• chapitre 35

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Dans la voiture, Jisung gardait les yeux rivés sur les bâtiments qui défilaient. Un silence oppressant régnait dans le véhicule, et il avait presque hâte d'arriver chez ses parents. D'habitude, il appréhendait de se rendre chez eux, même s'il les adorait. Parce qu'il aimait son confort, son petit studio et sa routine. Là, il commençait à vraiment se sentir tendu chez sa demi-sœur, et ce pour tout un tas de raisons. Au départ, c'était à cause de Minho et de son attirance pour lui. Et maintenant…

Il soupira et bascula la tête en arrière. En fait, c'était toujours pour la même raison, mais la situation était tout de même différente. Leur relation avait évolué, ils s'étaient rapprochés jusqu'à commettre l'irréparable, et c'était plutôt la présence de Dayoung qui le rendait nerveux. Mais peut-être aussi le comportement de nouveau distant de l'homme depuis hier. Comment revenir vers lui alors qu'il s'était renfermé sur lui-même ? Comment espérer que quelque chose se produise à nouveau entre eux alors que Minho se comportait de cette manière avec lui ? Il lui avait assez couru après, c'était à son beau-frère de faire un pas si ce dernier voulait qu'ils repartagent des moments d'intimité.

Après un trajet sous une pluie battante, ils arrivèrent dans le quartier résidentiel où la famille Han habitait. Le portail était ouvert et Minho s'engouffra dans la petite allée qui menait à la maison. Il se stoppa devant la grande porte de garage et coupa le moteur. Dayoung lui tapota la cuisse mais, sans un mot, il quitta le véhicule pour en claquer la portière d'un geste brusque qui les fit sursauter. La jeune femme lâcha un lourd soupir et attrapa son sac à main pour à son tour sortir de la voiture, suivie par son demi-frère.

Ce fut Dayoung qui sonna et ils furent rapidement accueillis par madame Han qui leur offrit un large sourire. Elle les invita à venir se mettre à l'abri du vent qui ne cessait de souffler, puis s'empressa d'offrir une étreinte à la jeune femme. Elle salua Minho d'une petite courbette, puis se tourna vers Jisung. Dans les yeux de sa mère, il décela une étincelle de soulagement mêlé d'un bonheur immense.

— Viens-là mon grand.

Elle l'enlaça et il répondit à son geste de la même manière. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit totalement détendu, enclin à accepter cet élan d'affection. Il en avait besoin. Mais quand son père arriva pour les saluer à son tour, il dut se résoudre à écourter cet instant qui lui faisait tant de bien.

Après s'être déchaussés, ils rejoignirent la grande salle à manger où la table était dressée comme s'il s'agissait d'un restaurant étoilé. Madame Han mettait un point d'honneur à ce que tout soit toujours parfait lorsqu'elle recevait des invités. Jisung sourit, il la reconnaissait bien là.

Une délicieuse odeur flottait dans l'air, celle d'un ragoût de bœuf qu'il appréciait tout particulièrement et qu'il avait eu l'habitude de manger tous les week-ends quand il vivait encore chez ses parents. Même s'il aimait sa vie hors du domicile familial, ce soir il se sentait nostalgique de l'époque où il habitait encore là. Sa mère s'occupait bien de lui, elle était aux petits soins et il n'avait jamais manqué de rien. Peut-être était-ce le fait de vivre chez Dayoung et Minho qui lui permettait enfin de se rendre compte que le quotidien chez ses parents avait été serein. Outre l'argent, il avait quand même reçu de l'amour et de l'attention. Il avait grandi dans un foyer aimant, bien que la réussite et les bonnes manières furent des valeurs importantes qui lui avaient été inculquées. En fait, il ne voyait pas d'amour dans le foyer de sa demi-sœur. Tout était froid, austère. Les repas étaient livrés pour la plupart. Les soirées étaient silencieuses. Personne ne se souciait réellement de personne. Tout sonnait faux.

Tout était faux.

Et ça, Jisung avait de plus en plus de mal à le supporter. Ils y étaient habitués, ils fonctionnaient par automatisme. Minho subissait cette situation autant que Dayoung. Pourquoi s'infligeaient-ils une telle souffrance ? Un mariage inutile, qui ne leur apportait rien, à part peut-être une manière de cacher les apparences. Ça, Jisung savait désormais que c'était le cas de son beau-frère. Il cachait son homosexualité, ça ne faisait aucun doute. Pour Dayoung, il ne comprenait pas vraiment ce qui l'avait poussée à épouser un homme aussi froid — bien que terriblement charismatique. Une femme accomplie comme elle, avec une si belle carrière, n'avait nullement besoin de s'enticher de quelqu'un.

ENTRE SES MAINS ➹ minsungOnde histórias criam vida. Descubra agora