Tant que tu vis - Tome 2

Chapitre 55 : Le dernier au revoir

Il était déjà très tard lorsque Hermione s'inquiéta de ne pas le voir arriver. Il lui avait pourtant dit qu'il la rejoindrait pour vérifier l'avancement de la potion mais son absence avait eu le don de nourrir les idées les plus sombres dans son esprit. Voldemort aurait très bien pu solliciter sa présence soudainement mais attendre son retour n'était pas quelque chose qu'elle affectionnait. Depuis quelques jours, elle n'arrivait plus à se concentrer sur ses lectures. La bataille approchait à grand pas et elle ne cessait de se repasser toutes les étapes de leur plan afin d'être certaine qu'ils n'avaient rien oublié mais il fallait avouer que leur plan était le seul qui contenait le moins de failles. Bellatrix restait le seul inconvénient et si l'occasion se présentait à elle lors de la bataille, elle n'hésiterait pas à lui lancer un sortilège de mort s'il le fallait. Elle refusait d'imaginer un monde dans lequel elle serait encore vivante après la bataille.

Les rares fois où elle arrivait à penser à autre chose étaient ces moments où il l'avait emmenée dans son laboratoire pour lui expliquer toutes les répercussions que la Magie Noire pouvait avoir. Il lui avait montré ce que certains étaient capables de faire et pourquoi on ne les utilisait pas. Il avait joué son rôle de professeur à la perfection. Il était devenu si prévenant avec elle.

Elle parcourut le couloir glacial mais heureusement dénué de toute présence jusqu'à arriver à la porte de son bureau. Elle toqua trois petits coups mais elle n'entendit personne répondre. Elle décida alors de se rendre à sa salle de classe. Elle ne craignait pas la présence d'élèves puisqu'ils étaient dans leurs dortoirs mais elle avait tout de même avalé un filtre au cas où un autre professeur arpenterait les couloirs du château.

Chaque pas sur le sol en pierre du couloir du cachot augmentait les battements de son cœur. Ce dernier se calma lorsque la porte devant elle s'ouvrit.

- C'est moi, dit-elle.

Il s'écarta pour la faire entrer et prit soin de fermer la porte derrière lui.

- Granger, ce n'est pas parce que nous arrivons à la fin de notre collaboration que vous devez prendre autant de risques. Ce n'est justement pas le moment de se faire attraper.

- Je sais, dit-elle, mais j'étais inquiète de ne pas te voir arriver.

Elle s'approcha de son bureau dans la salle de classe et jeta un œil sur son travail.

- Pourquoi t'obstines-tu à corriger ces copies alors que la bataille aura lieu dans trois jours ?

Il reprit place sur la chaise derrière son bureau, prit la plume qu'il avait déposée avant de lui ouvrir la porte et reprit sa correction là où il l'avait laissée.

- Je ne vais pas m'arrêter de vivre maintenant, répondit-il solennellement.

- Veux-tu un coup de main ? demanda-t-elle tandis qu'elle retrouvait son apparence.

La plume sur le parchemin ne cessait de raturer tout ce que l'élève avait écrit. Elle sourit nostalgiquement en repensant aux copies de ses amis, Ron et Harry, qui étaient très similaires à celle-ci. Remplies de ratures, de mots griffonnés à la hâte dont l'écriture fine et penchée était reconnaissable entre mille.

- Tenez, dit-il tout en lui tendant une plume et un encrier rouge, vous pouvez corriger les évaluations des sixième année.

Elle le regarda sans bouger, l'air pantois.

- Prenez cette plume, Granger, je ne vais pas attendre éternellement votre bon vouloir.

D'un geste précipité, elle saisit la plume mais ne cessa de le regarder. Elle était stupéfaite qu'il lui fasse suffisamment confiance pour corriger les copies d'une année aussi élevée. Par cet acte, il confirmait qu'il la considérait comme son égal et non plus comme une élève.