La brûlure d'une braise T2

29 - Escort Girl

Je lève la tête face à l'immense building dressé devant moi. Caractéristique du style d'Ewen Adams, bien qu'il n'ait rien à compenser de ce côté là. Cette réflexion m'arrache un sourire rapidement effacé par l'angoisse.

Je reste devant l'entrée sans oser y pénétrer. Les pensées bouillent dans ma tête.

Il faut que je sois sûre qu'Ewen n'a pas changé. Que le silence à mes appels n'est rien d'autre que sa façon de prendre une nouvelle fois la fuite. Qu'au fond, pour lui, me faire céder n'était qu'un défi de plus qu'il aurait remporté cette nuit là.

L'agent de sécurité me toise, interpellé par mon aptitude à rester figer devant les portes. Sa façon de me dévisager me pousse à entrer avec embarras. Le parfait coup de pied au cul dont j'avais besoin.

J'entre et avance jusqu'à l'accueil des employés au rez-de-chaussée. La femme qui se tient derrière le comptoir sourit en me voyant approcher.

- Le bureau d'Ewen Adams est bien dans ce bâtiment ? demandé-je embarrassée.

- Dernier étage, il ne prend que sur rendez-vous alors il faudra vous présenter à sa secrétaire.

- Entendu, merci.

Je parcours rapidement l'espace du regard et aperçois les ascenseurs au fond. Je presse le bouton d'appel et les portes s'ouvrent face à moi. Je prie pour que personne n'entre aussi tandis qu'elles se referment sur la foule qui s'agite au rez-de-chaussée.

Il n'osera pas m'ignorer si sa secrétaire l'avertit que je suis là, non ? Et s'il refusait de me voir ?

La cage remonte avec une lenteur qui relève de la torture. Je remue du pied en attendant le moment où elle s'arrêtera. Les numéros s'illuminent les uns après les autres avant d'atteindre enfin le dernier.

Une sonnerie signale l'arrivée à l'étage de son bureau. Les portes s'ouvrent et je distingue rapidement le bureau de la secrétaire. Elle est plus vieille que ce à quoi je m'attendais, les rousses aux lèvres pulpeuses ne sont plus son style ?

En approchant, je finis par entendre sa conversation venimeuse avec un employé.

- Monsieur Adams ne peut pas vous recevoir maintenant.

- Dites-lui au moins que je suis là. C'est dans le cadre du rapport trimestriel, j'ai juste un document à lui remettre.

- Je peux m'en occuper si vous le souhaitez.

Elle tend une main pour saisir le papier mais l'employé éloigne aussitôt la sienne.

- Je préfère le remettre en main propre, je dois m'entretenir avec lui à ce sujet.

- Dans ce cas, je vous ai dit qu'il ne pouvait pas être dérangé pour le moment. Inutile d'annoncer votre venue, il vous suffit de repasser dans une heure.

L'homme expire lourdement puis se tourne en marmonnant des mots indéchiffrables. Il effleure mon épaule en passant près de moi.

La secrétaire s'apprête à me porter attention mais je me retourne et rebrousse chemin. J'attends que les portes de l'ascenseur se rouvrent en compagnie de l'employé. Lorsque nous entrons à l'intérieur, il m'adresse un simple regard perplexe avant de fixer sévèrement les numéros qui décroient.

La tension se brise lorsqu'il descend enfin à son étage. De mon côté, je retourne au rez-de-chaussée et, à nouveau immobile près de l'accueil, je me sens brusquement ridicule.

Qu'est-ce qui m'a pris de paniquer comme ça ?

Je regarde autour de moi mais mon comportement étrange semble passer inaperçu au milieu de l'agitation du hall. Ça ne servirait à rien de remonter maintenant, apparemment Ewen ne veut pas être déranger avant au moins une heure...