Chapitre 23

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_ Tu as fait quoi ? S'écria Belle en peinant à maitriser sa surprise.

Shama n'aspirait pas à confier sa mésaventure à son amie, mais le poids de la culpabilité était trop écrasant pour le subir seule.

Elle avait besoin de réconfort et savait que Belle était la seule à pouvoir lui offrir une oreille sans la juger.

_ Je regrette tellement si tu savais.

_ Tu n'as fait que prendre soin de lui. La rassura la blonde précipitamment ; Certes, tu n'aurais jamais dû t'aventurer dans les quartiers du roi, mais ça s'arrête là. Au-delà de cette bravoure, tu n'es pas en tort.

En effet, la jeune femme n'a pas osé tout avouer à son amie.

Elle a omis son impudence en espérant que ce soit le secret d'une nuit.

_ Il a pris mes tamponnements pour des caresses. Lui intima Shama dans un murmure, craignant que quelqu'un puisse les entendre.

_ Alors il est celui à blâmer. Il n'avait qu'à pas avoir l'esprit déplacé.

La brune écouta Belle rejeter la faute sur le cheikh en s'enfonçant dans les couvertures à mesure qu'elle décrivait son esprit tordu.

Elle avait cruellement honte en sachant pertinemment qu'il était innocent.

Il était celui à plaindre.

_ ... Ils devront te remercier d'avoir veillé sur lui.

Shama n'écoutait plus son amie. Elle repensait inlassablement à ce qui s'est passé plus tôt. A son insolence.

La jeune femme a violé l'intimité du cheikh sans vergogne rien que pour assouvir une soif insatiable, et pourtant, ce dernier n'a rien fait pour la punir.

Elle devait bien avouer qu'Asad a été assez gentil de l'enfermer dans sa chambre.

Si elle se referrait à l'image féroce qu'il renvoyait, Shama aurait pu croire qu'à l'heure qu'il est elle serait dans un donjon.

Un froid glacial parcourut son échine rien qu'en s'imaginant lacérée de coups de fouets sans aucune pitié.

Il fallait croire que ses serviteurs se seront fait une joie de la torturer.

Personne ne semblait la tenir dans son cœur dans ce palais.

Des servantes jusqu'au conseiller, ils la regardaient tous avec dédain, comme si elle n'avait pas sa place ici.

_ Belle, je te rappellerai plus tard. Souffla Shama en peinant à supporter ces images terrifiantes.

Elle voulait fermer les yeux et ne plus avoir à penser.

Elle voulait oublier cette nuit qui semblait loin d'avoir révélé tous ses mystères.

Il se faisait tard, et pourtant Shama avait le pressentiment que tout n'était pas encore fini.

Elle avait le mauvais pressentiment que ses malheurs ne faisaient que débuter.

...

Asad regardait les infirmiers ranger leurs affaires avec précaution, veillant à ce que le moindre son reste étouffé.

Seulement, son esprit, lui, était en proie au vacarme.

Loin du silence qui régnait dans la pièce, les cris qui se muaient en lui étaient lancinants. Encore plus douloureux que sa blessure.

Il ressassait les paroles de son frère en ayant du mal à étouffer sa culpabilité.

Il s'en voulait de l'avoir mal jugé.

Comment a-t-il pu croire que sa dulcinée était une femme aux mœurs légères ?

Asad ne se pardonnerait jamais d'avoir cru, ne serait-ce que pour une seconde, que sa belle était une femme dévergondée, familière avec la nudité d'un homme.

Cependant, il était bien décidé à compenser son faux pas.

Il ne savait toujours pas comment il allait réussir à réparer son erreur, mais il y'avait ce besoin urgent de revoir ce visage d'ange qui précédait tout.

Il allait s'excuser.

Encore.

Le cheikh allait s'excuser de sa belle et lui déclarer sa flamme.

Oui. Il avait pris sa décision.

Ce soir, le roi allait lui faire comprendre qu'il était empreint d'elle. Qu'il était victime d'un sournois coup de foudre qui dépassait tous les fondements.

Il le fera chaque jour s'il faut.

Il le fera jusqu'à ce qu'elle cède à ses aveux et qu'elle lui pardonne.

Seulement, son envie de la revoir se mua en un gouffre alors qu'il se tenait au pas de la porte.

Il y'avait une lueur presque vacillante qui filtrait du seuil, trahissant l'insomnie de sa belle.

On pouvait à peine entendre sa voix amoindrie à travers les murs épais, mais, au-delà de ces doux chuchotements, il y'avait une voix plus grave.

Une voix masculine qui n'échappa pas à son écoute aiguisée, le plongeant ainsi dans un abîme de trahison.

Le laissant mitigée entre l'impulsion irrépressible de clarifier la situation et l'envie insidieuse de s'effacer sans faire de vagues.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant