bascule

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Maxime était en retard. Pas tellement surprenant venant de lui mais aujourd'hui était un jour spécial, un jour où, pour une fois, il aurait du être à l'heure.

Il avait à peine réussi à dormir la veille et s'était réveillé en sursaut ce matin, longtemps après que son réveil ait commencé à sonner.

Malgré son manque de sommeil, Maxime était surexcité. Les répétitions s'étaient achevées la semaine dernière et, enfin, le tournage allait débuter.

Sans surprise, il fut le dernier à arriver au studio et, à peine la porte d'entrée franchie, un assistant le poussa sans ménagement vers les loges, lui intimant de s'asseoir face à une des coiffeuses alignées contre le mur.

L'assistant revint quelques minutes plus tard, accompagné d'une maquilleuse et d'une tasse de café qu'il tendit à Maxime, ayant sûrement pris pitié à la vue des cernes profondes qui marquaient les yeux du jeune comédien.

Après que la maquilleuse ait produit des miracles sur le visage de Maxime, le faisant paraître bien plus fringant qu'il ne l'était, il se leva, poussant la porte de la loge et traversant le couloir qui le séparait du plateau.

En entrant dans la pièce, il aperçut Élian et Ben adossés à un mur et il leur adressa un petit signe de la main, tandis que ses deux amis mimaient une montre, se moquant de son retard.

Un peu plus loin, assis contre le lit au milieu de la chambre qui faisait office de décor, Sidjil relisait son texte, ses lèvres se mouvant silencieusement. En relevant la tête, il croisa le regard de Maxime et lui fit signe de se dépêcher.

« Enfinnn », soupira-t-il quand le plus petit le rejoignit, s'asseyant en tailleur à ses côtés.

« Désolé, j'ai eu du mal à m'endormir hier du coup je me suis réveillé en retard ce matin », s'excusa Maxime en soulevant sa tasse de café comme pour prouver qu'il était bien aussi fatigué qu'il le disait.

Le visage de Sidjil se défroissa, laissant place à une expression compatissante.

« Stressé ? ».

« Ouais, un peu », répondit Maxime en portant son pouce à sa bouche pour le mordiller. Sidjil retint son geste en attrapant son poignet, dont il caressa la peau sensible pour calmer le pouls qui s'affolait sous la surface.

« T'inquiète pas ça va bien se passer, je suis là ». Sa phrase suffit à apaiser un peu les angoisses de Maxime, qui lui sourit faiblement.

Les deux garçons sursautèrent, et Sidjil lâcha la main de Maxime, quand l'assistant réalisateur, Louis, tapa dans les mains pour demander le silence sur le plateau, avant d'annoncer le début de la prise.

La première scène était le début de l'histoire de Léo et Isaac. L'histoire de comment ils s'étaient découvert des sentiments l'un pour l'autre après s'être embrassé pendant la soirée d'anniversaire de Charlotte.

C'était cette scène là que les garçons s'apprêtaient à jouer. Cette scène où, enfermés dans une chambre, les deux meilleurs amis s'embrassaient pour la première fois.

Pendant les répétitions, ils s'étaient contentés de lire leur texte, ne jouant pas physiquement les scènes ; au plus grand soulagement de Maxime qui n'aurait pas supporté d'embrasser sans cesse son ami. Mais désormais la caméra tournait et les didascalies devaient prendre vie.

Après avoir échangé leurs répliques avec une aisance acquise au fil des semaines de répétitions, le moment tant redouté par Maxime arriva. Il devait embrasser Sidjil. Enfin, Isaac devait embrasser Léo.

Lentement, les deux garçons se rapprochèrent l'un de l'autre. Maxime ferma les yeux, comme le lui dictait son script, ce qui le priva de la réaction de Sidjil qu'il aurait bien aimé observer.

Pendant un instant il ne se passa rien. Ils restèrent figés, leur visage à quelques centimètres l'un de l'autre. Ils étaient si proches que Maxime sentait le souffle de Sidjil venir s'écraser sur ses lèvres.

Puis Sidjil posa une main sur sa joue avant, une seconde plus tard, de se rapprocher suffisamment pour venir combler la faible distance qui les séparait.

Il déposa ses lèvres sur les siennes, d'abord doucement, comme pour demander la permission, puis avec plus d'insistance quand la main de Maxime vint se glisser sur sa nuque.

En vrai professionnel, Maxime parvînt à rester dans son rôle alors qu'il rendait à Sidjil son baiser, réagissant comme il imaginait son personnage le faire.

Puis Sidjil se saisit de sa hanche pour rapprocher leur deux corps et approfondir le baiser ; improvisant, les conduisant hors des sentiers battus, loin des lignes parfaitement mémorisées du scénario.

Déstabilisé, Maxime eut comme l'impression d'être plongé dans une mise en abîme. Comme Isaac, il embrassait son meilleur ami pour la première fois et, comme Isaac, il était en proie à une illumination soudaine.

Aussi évident qu'Isaac aimait Léo, Maxime aimait Sidjil.

Ce qu'il avait pensé être rien de plus qu'un petit crush, une attirance bénigne, était en fait bien plus que ça. Et il s'en rendait compte au moment le moins opportun.

A peine la scène achevée et une pause annoncée, Maxime se détacha de Sidjil comme s'il avait été brûlé par leur contact, balayant la pièce du regard à la recherche d'un prétexte pour s'éclipser.

Il aperçut finalement Anaïs qui discutait avec l'ingé son au fond de la pièce. Elle avait rejoint le plateau pendant qu'il tournait et il n'avait jamais été aussi pressé d'aller lui dire bonjour. Il se précipita ainsi vers elle, interrompant sa conversation pour l'interpeller.

« Anaïsss, ma reus ! Comment je suis content de te voir ». Maxime accueillit l'actrice les bras grands ouverts mais celle-ci se contenta de lever les yeux au ciel en ignorant sa tentative de l'enlacer, trop habituée à ses excentricités pour lui accorder une réaction digne de ce nom.

« Comment elle t'a snobé ta sœur », se moqua Sidjil qui avait apparemment assisté à toute la scène et, surtout, l'avait apparemment suivi jusqu'ici malgré sa tentative désastreuse de le semer.

« Non mais on est grave comme ça avec Anaïs, toujours en train de se taquiner, pas vrai ? », se défendit le corse avec un petit rire forcé et un regard insistant lancé à la comédienne.

Son amie sembla enfin prendre pitié de lui, ayant certainement remarqué son appel à l'aide peu subtil.

« Mais grave, Max, mon giga pote à la compote », acquiesça-t-elle en ébouriffant ses cheveux déjà plutôt mal en point.
« D'ailleurs tu peux venir avec moi deux minutes ? Il faut que je te dises un truc sur Élian ».

Sans trop lui laisser le choix, elle commença à le tirer par le poignet en direction des loges. Alors que Sidjil faisait mine de se sentir trahi, une main posée sur le cœur, Maxime se justifia en montrant son bras prisonnier de la main d'Anaïs.

« C'est une prise d'otage ! Et puis, les ragots frère, je peux pas dire non », se défendit-il.

Sa dernière phrase eut le don de faire rire Sidjil, dissipant les résidus de tension qui subsistaient entre eux depuis la fin de la prise.

Se retournant vers Anaïs, qui le guidait toujours loin de l'endroit où ils avaient laissé le toulousain, Maxime articula un « Merci » à peine audible que son amie balaya de la main.

S'il avait réussi à désamorcer la situation cette fois-ci, il n'était pas sûr de pouvoir en faire de même la prochaine fois. Il fallait absolument qu'il anticipe mieux les actions de Sidjil et surtout qu'il garde ses sentiments sous scellés, pour se garder de compromettre la production - ou pire son amitié avec Sidjil.




⋆౨ৎ˚⟡˖ ࣪

il a un sacré ordre des priorités notre Maxime dis donc 🤨
après en vrai de vrai qui ne ferait pas passer son crush devant une opportunité professionnelle

il croustille ce chapitre non?? enfin un peu d'action on commençait presque à bailler avec ces deux là
bon après ça reste de l'acting (oui oui), on attend avec impatience qu'ils nous fassent la même chose pour de vrai

bonne nuit les amis (je devrais déjà être couchée depuis bien longtemps dios mios) 🫶🏻🫶🏻

frontière [maxime x djilsi]Where stories live. Discover now