux pleurent tous seuls, mentis-je avec un sourire tendu.

Sa capuche glissa de sa petite tête, et je la remis délicatement en place. Les reflets bleus de ses yeux me rappelaient étrangement ceux de Giuliano.

— J'ai eu peur. Je n'aime pas voir les gens tristes. Ça me fait mal à mon petit cœur, confia-t-elle avec une sincérité désarmante.

Je me mordis la lèvre inférieure, luttant contre l'envie irrépressible de sangloter. Je forçai un sourire sur mes lèvres, dissimulant mes émotions derrière une façade de calme apparent.

— Tes parents sont où petit cœur ? demandai-je.

Elle pointa du doigt ses parents qui étaient en train de rire avec un autre enfant.

— C'est mon petit frère, Noam. Mes parents le préfèrent, je suis sûre. Ils ne font pas beaucoup attention à moi, mais je ne suis pas jalouse. J'aime beaucoup être seule, confia-t-elle avec une tranquille maturité.

J'écarquillai les yeux, étonnée par sa sagesse précoce.

— Tu as quel âge ?

— Six ans, dit-elle en souriant. Et toi ?

— Vingt-quatre.

— Mais t'es une maman ! s'exclama-t-elle, les yeux brillants d'innocence.

Je ris doucement à sa remarque, observant que la pluie avait finalement cessé.

— Je t'assure que non. Je vais encore en cours.

— Peyton, viens !

Peyton.

— Mes parents m'appellent. Je dois y aller. On se reverra, hein ? Je viens souvent ici, dit Peyton avec un regard empreint de douceur

— Oui, bien sûr, Peyton.

— Tu t'appelles comment pour que je ne puisse jamais t'oublier ? demanda-t-elle, les yeux pétillants d'innocence.

— Je m'appelle Aleyna.

Elle me sourit et elle se blottit dans mes bras. Je me crispai légèrement à son contact, submergée par une vague d'émotions.

— À bientôt, Aleyna, murmura-t-elle avant de s'éloigner.

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