Les ombres du passé !

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Narratrice extérieure

Le téléphone de Fatim Barry sonne, brisant le silence de la soirée.
Elle hésite un instant avant de décrocher, se demandant qui peut bien l'appeler à cette heure tardive.

Fatim : "Allo ?" dit-elle d'une voix prudente, son cœur battant la chamade.

- Fatim, c'est moi", déclara une voix familière, bien que déguisée.

Elle sent un frisson lui parcourir les poils en reconnaissant la voix. C'est Fatou Kaba, elle en est certaine. Mais pourquoi l'appeler ? Ça fait des années qu'elles ne se sont plus parlées. Alors pourquoi l'appeler maintenant, quand elle est heureuse et a tout ce qu'elle veut. Fatou appartient à un passé dont elle ne souhaite qu'oublier.

Elle : "Qu'est-ce que tu veux, Fatou ?" demanda-t-elle, son ton trahissant son mécontentement.

Fatou ne perd pas de temps.

-"Je sais ce que tu as fait, Fatim. Je sais tout sur toi. Et je vais tout révéler si tu ne fais pas ce que je te dis."

Fatim sentit son estomac se nouer. Elle sait exactement à quoi Fatou faisait référence. Son avortement, le secret qu'elle avait gardé enfoui au plus profond d'elle-même pendant des années.

Elle : "Comment as-tu eu ce numéro ?"
demanda-t-elle, tentant de comprendre si c'est bien un rêve ou la réalité

Fatou ignora sa question.
-"Je te donne trois jours. Trois jours pour quitter Ahmed. Sinon, tout le monde saura ce que tu as fait."

Fatim savait qu'elle était prise au piège.
Elle se retrouvait confrontée à un choix déchirant, un choix forgé dans les tourments de son passé tumultueux.

***Il y a 6 ans***

Fatim se tenait devant la porte délabrée d'un entrer-coucher miteux, un endroit où une vieille sage femme faisait des avortements clandestinement. Déjà à la porte, elle avait pu entendre les cris ressurgir de souffrance, étouffant son propre désespoir. C'était un lieu qui semblait enfermer toute personne qui entrait, dans un cycle sans fin de douleur et de regret.

Elle savait qu'elle était sur le point de prendre une décision qui changerait sa vie à jamais. L'avortement n'était pas une option qu'elle avait envisagée dans sa jeunesse. Au contraire elle se voyait dès  18 ans mariée avec un emploi stable, une vie bien rangée. La réalité était autre, la vie devenait dure et les Hommes s'écrasaient.
Mais alors qu'elle attendait dans l'ombre des couloirs sombres de la salle d'attente, elle savait que c'était la seule issue possible.

La voix rauque du père de l'enfant  résonnait encore dans son for intérieur. II avait été son premier amour, un jeune médecin, avec tous les critères physiques qu'elle recherchait, il était tellement beau que son visage resta empreint dans sa mémoire, mais dont la présence avait laissé une douleur indélébile sur son âme. Il lui avait promis milles et merveilles, et elle l'y avait crû mais à présent, là voilà seule, éteinte de toute clarté et tout cela parce qu'elle avait crû au prince charmant. En ce moment, elle en voulait à tous ces films, toutes ces séries et ces bouquins à l'eau de rose, qui rendaient naïves, imprudentes les jeunes filles. Et elle en voulait aux hommes, ces faux prometteurs, avec de belles paroles vaines, qui en plus d'être opportunistes, profitent tout moment inattentif de la gente féminine pour libérer leur animalité.

Il avait rapidement renié sa paternité, réduisant leur amour à un souvenir amer et brisé. Ses belles paroles s'étaient évaporées dans l'air, laissant place au silence glacial de la trahison.
Fatim avait été anéantie par cette révélation, se sentant trahie et abandonnée. Mais le coup le plus dur était encore à venir. Alors qu'elle se battait avec les débris de son cœur brisé, elle avait découvert la vérité amère: son premier amour était déjà marié,avec sa femme, ils attendaient la venue d'un enfant.

-Madame, suivez-moi !

La pièce était étouffante, le lit recouvert d'un drap tâché de sang, plongeait les murs couverts de tapisseries défraîchies et de souvenirs brisés dans une ambiance totalement funeste. Fatim perçut cela comme le prix à payer pour être entrée dans ce monde de péché et de désolation. Et même si elle devait mourir sous les mains non expertes de cette femme, elle pensait le mériter, parce qu'elle avait été trop faible d'esprit, qu'elle n'est pas réussie à garder sa chasteté ou parce qu'elle avait été trop sensible aux charmes d'un homme.
Les mains rugueuses de la femme la fit revenir à la réalité car aussitôt qu'elle introduisit une espèce de pince en elle, elle ferma les yeux, priant pour que tout cela se termine rapidement. Elle sentit une douleur terrible traverser son corps alors qu'elle se cramponnait désespérément dans l'attente de sa sentence : la mort.

La procédure fut rapide, trop rapide pour que Fatim puisse pleinement comprendre ce qui se passait. Elle se retrouva ainsi allongée dans cette puanteur, les lumières vacillantes de l'appartement jetant des ombres sinistres sur son visage pâle.

Son corps meurtri par la violence de l'acte qu'elle venait de subir, se remettait encore de sa deuxième perte de conscience. Elle se sentit vide, comme si une partie d'elle-même avait été arrachée de son être, laissant derrière elle un gouffre béant de douleur et de désespoir.
Sortant de cet enfer ce jour-là, Fatim se sentit comme si elle était née à nouveau, mais cette fois-ci dans les flammes de sa propre destruction. Elle savait qu'elle devrait vivre avec ce fardeau pour le restant de ses jours, le portant comme une lettre écarlate de sa propre culpabilité et de son propre fardeau.

***Retour dans le présent***

Fatim réalise désormais que le choix qu'elle a fait est la pire décision de sa vie, une erreur qu'elle regrette amèrement mais qu'elle ne peut plus changer. Au plus bas de son être, lorsqu'elle avait avorté, c'est là qu'elle avait rencontré Fatou Kaba. Elle lui avait ouvert son cœur et Fatou, avec son conseil cruel, l'avait poussée à utiliser son corps comme une arme de vengeance à travers la prostitution. Elle avait suivi ce chemin sombre pendant un certain temps, mais avait finalement abandonné lorsque la réalité cruelle l'avait frappé: ce sont les hommes qui profitaient de sa douleur.

Fatim et Fatou s'étaient éloignées, se perdant de vue pendant des années. Mais maintenant, avec Fatou à ses trousses, Fatim doit affronter les conséquences de son acte et surtout, veiller à sa survie. Si jamais cela venait à être découvert, notamment par ses parents, ils la condamneraient sans pitié.

Son unique alternative serait un mariage forcé avec un homme beaucoup plus âgé dans le village. De plus, elle sait que personne ne la soutiendrait; elle serait rejetée et évitée comme la peste.
Elle ne pouvait supporter l'idée d'avoir son image ternie de cette façon. Pour elle, la mort serait préférable à une vie marquée par la honte et le mépris des autres. Elle est désormais confrontée à un choix impossible: se battre pour sa survie et risquer la révélation de son secret, ou accepter un destin misérable et perdre tout ce qui lui reste de dignité et de liberté.

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Les Liens Du Destin (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant