Scandal | Ghost

Trente-troisième virage

Trente-troisième virage.

La réunion de rapport de mission fut plus courte que ce que Lord s'attendait (au plus grand soulagement de Scandal). Ils racontèrent leur visite de chacun des bars, mais n'avaient que peu de chose à dire sur eux... et Scandal répéta somme toute ce qu'il avait dit un peu plus tôt au sujet d'un grand homme brun à la carrure de militaire qui cherchait toujours un « Daniello Santiago ».

Jack et Ghost ne furent pas vraiment plus chanceux. Il avait somme tout eu accès à la même information qu'eux. Ce Revenge était un véritable fantôme.

Monster fronça les sourcils, embêté par le si peu d'informations sur lesquelles ils étaient parvenus à mettre la main malgré tous leurs efforts.

— Il faudra attendre qu'il vienne jusqu'à nous, affirma-t-il avec une pointe de découragement dans la voix.

— ... ou l'obliger à venir jusqu'à nous, ajouta Jack.

— Comment ? interrogea le chef du gang.

— En trouvant ce qu'il cherche avant lui, dit Scandal avec un air déterminé. Nous pouvons lui tendre un piège.

— Mais pour l'instant, on a aucune piste, soupira Lord.

— Je vais contacter Danger... ou plutôt Ghost le contactera... et nous verrons s'ils sont plus avancés de leur côté, finit par dire Monster à regret. Pour l'instant, c'est tout ce que nous pouvons faire. La réunion est terminée. Merci.

Scandal fut le premier à sauter sur ses pieds pour quitter le salon. Il y avait une drôle d'ambiance, une atmosphère un peu lourde... et le blond détestait rester là à ne rien faire. Être aussi impuissant devant la situation l'écœurait. C'était comme si tous les chemins se refermaient devant eux. La moindre piste se volatilisait. Et tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était de se terrer dans leur quartier général en espérant que Revenge finirait par commettre un faux pas... ou qu'il les attaque directement.

Le biker sentait qu'il avait besoin de se défouler et prit le chemin de la salle d'entraînement en se rendant à peine compte que Lord le suivait jusqu'à ce qu'il soit arrivé à destination. Il manqua de sursauter quand il finit par le voir.

— Purée, je ne t'avais même pas remarqué !

Lord croisa les bras et arqua un sourcil.

— Tu devrais être plus vigilant alors. Tu ne sais jamais quand un ennemi peut surgir.

Scandal secoua la tête et prit. Il afficha un sourire amusé et rétorqua plutôt :

— Tu m'as suivi, car tu crevais d'envie de venir m'admirer torse nu pendant que je m'entraîne ?

Une rougeur s'empara aussitôt des joues de Lord, mais il ne se laissa pas faire aussi facilement.

— Nan, je rêvais seulement de te mettre au tapis une fois de plus.

Maintenant qu'il était en pleine forme (et surtout pas alcoolisé), Scandal n'avait qu'à bien se tenir. Il n'avait aucune chance de remporter le moindre combat contre lui.

— Il faudrait vraiment que tu apprennes l'humilité, plaisanta le blond.

Lord roula les yeux.

— Et c'est toi qui me dis ça ? Comment peux-tu être aussi confiant, alors que tu perds à chaque fois ?

Scandal haussa les épaules.

— On ne peut pas savoir à l'avance si je vais perdre. Je ne suis pas devin. Et toi non plus.

— Je dirais que les statistiques de nos précédents affrontements ne jouent pas en ta faveur...

— Et si tu te tordais la cheville par mégarde en plein combat ? Tu ne peux pas être cent-pour-cent sûr de gagner.

— Je suis prêt à miser sur les quatre-vingt-dix-neuf pourcents restants. Alors, tu m'affrontes ou tu te dégonfles ?

— Tu sais que je ne refuse jamais un défi.

Scandal était trop facile à prendre au piège... Lord ne parvenait pas à comprendre comment une personne pouvait autant aimer perdre. À ce stade, il ignorait si c'était de la résilience... ou de la désillusion.

Lord se dirigea sur le tapis de combat, Scandal sur les talons. Le blond s'arrêta un moment et il fit passer son T-shirt au-dessus de sa tête, révélant une série d'abdominaux saillants. Lord dut se retenir pour ne pas les fixer trop longtemps. De toute façon, ce n'était pas la première fois qu'il voyait Scandal torse nu et il devait se concentrer sur autre chose : comme de le battre pour la millième fois d'affilé. Ce serait vraiment honteux s'il se laissait déconcentrer et que son ami arrivait à le mettre au tapis. Il avait un titre d'invaincu à conserver !

Ils se mirent en position, l'un en face de l'autre.

— Tu veux lancer le signal ? interrogea Scandal.

— Nan, je te laisse l'effet de surprise.

— Quelle générosité ! s'exclama ironiquement le blond avant de se jeter sur son ami sans prévenir.

Lord s'écarta sur son passage sans difficulté.

— Quelle prévisibilité, se moqua-t-il.

Cela n'eut pour effet que d'énerver un peu plus Scandal qui redoubla d'efforts. Il se jeta à nouveau sur Lord qui, au lieu de l'éviter, glissa sa jambe entre les siennes pour lui faire perdre l'équilibre tout en bloquant son coup de poing avec son bras.

Scandal tomba au sol, mais il entraîna Lord dans sa chute. Ils roulèrent sur le tapis en échangeant des coups. Juste assez forts pour faire mal, pas assez pour blesser.

Comme souvent, Lord se retrouva au-dessus de Scandal, le maintenant au sol avec son avant-bras pressé contre le haut de son torse pendant que le blond cherchait à se débattre.

Soudain, Scandal replia son genou et se rendit compte qu'il pouvait le frotter contre l'entrejambe de Lord. Un sourire calculateur étira ses lèvres et il s'exécuta.

Sous la surprise, Lord eut un moment de panique et relâcha la pression de son avant-bras. Ce fut suffisant pour que Scandal l'attrape par les épaules et le fasse basculer sous lui.

— Hé ! Ce n'est pas fair-play.

— Depuis quand les bagarres le sont ?

Lord chercha immédiatement à s'échapper, mais Scandal pressa davantage son genou contre son entrejambe maintenant qu'il avait une meilleure position pour le faire. Lord relâcha instantanément ses muscles en serrant les lèvres.

— Hmm... Tu le fais exprès ? Ça fait mal, idiot !

Scandal afficha un sourire victorieux : il semblerait qu'il ait trouvé la seule façon de battre Lord sur le champ de bataille. Et maintenant qu'il avait le jeune homme à sa merci, il allait en profiter, car certains sujets devaient être aborder sans que Lord ne prenne la fuite.

— Après ce qui s'est passé la nuit dernière, je me demandais si on allait un jour reparler de ça en fait...