• chapitre 38

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Minho avait appelé un taxi pour retourner, il n'était pas en état de reprendre le volant après cette soirée arrosée. Il avait encore les idées claires, mais il ne voulait prendre aucun risque. À l'arrière du véhicule, Jisung s'était calé contre lui, la tête sur son épaule, et il s'était assoupi un instant juste avant qu'ils n'arrivent à proximité de la résidence. La course payée, ils descendirent de la voiture et ce fut légèrement chancelant que le jeune homme avança dans le grand hall d'entrée, soutenu par le bras de Minho autour de sa taille.

— Allez, on y est presque.

Les encouragements de son amant résonnaient dans son esprit, mais il peinait à garder les yeux ouverts. Il avait enchaîné les verres de soju pendant les différentes parties de billard et il avait l'impression d'être à la fois lourd comme du plomb et léger comme une plume. C'était une sensation étrange et qui ne lui plaisait pas vraiment. Il n'avait pas l'habitude de boire autant, et le soju était un peu traître. Il s'appuya dos à une paroi de l'ascenseur, les yeux fermés et la tête basculée en arrière.

— Je t'avais dit d'arrêter de boire.

Jisung soupira.

— Ça va, j'ai juste la tête qui tourne.

— Tu ne connais pas encore tes limites.

Cette fois, le jeune homme ouvrit les yeux pour les planter dans ceux de son vis-à-vis. Minho l'observait avec sérieux, les sourcils froncés et la mâchoire crispée.

— Je n'ai aucune limite, balança-t-il d'un ton provocateur.

— Que tu crois. Ne fanfaronne pas trop quand même, tu as encore beaucoup de choses à apprendre.

La tournure que prenait cette conversation était pour le moins étrange. Chacun semblait avoir des choses à dire sans oser les dire. Minho était plutôt franc, cruellement honnête parfois, mais il adorait aussi les sous-entendus. Leurs regards se croisèrent, empreints de désir et de défiance, alors que l'ascenseur montait lentement le dernier étage. Jisung pouvait presque sentir la chaleur du corps de son amant à travers le tissu de ses vêtements, et il lutta contre l'envie irrésistible de se presser contre lui. Mais il était vexé qu'il le considère encore comme un gamin inexpérimenté. Il n'avait peut-être pas le même âge et le même vécu que Minho, mais il n'était pas ignare non plus. Il avait bu, sans doute un peu plus qu'il n'aurait dû, mais ce n'était pas si grave. Il pouvait encore marcher à peu près droit et restait lucide, ce n'était pas comme s'il allait faire un coma éthylique.

— Tu comptes m'apprendre la vie ?

Minho le fusilla des yeux et Jisung esquissa un léger rictus, satisfait de constater que sa manière de lui parler le déstabilisait. Il adorait voir la petite étincelle de confusion se déclarer dans son regard, parce que cela le rendait plus humain. Petit à petit, il découvrait son beau-frère moins inébranlable, et c'était agréable. C'était même rassurant. Jisung ne le pensait plus sans cœur ou sans émotion, il discernait dans les fêlures de son bouclier un homme sensible, un être humain avec ses peurs, ses démons, ses faiblesses.

— Tu apprendras tout seul ce qu'est véritablement la vie, tu n'as pas besoin de moi.

Jisung pouffa de rire, énième provocation.

— Tu ne le penses pas. Tu veux me prouver que tu as raison, que tu sais ce qu'il y a de mieux pour moi tout ça parce que tu es plus vieux, alors soi-disant plus expérimenté.

— Je le suis. Mais toi aussi tu feras tes propres expériences.

Minho haussa un sourcil et l'ascenseur s'arrêta. Les portes s'ouvrirent enfin, les ramenant à la réalité. Ils avancèrent silencieusement pour rejoindre le grand hall de l'appartement, leurs épaules se frôlaient à peine, mais l'électricité entre eux était palpable. Jisung soupira et retira ses chaussures sans même se baisser, les faisant valser un peu plus loin. Il se débarrassa de sa veste qu'il abandonna sur le petit banc en velours et traîna les pieds jusqu'à la pièce de vie. Minho le suivit et l'intercepta avant qu'il ne pénètre dans la cuisine.

ENTRE SES MAINS ➹ minsungWhere stories live. Discover now