Chapitre 10 : Ange Gardien

430 33 12
                                    

Gabriel ouvrit difficilement les yeux, sentant la douleur irradier chaque parcelle de son corps. L'obscurité autour de lui était lourde, presque palpable, et le froid du bitume sous lui semblait s'infiltrer jusqu'à ses os. La pluie continuait de tomber, ses gouttes glacées se mêlant au sang qui perlait sur son visage. Il tenta de bouger, mais une vague de douleur lui coupa le souffle, le clouant au sol.

Alors qu'il luttait pour reprendre ses esprits, il entendit des pas précipités, écrasant les flaques d'eau dans un rythme affolé. À travers le rideau de pluie, une silhouette familière se dessina, s'approchant rapidement. Jordan, les poings ensanglantés, courait vers lui, le visage déformé par l'inquiétude. Son cœur, que Gabriel croyait avoir brisé, battait pourtant toujours pour lui, et il était là, en cet instant, prêt à affronter n'importe quel danger.

— Gabriel !  cria Jordan en s'agenouillant à côté de lui, les yeux écarquillés par la panique.

Ses mains tremblantes se posèrent sur le visage de Gabriel, effleurant les coupures avec une douceur qu'il n'aurait jamais soupçonnée.

— Mon Dieu, qu'est-ce qu'il t'a fait...

Jordan essaya de maîtriser sa respiration, mais l'urgence de la situation le submergeait. Il regarda autour de lui, cherchant une solution, quelque chose à faire, mais tout ce qu'il voyait était Gabriel, allongé, brisé, sous cette pluie battante.

Gabriel, malgré la douleur qui déchirait son corps, leva une main faible pour toucher celle de Jordan. Il sentait la chaleur de son sang mêlée à celle de l'eau glacée, une sensation étrange, presque irréelle.

— Jordan...  murmura-t-il, sa voix à peine audible, étouffée par l'effort. Je suis désolé...

Jordan secoua la tête, ses yeux s'emplissant de larmes, mélangées à la pluie qui coulait sur son visage.

— Chut, ne parle pas. On va te sortir de là, d'accord ?

Il jeta un regard rapide à ses poings ensanglantés, preuve de la colère qui l'avait poussé à frapper jusqu'à ce que ses mains en souffrent, mais cela n'avait rien changé. Gabriel était toujours là, à moitié conscient, au bord de l'abîme.

Avec toute la force et la détermination qui lui restaient, Jordan glissa un bras sous les épaules de Gabriel et l'autre sous ses genoux et il tenta de le relever. Leurs souffles se mêlèrent, leurs peines partagées dans ce moment de pure désolation.

— Je t'ai trouvé...  murmura Jordan, la voix brisée.  Et je ne te laisserai pas tomber. Pas encore.

Gabriel, sentant la force de Jordan l'entourer, se raccrocha à cette promesse. Peut-être, juste peut-être, ils avaient encore une chance. Mais pour l'instant, il s'abandonna à la sécurité des bras de Jordan, espérant que, contre toute attente, ce dernier pourrait le sauver une fois de plus.

La pluie continuait de marteler le sol, les gouttes s'écrasant contre le bitume avec une intensité presque hypnotique. Jordan, les bras enroulés autour de Gabriel, sentait son cœur battre furieusement dans sa poitrine. Chaque respiration de Gabriel, laborieuse et saccadée, résonnait dans ses oreilles comme un rappel cruel de la gravité de la situation.

Les poings de Jordan étaient ensanglantés, chaque pulsation envoyant une vague de douleur à travers ses bras, mais il ne s'en souciait pas. Tout ce qui importait, c'était Gabriel, étendu là, vulnérable, sous la pluie battante. Le corps de Gabriel semblait peser une tonne, mais Jordan rassembla toutes ses forces pour le soulever, le soutenant de tout son poids.

Politique Opposé ( Tome I )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant