2. Nouvelle année ✨

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" Mademoiselle Hermione Granger "

Je m'avance prudemment dans la direction indiquée par le directeur et rejoins les autres élèves de ma classe. J'ai l'impression que tout le monde me regarde, qu'ils voient ma différence. Je me sens jugée, épiée, analysée. Je déteste cette sensation des regards sur moi. J'ai l'impression de ne pas être à ma place. Mais je le sais, je le sens, je ne suis pas à ma place.

Il y a une dizaine de personnes avant moi dans l'ordre alphabétique. Ils me regardent les rejoindre. Faire face à autant de paires d'yeux c'est énorme pour moi.

Ils ne me disent pas à un mot. Certains se saluent quand ils se voient. Mais je reste de côté, rejetée, jusqu'à ce que notre professeure nous emmène en classe.

C'est une grande salle, large et profonde. Les tables sont réparties par deux en quatre colonnes de quatre rangées. J'en déduis que nous sommes trente-deux.

Évidemment, les places ne sont pas attitrées. Je me retrouve donc seule, à regarder où je peux encore en trouver une moi aussi.
Il en reste une au fond, alors je m'y dirige et salue ma voisine.

Elle me toise du regard, l'air de se demander de quel droit je lui parle. Puis elle se retourne vers ses amies et reprend la discussion que j'avais interrompue.

Je m'assoie lourdement sur ma chaise.

Super. Déjà, on me snobe, ensuite je dois supporter une peste à longueur de journée et en plus, je ne vois rien d'où je suis. Je sens que la journée commence bien. Je suis déjà prise pour une folle par la plupart de ma classe.

La journée fut longue et pénible. Personne ne s'est intéressé à moi. Et je n'ai pas non plus cherché à m'intégrer dans un groupe. Ils se connaissent déjà tous, ou presque, et me jettent de regards qui me garde de les approcher.

  ***

Une fois à la maison, je dois en plus supporter ma grande sœur qui ne me parle jamais, elle fait comme si je n'existais pas, et mes parents qui ne m'ont jamais montré tout leur amour comme ils le font avec ma sœur.

Sybille a toujours eu toute leur attention. Elle a toujours eu ce qu'elle voulait. C'est une peste pourrie gâtée. Elle a un caractère de cochon. Elle vit pourtant dans un monde tout rose. Mais la tâche sur son magnifique tableau, c'est moi. La sœur dont elle n'a jamais voulu.

Après, il faut bien admettre qu'elle est talentueuse. Elle excelle en dessin, en peinture, en chant, en danse, elle joue du piano et du violon... Mais elle n'est pas humble. Pas du tout, c'est même tout le contraire.

Moi à côté, je ne sais pas faire grand chose. Je n'ai aucun talent. Juste de bonnes notes. La seule autre chose dont je peux être fière, c'est mon physique.

Je suis jolie. Plus que Sybille. L'une des nombreuses raisons de sa haine. Elle est jalouse.

Mais malgré ça, je reste inintéressante. Pas de véritable qualité, pas de personnalité séduisante, pas de vie incroyable avec un million de potins à raconter. Rien. Je n'ai jamais plu. Je me demande même si ça arrivera un jour.

J'ai perdu espoir. Depuis longtemps. Je ne crois plus en mes rêves; je ne pense plus pouvoir être appréciée un jour par quelqu'un d'autre que ma mamie, de mon âge; je n'espère plus faire la fierté de mes parents; je n'attends rien de la vie. Je fais juste ce que je dois
faire. Comme me lever le matin, aller au collège, faire mes devoirs, mes tâches ménagères quotidiennes... Ma vie est vide de sens.

Au départ, je faisais ce qu'on attendait de moi en attendant de la fierté, de la reconnaissance, de l'attention, de l'amour. Car je croyais aux miracles et aux rêves que j'avais. Plus maintenant. Je vis pour ne pas mourir. Et simplement parce la mort ne pourrait rien m'apporter de plus de toute façon.

  ***

La routine de cette nouvelle année a commencé. Je fais tout mécaniquement. Dormir. Manger. Étudier. Manger. Me laver. Manger. Dormir. Et supporter toutes les moqueries dont je suis victime.

La seule chose qui me sort de mon robotisme, c'est la lecture. Je lis. Beaucoup. Sans arrêt. Des livres de plusieurs univers différents. Tout me plaît.

Sinon, quand je n'ai plus rien à lire, je vais dans une brocante ou un vide grenier. Et ensuite je fais un détour par la bibliothèque avant de rentrer. Marcher aussi me fait du bien.

Mais je stresse. Tout le temps. À cause de mes camarades. Ils me font peur. Ils sont méchants, cruels avec moi. Au quotidien. Mais je ne peux même pas me défendre.

Je n'ai jamais su dire ce qu'il fallait quand il le fallait. Et ça ne s'arrange pas. Sauf que je ne peux pas utiliser mes pouvoirs, c'est impossible. Je ne les contrôle même pas ! Et je ne sais même pas de quoi je suis capable. Je ne peux pas non plus me battre, ils sont plusieurs sur moi à chaque fois.

La plupart du temps des gens de ma classe, dont mon insupportable voisine, mais aussi leurs connaissances plus âgées. Et donc plus grandes, plus malines, plus fortes.

Je suis tous les jours abandonnée aux Enfers. Avec mes tortionnaires, et leurs cheffes Adélaïde et Isadora.

Special Girl Where stories live. Discover now