Chapitre 8

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Je peinais à y croire, et pourtant son regard m'affirmait ses dires. Yediel était bel et bien sérieux. Je n'avais pas vraiment de réaction, j'en manquais atrocement ces derniers temps. Mais j'appréhendais tout de même, et me posais des questions. Le roi ne le remarqua pas dans mes yeux qu'il observait profondément. Il cherchait un rien qui pouvait l'informer sur mon état.

Je me décidais donc à rejoindre ce gigantesque arbre pleureur qui trônait au milieu du jardin d'intérieur où l'on se trouvait. Son feuillage orangé était somptueux. Je ne voulais plus le laisser m'examiner. À la place, je me contentais de faire semblant de m'intéresser à toute cette nature tout autour de nous.

― Tu n'es pas curieuse.. Dayle ?

― Non, car je sais que tu vas me le dire.

Mon ton détaché le fit tiquer, quand bien même il appréciait ma réponse.

― Et bien.. je me tente à te laisser deviner par toi-même cette fois-ci.

Je me retournais vivement, ne m'attendant pas à cela. Yediel, qui voulait me faire jouer les devinettes ? Qui refusait délibérément de me partager un vulgaire secret ? Lui qui avait habituellement plutôt l'air de vouloir tout partager avec moi..

Le roi se leva et vint me rejoindre, les mains derrière le dos, le menton relevé. Il sentait la royauté à des kilomètres, et même un aveugle le remarquerait. Je m'obligeais à me tourner vers lui, les bras croisés.

― Je te dirais simplement trois mots. Il rapprocha son visage du mien. Soleil, cercle, et.. sceptre.

Puis c'est ainsi, que le roi prit congé. Il me délaissa avec ces trois mots-là. Je fronçais les sourcils, complètement à l'ouest, incapable de deviner ce qu'il avait derrière la tête. Je ne voyais pas où cela pouvait bien être et je n'étais pas vraiment d'humeur à réfléchir.

Soleil..

Cercle..

Sceptre..

Peu importe, j'abandonnais sans réellement essayer. Je me disais que probablement, cela me viendrait tout seul, un jour, un instant, quand je m'y attendrais le moins. J'étais fatiguée, en toute honnêteté, et j'avais comme l'impression que mes nuits de sommeil n'en étaient pas uniquement fautives.

Alors, je me dirigeais vers mes appartements, droit vers ma chambre, et décidais lestement de me coucher. Le regard lointain, l'esprit flou. J'airais, je ne savais où, laissant le froid occuper la pièce. Il faisait si froid. Mon corps tremblotait, et je ne comprenais pas comment. Ma louve aussi, dans son coin, se mettait en boule.

Je ne voulais voir personne, n'entendre personne, simplement rester seule. C'était si soudain, ce ressentiment de solitude qui me tombait férocement dessus. Je le ressentais déjà avant, mais cette fois-ci, il venait de m'assommer d'une violente façon. Était-ce un effet secondaire du rejet ? C'est ce que je pensais.

Ma sieste d'un peu plus tôt, durant laquelle j'avais fait ce drôle de rêve, m'empêcha de dormir à présent. Ou bien j'étais juste bien trop loin et bien trop triste pour dormir. Catal venait souvent me voir pour vérifier, se rassurer. Elle ne voulait pas me laisser seule, quand bien même je l'étais, du moins mon cœur, ce qu'il en restait.

Je ne m'étais pas levé pour manger, je devais le faire, mais pour cette fois je n'en avais pas eu la force. Le manque était étonnamment fort et mon cou me brûlait. Ma marque me manquait, il me manquait. Mais je le détestais aussi, et je le devais. C'était toujours la même chose, et cela m'épuisait. Tout sans aucune exception.

DIMENSION - TOME 2Where stories live. Discover now