IV. Flowers cry

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Une semaine est passée depuis que cet être si étrange s'est évaporé. Elle m'a laissé, emportant ses mille secrets, me laissant avec mon infinité de questions. Feather ? Ça sonne bien. Enchanté Feather.

Il n'y a que ça qui m'occupe. Parcourir ces quartiers de Londres que je connais comme ma poche. Ces grands espaces qui me retiennent et m'empêchent de rêver. Leurs immeubles comme des murs de prison. Ces ogres de béton m'entourent, ils sont terrifiants. Qu'est-ce que les villes peuvent intimider ! Grises et étroites, je me promène en elles en étouffant. Il n'y aura jamais de mots pour décrire cette sensation. Cette douleur de vivre dans une création absurde qui révulse tout mon être. J'essaye d'avancer pas à pas en fermant les yeux le plus souvent possible. En comptant mes respirations, je me rends compte que je me sens mal. Pas seulement dans ces entités risibles, mais aussi dans mon enveloppe. C'est la misère de l'être.

— J'ai mal ! J'ai faim ! Hurle un garçon assis au coin de la rue.

Une voix d'enfant.

Un vendredi pesant de silence où le soleil écrase les pierres et l'horizon, un enfant pauvre est assis au coin d'une rue. Sale, ses vêtements sont sombres et déchirés. Ce qui m'intrigue particulièrement est son immobilité, qui semble infinie, perpétuelle — immortelle.

Dans le regard de ce jeune garçon, des secrets se cachent. Sa main gauche tremble et sa main droite est dissimulée au fond d'une poche ne laisse aucun doute. Tout me saute aux yeux. Je reconnais ces signes.

Des murmures sombres s'entrelacent entre nos deux présences troubles. Ce jeune garçon assis en face de moi n'est pas comme les autres, c'est évident. Quelque chose émane de lui, une odeur, une malédiction, un signe subtil ou un spectre errant. Pourquoi cela me fait-il tant frissonner ? Je pense à ses lèvres fines et inquiètes, épouvantées et épouvantables, comme si elles me châtiaient ou se confessaient. Sur sa peau légèrement rosée, je discerne des peines tues, écorchées, peut-être avortées, qui m'attirent, m'envoûtent silencieusement.

Le temps s'étire sur le béton terne, l'espace m'étreint. Mes poumons semblent vides, la vie semble absente. Quand je le regarde, j'ai l'impression qu'il n'y a jamais eu de vie en lui, ou peut-être depuis très longtemps. Un souvenir sombre aspire le peu d'éclat que je perçois encore dans ses yeux tristes, un peu plus à chaque seconde.

Je ne sais ni que faire ni quoi penser. Comment réagir face à un événement totalement inconnu ? Comment faire face à une toile vierge et déchirée ?

Il n'est pas lâche, mais plutôt indifférent. Ses yeux sont rivés sur moi, cherchant quelque chose ou tentant simplement de s'accrocher. D'une manière désespérée, absurde, son regard se pose sur moi, m'écorchant entre certaines secondes, à certains moments, pour exister ou se suicider. Il demande de l'aide. Parfois, il se suicide.

Il m'est impossible de l'abandonner. L'idée de laisser cette joute silencieuse s'oublier est impensable. Je reste là, debout comme un idiot, mentalement absent, sachant que j'aurais peut-être voulu qu'un inconnu me remarque à sa place.

Je fais face à un appel abstrait, une existence ambiguë. Mais aussi à une image, une chose indistincte, peut-être un souvenir.

Un creux me ronge, me tue ou me torture minutieusement, sans pitié, m'asphyxiant. C'est comme dans mes souvenirs lointains. Mes entrailles saignent, baignées dans cette lourde peine qui tente de remonter à ma tête, par ma gorge. Je lutte contre la noyade.

Sous le ciel pleurant, sur les pavés poreux, rien n'est pire, rien n'est plus hideux que de ressentir dans le vide de ses deux perles noires abandonnées, un souvenir. Celui des coups que je subissais vingt ans plus tôt.

Le secret des étoilesOnde histórias criam vida. Descubra agora