Chapitre 61.2

110 22 16
                                    

Mon cœur battait à mille à l'heure lorsque je refermai la porte derrière moi. Diez leva son stylo de la tablette et fit rouler son tabouret jusqu'à la chaîne hi-fi pour baisser le volume de la musique. Je savais que ce moment arriverait, mais pas aussi vite. Je n'étais pas préparée émotionnellement à cette confrontation.

D'un geste de la main, il m'invita à m'asseoir. Je croisai les bras et m'approchai de lui.

— Je préfère rester debout ! déclarai-je d'une voix glaciale.

Sans se départir de son tempérament ombrageux, il m'observa un instant sûrement dans le but de me déstabiliser. Je détournai les yeux sachant que son regard avait sur moi un immense pouvoir de persuasion. Encore trop fragile, je ne voulais pas rester prisonnière de ses prunelles noires et magnétiques.

— Je n'ai pas arrêté de t'appeler, dit-il au bout d'un moment.

— J'ai eu tes messages ! Ma réponse est « je suis incapable de te pardonner ».

Diez poussa un profond soupir, se gratta la nuque et se releva brusquement de son tabouret. Je me raidis puis reculai d'un pas. Il était hors de question que je le laisse s'approcher de moi.

— J'ai merdé, je sais. Je suis désolé. Tu ne méritais pas ça. Rien n'a plus compté que toi ces derniers mois. Plus les jours passaient, plus c'était compliqué pour moi de te dire la vérité.

Refusant toujours de le regarder, il s'approcha de moi. Ma gorge se noua. Malgré la promesse que je m'étais faite, je sentis mes larmes monter. Je répondis d'une voix vibrante d'émotions :

— Ça ne sert plus à rien, Diez. Tout est terminé !

Je tournai enfin la tête vers lui. Il paraissait à ce moment si impuissant. Jamais je ne l'avais vu comme ça. Regarde, oui, regarde où cette histoire nous a menés, pensai-je. Il me semblait qu'un barrage cédait soudain en moi. N'y tenant plus, je dirigeai toute ma colère contre lui :

— Être avec toi, c'est comme être au bord d'une falaise. Nous n'avons jamais réussi à avancer. J'étais constamment dans le doute. Je ne peux plus t'attendre ! Attendre que tu sois prêt, attendre que tu m'ouvres ton cœur. Tu avais besoin de temps et je te l'ai donné, mais à quoi ça a servi ? Tu t'es foutu de moi ! Je t'ai tout donné, Diez, mais rien n'a pu compenser le mal-être dans lequel tu es plongé depuis si longtemps.

Mes paroles amères le laissèrent un instant sans voix. Là encore, il était incapable de me dire ce que j'avais besoin d'entendre. Il se contenta de me fixer comme si j'étais différente. Je levai les bras au ciel et ajoutai :

— Marre de faire du surplace !

Diez se pinça les lèvres. Je le sentais lutter contre une force invisible.

— Les mots sont difficiles pour moi à sortir, grinça-t-il.

— Au point où l'on en est, je m'en fiche ! Je n'ai...

— Je n'ai jamais vu de futur avec toi, m'interrompit-il d'un ton calme et résigné. Notre relation était vouée à l'échec depuis le début ! Je la ferme, parce que je sais que j'ai tout fait foirer. C'est moi le connard dans l'histoire, mais pourquoi tu en rajoutes ? Pourquoi ne veux-tu pas tout recommencé à zéro, avec moi ? Que veux-tu, Baby Doll ? Que dois-je faire pour que tu acceptes au moins mes excuses ?

Il se tut. L'atmosphère avait changé, lourde comme une chape de plomb. J'essuyai mes larmes qui roulaient sur mes joues.

— Je t'ai déjà trop attendu ! Tu regrettes, c'est bien. C'est un début, mais quand je te regarde, je te vois avec elle, ma meilleure amie !

— J'ai changé depuis et tu le sais ! Ne pense pas que je ne me mets pas à ta place.

— Toi et moi, c'est impossible ! Tu m'as mise dans une situation invraisemblable. Je te mentirais si je te disais que je pourrais tout oublier et ne plus y penser. Je ne peux pas faire semblant.

Mes paroles parurent le frapper en plein cœur. Je le fixai, les yeux brouillés de larmes. Il passa nerveusement une main sur sa nuque et leva son visage en direction du plafond comme pour réfléchir un instant. L'instant d'après, il revint plonger son regard pénétrant dans le mien. C'était une torture.

— Tout ce que je t'ai dit, ce n'était pas que des mots. C'était sincère. Tout était sincère.

Sa voix était basse. Incapable de soutenir plus longtemps son regard, je fermai les yeux. C'est alors que sans prévenir, ses bras m'enlacèrent. Son visage s'engouffra dans mon cou puis ses lèvres remontèrent fiévreusement sur les miennes. Je le désirai toujours. Je l'aimais toujours.

— Non, Diez !

Je m'arrachai à son étreinte en l'interrogeant du regard. Sa mâchoire se contracta. Vexé d'être repoussé, il jeta un coup d'œil à l'horloge et déclara d'une voix dure :

— Retrouve ton poste ! Les clients vont arriver.

Je hochai la tête. Bien que mes jambes eurent du mal à m'obéir, je réussis à faire demi-tour.

En sortant de la pièce,je réalisais que tout était terminé entre Diez et moi. Nous étions arrivés aupoint de non-retour. Je lui avais dit tout ce que j'avais sur le cœur pourtant,il était toujours aussi lourd. Son armure s'était fissurée, oui, mais troptard. Bien trop tard.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Jun 18 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Baby Doll (French version)Where stories live. Discover now