ON VA AVOIR UN BÉBÉ

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Le test s'est avéré positif. Je reste figée devant le résultat, une vague de panique m'envahissant. Mes mains tremblent, mon souffle se fait court, et mon esprit est en proie à une multitude de pensées tourbillonnantes.

Je me sens soudainement étouffée dans cette petite salle de bain, comme si les murs se refermaient sur moi. La perspective d'une grossesse, d'une nouvelle vie qui s'apprête à naître, est à la fois excitante et terrifiante. Je réalise que tout va changer, que notre vie à Antoine et à moi ne sera plus jamais la même.

Derrière la porte, j'entends Antoine qui s'impatiente. Son souffle se fait entendre, son rythme cardiaque s'accélère, tout comme le mien. Je dois lui dire, mais je redoute sa réaction, sa manière de recevoir cette nouvelle. Pourtant, je sais que je ne peux pas lui cacher ça.

Je rassemble mon courage, prends une profonde inspiration, puis ouvre lentement la porte. Antoine me regarde, un mélange d'impatience et d'inquiétude dans son regard. Sans un mot, je lui tends le test, mes doigts tremblants serrant l'objet comme s'il s'agissait de ma bouée de sauvetage.

Son expression passe par toute une gamme d'émotions en quelques secondes à peine. D'abord la confusion, puis l'incrédulité, suivies d'une lueur d'excitation qui illumine son visage. Ses yeux s'écarquillent légèrement, ses lèvres s'étirent dans un sourire incrédule.

« C'est... c'est positif ? » demande-t-il, sa voix légèrement tremblante.

Je hoche la tête, incapable de trouver les mots. Les larmes me montent aux yeux, mêlant la peur à une vague de soulagement. Antoine reste un instant figé, puis ses yeux s'illuminent d'une joie intense. Il me prend dans ses bras avec une force réconfortante, sa présence me rassurant plus que jamais.

« On va avoir un bébé ! » s'exclame-t-il, sa voix empreinte d'une fébrilité contagieuse. Il me fait tourner dans la pièce, sautiller de joie, comme s'il était sur un nuage.

Mais moi, je suis loin de partager son enthousiasme. Je me détache doucement de lui, essayant de rassembler mes pensées. « Antoine, attends... Je... Je ne suis pas prête pour ça. »

Son sourire s'efface légèrement, l'inquiétude remplaçant l'excitation dans ses yeux. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« C'est trop tôt, » dis-je, ma voix tremblante. « On n'est pas du tout prêts pour ça. On a à peine commencé à vivre ensemble, et maintenant... un bébé ? »

Antoine me regarde, tentant de comprendre l'ampleur de ma panique. « Hé, calme-toi, » dit-il doucement, prenant mes mains dans les siennes. « Écoute, si vraiment tu ne veux pas de ce gosse, t'es libre de prendre la décision qui te semble la meilleure. J'te forcerai jamais à le garder. Mais si tu veux le garder, je serai là pour toi. Je serai le mec le plus content du monde. »

Sa sincérité et son soutien commencent à apaiser un peu ma panique. « On va traverser ça ensemble, quoi qu'il arrive, » dit-il en me regardant dans les yeux. « T'es pas seule dans cette épreuve. »

Je respire profondément, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. « Merci, Antoine. Je... je ne sais toujours pas ce que je veux faire, mais savoir que tu es là pour moi, ça compte énormément. »

« Toujours, » murmure-t-il en me serrant plus fort, déposant un baiser sur mon front. « On a le temps de réfléchir et de prendre la meilleure décision pour nous deux. »

Je le remercie d'être là, mes mots étouffés par l'émotion, et me fonds dans ses bras, m'accrochant à lui comme à un rocher en pleine tempête. Antoine me serre fort, me réconfortant avec sa chaleur et sa présence rassurante.

« Tu m'fais un chocolat ? » lui dis-je, ma tête enfouie contre son torse, ma voix encore tremblante.

Il rit doucement, une main caressant mes cheveux. « Tu perds pas le nord, toi. » dit-il en s'éloignant légèrement pour pouvoir me regarder dans les yeux.

Un sourire timide se dessine sur mes lèvres. Antoine se lève et se dirige vers la cuisine. Pendant qu'il prépare les chocolats chauds, je m'installe sur le canapé, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. L'idée d'être enceinte flotte encore dans l'air, mais pour le moment, nous avons besoin d'une pause, d'un moment de normalité.

Il revient avec deux grandes tasses fumantes, en tendant une vers moi avec un sourire tendre. « Voilà, mademoiselle. »

Je prends la tasse, le remercie d'un regard reconnaissant, puis souffle sur le liquide chaud avant de prendre une gorgée. La chaleur du chocolat me réconforte un peu plus, et je sens une partie de la tension se dissiper.

Nous nous asseyons côte à côte sur le canapé, silencieux pendant un moment, savourant simplement la présence de l'autre. Antoine commence à parler de tout et de rien, des sujets légers pour nous détourner de nos préoccupations. Il mentionne un film qu'il veut voir, les plans pour le week-end prochain, et une blague qu'il a entendue au travail.

Je ris doucement à ses anecdotes, me laissant peu à peu emporter par la banalité de la conversation.

« Ça te manque pas de plus faire partie de la BAC ? » lui demandai-je en le regardant, ma tasse de chocolat chaud entre les mains.

Il soupire en souriant, un brin de nostalgie dans les yeux. « Si, de fou. J'peux te dire que donner à graille à des prisonniers, c'est beaucoup moins kiffant. » dit-il en riant doucement.

« J'imagine, » répondis-je en me calant un peu plus contre lui, appréciant la chaleur de son bras autour de mes épaules. «Avant tu vivais à deux cent à l'heure, »

« Ouais, affond. C'était tarpin bien en vrai, on faisait jamais la même chose, » Il prend une gorgée de son chocolat avant de continuer. « Mais bon, y'avais des risques aussi, et maintenant avec toi et... » Il hésite, cherchant ses mots, «... peut-être un bébé en route, c'est peut-être pas plus mal d'avoir un boulot plus calme. »

Je souris, touchée par ses mots. « C'est vrai. J'aurais pas kiffer que tu te fasses buter.»

CHEMIN VERS LA RÉSILIENCE // BAC NORDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant