Rose Écarlate : L'étreinte [Hogwarts Legacy]

Chapitre 3

Royaume-Unis de Grande Bretagne et d'Irlande,

Fin de journée du vendredi 9 mars 1888

Victor finissait ses préparatifs. Face au miroir, il s'observa exhiber les couleurs et le blason de sa famille. Il avait tronqué son manteau pour une veste bleu marin avec une rose rouge brodée à l'emplacement du cœur, tandis que des ronces longeaient les pliures du col en V. Dessous ressortait la blancheur de sa chemise. Son objectif était l'honneur de son nom, mais surtout de rassurer la jeune fille en évitant de trop s'imposer. Il n'osait imaginer la terreur qui devait l'habiter et il ne doutait pas que l'annonce de leurs fiançailles avait dû faire l'effet d'un Bombarda ; lui-même avait été pris de court. Depuis, Victor s'était apaisé, sans pour autant mettre en place ses propres plans. Un exemplaire du nouveau contrat de fiançailles était entre les mains d'Ezekiel. Le sachant ambitieux, Victor jouait sur cela pour imposer ses conditions. Si l'héritier Gaunt refusait, pas de mariage. Pire, Victor se retirerait de l'alliance entre les deux familles. Cela signifiait que les Gaunt n'auraient plus l'appui de Victor et du réseau sous son emprise ; Leander regrettait davantage son choix de lui avoir légué tant de filiales. La sensation de voir son empire se diviser s'accentuait ces dernières semaines.

Dans un soupir, Victor pensa à Davina Gaunt. Il se souvenait de son arrivée à Poudlard, de son intégration sans surprise à Serpentard, de cette enfant téméraire et aventurière. À plusieurs reprises, elle avait été prise en flagrant délit de vagabondage nocturne, de complicité de mauvais tours. Il se rappelait leur premier échange, de cette première fois où ils s'étaient vraiment croisés et où ils avaient partagé quelques mots. Victor était alors préfet et il avait usé de son statut pour couvrir l'étudiante. Il avait assuré à la bibliothécaire que la Serpentard avait été avec lui durant toute la matinée, et qu'elle n'avait donc rien à voir avec le chaos provoqué par des frisbees à dents de serpent. Par la suite, il avait observé sa camarade malicieuse et amusée par la situation.

— Tu n'auras rien en échange de ton aide, sache-le ! avait-elle répliqué.

Dans un rire, Victor avait rétorqué :

— Je le fais avec plaisir. J'ai un vieux compte à régler avec cette vile bibliothécaire, avait-il rajouté. Et j'avoue que l'idée de ces frisbees était intéressante. Je dois cependant te les confisquer.

À contrecœur, Davina lui avait alors remis les objets magiques. Ils étaient désormais interdits dans l'enceinte de Poudlard.

Victor secoua la tête en riant. En raison de leur différence d'âge et d'aucune année en commun, ils ne s'étaient jamais vraiment fréquentés. En revanche, il gardait un bon souvenir de cette époque. Le sorcier était convaincu qu'ils se seraient très bien entendu en d'autres circonstances. Malheureusement, aujourd'hui, leur destin se recroisait d'une manière inconfortable. Comment devrait-il se présenter ? En tant qu'ancien camarade pour éviter de l'effrayer et pour que cette soirée se déroulât dans les meilleures conditions possibles ? Soudain, Victor douta de lui. Pour le mage, elle était une étudiante et une ancienne camarade de la même maison, rien d'autre.

Mal à l'aise, l'héritier Rookwood effectua les cents pas avant que quelqu'un ne toquât à la porte de ses appartements privés. Il continua ses ronds sans un mot et sans accorder d'autorisation à l'intru. Puis, il se dirigea dans un recoin presque abandonné de sa chambre, vers une malle cachée au milieu de vieilles couvertures et de grimoires.

Il faudra que je songe à faire le tri ici, pensa-t-il.

Il ouvrit le coffre. À l'intérieur se trouvaient ses tenues de Poudlard, ainsi que divers livres et autres accessoires dont il n'avait plus l'utilité. Victor fouilla dans le fond, car il savait qu'il avait gardés ces frisbees. Le sorcier finit par les retrouver, les trois qu'il avait confisqué à Davina. Il aurait pu les jeter, mais ces objets faisaient partie de ses meilleurs souvenirs de sa scolarité. Et il avouait sans honte qu'il en avait également profité.