Chapitre 1

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June.

Quand j'ai appris que ma meilleure amie allait partir, j'étais dévastée.
Elle était tout pour moi. Et même si elle me promettait déjà de revenir de la Belgique pour les vacances, qu'on s'appelerait tous les jours en FaceTime et qu'elle me raconterait toutes ses histoires avec les garçons là-bas, je savais que rien ne serait plus jamais pareil.

Alice était sociable. Très sociable. Tellement sociable que je savais qu'elle pouvait me remplacer d'un jour à l'autre. Elle est capable de se faire des amis en 30 secondes.

Je crois que c'est sa plus grande qualité. Et j'avais - j'ai - tellement une confiance aveugle en elle, que je n'ai jamais douté qu'elle ne le ferait pas.

Cette fille, c'est mon âme sœur amicale, mon seule point de repères. Pour rien au monde je ne douterai d'elle. Et cela, même si je ne comprends pas pourquoi elle semble m'aimer autant que moi je l'aime, ni pourquoi je semble l'avoir sauvé autant qu'elle l'a fait pour moi.

Je me souviens avoir appris qu'elle partait en Belgique en milieu de l'année de première, juste après les vacances de Noël.
Ce jour-là, j'ai senti mon cœur se fracturer. Et je mourrais d'envie de lui dire de ne pas m'abandonner, que je ne pourrai jamais supporter son absence, que je préférai mourir plutôt qu'elle me quitte.

Mais comme d'habitude quand je souffre, je me tais. Alors, j'ai souris. Je l'ai encouragé à contrecœur, je l'ai encouragé de tout mon cœur.
Parce que même si je ne voulais pas qu'elle parte, je savais que je devais l'encourager. C'était - c'est - ce qu'il y a de mieux pour elle. Et c'est ce que je veux, ce qu'il y a de mieux pour elle.

C'est donc exactement ce que je lui ai dit.

Je l'ai encouragé jusqu'au bout. J'ai profité d'elle jusqu'au bout. Même si, à mon plus grand regret, il y a pleins de fois où je ne l'ai pas assez fait.

Je pense par exemple aux vacances de février de l'année scolaire dernière. Elle m'avait invité mais j'avais dû décliner l'invitation.
Mon cœur était tellement meurtri que je pouvais sentir ma fracture encore fraîche me faire mal.

Mais bon, cela n'a plus d'importance - j'imagine- vu qu'elle est partie.

Malgré tout, malgré son départ, me voilà. Assise sur une chaise d'école en ce jour de rentrée. Sans elle.

-Mademoiselle Ceylis.

Je sors brutalement de ma rêverie en entendant mon nom pour l'appel.

-Oui, je réponds en levant la tête vers le professeur, avec précipitation.

Mot que je regrette directement.
J'ai parlé trop vite. J'aurais dû lever la main. J'aurais dû dire « présente ». J'ai dû avoir l'air tellement bête.

Tu es bête, June.
Bête.
Bête.
Bête.

Le monde ne nous a pas épargnéHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin