Chapitre 4 : Mary

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Il est encore là, tapis dans l'ombre de la réserve à me fixer sans dire un mot ni même bouger. Sa silhouette m'impressionne, elle est menaçante et me paraît musclée et immense, il pourrais m'écraser d'une seule main. Il a l'air d'une statue, immobile mais je peux clairement entendre sa respiration forte et saccadée, celle du prédateur prêt à fondre sur sa proie. Mais c'est son masque qui fini de me terrifier : Ghostface se tache de sang au fil des secondes qui passent et je sent le miens se glacer. Mes mains tremblent, ma respiration se coupe et je suffoque de panique quand il commence à s'approcher de moi. Ses pas sont lents, lourd et résonnent dans ma tête. La peur cisaille mes entrailles et je sent ma gorge se nouer et les larmes monter. Ma bouche s'assèche et je tente de bégayé quelque chose qui ne parvient pas à franchir mes lèvres.
Ghostface se rapproche de moi et il finit par s'arrêter à quelques centimètres. Il me surplombe, son ombre m'écrase et je l'entend à présent très bien : il inspire profondément comme pour humer mon parfum, s'en imprégnant.

- Ma petite Mary, souffle il d'une voix grave derrière son masque.

Je déglutit difficilement, cherchant de l'air et je ferme les yeux quand sa main se lève. Je les réouvre juste avant qu'il ne la pose sur moi et tout a disparu. Ce n'était qu'un rêve, je suis dans mon lit, transpirante et tétanisée et pourtant je vais devoir affronter une nouvelle journée de travail avec la boule au ventre.
J'expire longuement en essayant de reprendre mes esprit, Chili saute sur le lit et ronronne comme pour me réconforter. Je lui offre quelques caresses avant de me lever et de me faire couler un thé.
Je n'arrive pas à me débarrasser du sentiment angoissant d'être toujours suivie depuis hier soir, j'ai l'impression de voir ce masque dans chaque coin sombre. Ghostface me hante alors que je ne l'ai aperçue que deux fois hier, il a réussi à s'immiscer dans ma tête et à me rendre paranoïaque..

Je fait bouillir mon eau et dépose un sachet de thé vert dans ma tasse. Pendant ce temps je nourris Chili d'un bol de pattée au saumon et remplie sa gamelle d'eau.

- Tu serais incapable de me protéger, soupirait je en constatant l'embonpoint de mon chat.

Pour seule réponse, Chili se jette sur sa gamelle comme si il n'avais pas manger depuis une semaine.
Je le caresse encore quelques instant avant de revenir à mon thé. Le temps aujourd'hui est encore pluvieux et j'espère que l'été vas arriver plus vite que prévu car je n'en peux plus de la grisaille.
Je sirote ma boisson chaude en observant le soleil se lever vers l'horizon et oublie, pendant ce petit moment de plénitude, mes tracas.

A neuf heure tapante je suis devant Vinyl Mart Music, j'ouvre la porte et la première chose que je fait est de vérifier que la remise est vide et qu'il n'y a aucun fou furieux caché dans un coin sombre.

- Aller aujourd'hui c'est une journée calme qui s'annonce !, lançais je à moi même, enjouée.

Et effectivement ce fut une journée calme et productive : David est venu m'aider à fait l'inventaire de ses dernières trouvailles et notre meilleur client, monsieur Mayer nous a acheté la collection intégrale des Beatles en 45 tours.

- Je vais fermer la boutique ce soir tu vas pouvoir partir un peu plus tôt, affirme il en remontant ses lunettes sur son nez.
- Tu es sur ? J'ai rien de prévu je peux rester.
- Non non ça va aller, il ni a plus rien de spécial à faire et je ne pense pas être envahi par les client à cette heure ci !

Je remercie mon supérieur et regarde ma montre : 18h50. Oui bon, dix minutes c'est toujours ça de gagné. Je récupère mon manteau et mon sac à main et jette un coup d'œil derrière moi pour vérifier qu'il n'y ai personne dans la remise avant de m'en aller. Un frisson me parcours lorsque je pense apercevoir son masque mais ce n'est qu'une pochette de Vinyl de Calvin Harris.

Je salut David en partant et monte dans ma voiture. Je soupire, je n'en peux plus, j'ai l'impression de me sentir en danger permanent, poursuivis par une ombre que je n'ai même pas vu aujourd'hui. Peut-être que c'était une mauvaise blague ou simplement le fruit de mon imagination.
Demain c'est mon jour de repos, je vais en profiter pour me détendre et prendre soin de moi.
Je démarre le moteur et en cinq minutes je suis déjà stationné dans ma résidence. La pluie a enfin cessé de tomber et l'air doux et humide du crépuscule me fait un bien fou au moral. J'ai l'impression d'être dans la maison de mes parents, assise sous le porche à contempler la campagne.

Mais ce moment de tranquillité est de courte durée car en arrivant devant ma porte d'appartement quelque chose me dérange. La sensation poisseuse de ne pas être seule vient s'immiscer dans mes veines une nouvelles fois et j'ouvre la porte le plus silencieusement possible. J'ai les mains moites et tremblante et Chili ne vient pas me faire la fête. Il y'a quelqu'un chez moi. Quelque chose cloche et je n'arrive pas à savoir quoi, rien n'a bougé pourtant mais je crois entendre du bruit venir du salon.
J'avance lentement, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, mes mains sont de plus en plus moites et toute mon attention est dirigée vers ce bruit que je peine à discerner correctement. Cacher dans l'angle de l'entrée je me penche vers le salon et c'est la que je l'aperçoit : Ghostface.

Ma respiration se coupe et mon sang se glace, l'homme qui m'observait hier dans la remise du magasin est dans mon appartement, dans mon canapé. Il est habillé d'un jean noir et d'un sweat à capuche de la même couleur, il a des allures de cambrioleur comme ça. Il est installé nonchalamment, la tête penchée en arrière et c'est sa respiration que je perçois : lourde et erratique derrière son masque et je réalise bien vite pourquoi.
Je retiens un cris de stupeur en voyant qu'il se masturbe : son sexe est dressé dans sa main et il se caresse frénétiquement. Je ne peux m'empêcher de porter mon attention sur son entre jambe. Ces vas et viens sont de plus en plus rapide et il ne semble pas m'avoir vu... est-ce qu'il vas continuer de se toucher jusqu'à jouir ?
Mes joues s'empourprent à cette pensée. Mon dieu pardonnez moi. Sa queue semble si épaisse dans sa main, prête à exploser de plaisir. Je suis tellement absorbé par ce que je vois que j'en oublie qu'il est entrée par effraction et qu'il ne devrais pas être là.
Sa respiration se fait plus rapide et bientôt ce sont des râles qui s'échappe de sa gorge. Je sent qu'il les retient du mieux qu'il peut mais le plaisir a l'air de prendre le dessus. Sa main droite vas et viens de plus en plus vite pendant que l'autre saisit un coussin et l'enserre. Je sent le bas de mon ventre se crispé et j'étouffe un gémissement incontrôlé.
Dans un dernière grognement, Ghostface joui et son sperme se répand sur lui en grandes giclées. Je hoquete bruyamment de surprise et de gêne en observant tout l'obscénité du spectacle qui s'offre à moi et il relève la tête dans ma direction. Son masque me dévisage et la peur me reprend à nouveau : je cours me réfugier dans ma chambre et m'y enferme à double tour, à bout de souffle et tremblante.
Je reste silencieuse pour écouter ses pas : Je l'entend se lever, avancer dans ma direction mais il s'arrête sûrement à quelques centimètres de la porte de chambre. J'ai l'impression que mon coeur vas s'arrêter tant il bat vite mais je garde toute mon attention diriger vers l'homme de l'autre côté.
Il ne fait plus de bruit mais je sais qu'il est là.
De longues secondes s'écoulent avant que je ne l'entendent partir et claquer la porte derrière lui.
Je m'écroule au sol, les jambes épuisées, tremblantes et je repasse la scène en boucle dans ma tête, les mains sur la bouche comme si je réalisait seulement ce que je venais de voir. J'en frissonne encore, perdue entre la frayeur et une excitation nouvelle qui se répand dans mon ventre.

CHOKEHOLD - Darkromance stalkerWhere stories live. Discover now